Le Figaro Magazine : Profs d’histoire-géo, une cible dans le dos

Ce n’est pas la première fois que cette publication se livre à l’affichage de « unes » racoleuses. Le mélange des genres à propos de l’école et de ses supposées dérives où des faits marginaux sont présentés comme des généralités, sape le travail quotidien de nos collègues.

On apprend au passage que l’antiracisme serait devenu une idéologie d’endoctrinement. Le tout associé à l’idéologie LGBT + et au décolonialisme, le tout préparé « de longue main » avec une « dérive bien organisée ». Cela fleure bon la théorie du complot.

Le 9 novembre dernier, nous avions déjà abordé, avec un angle différent, ce qui sape les fondements de l’école de la république.  Nous pouvons y rajouter aujourd’hui ce type de course à l’échalote derrière les éructations d’un candidat présumé. Est-ce son électorat potentiel que le Figaro magazine entend ainsi flatter ?

Les « unes » racoleuses

On pourrait remonter à cette une de 1985 qui posait la question : « serons-nous encore français dans 30 ans ? » La question semble avoir trouvé, 30 ans plus tard, sa réponse. Malgré les coups qui lui sont portés, un des piliers de notre pays, l’école, tient toujours debout. Et cela malgré les remises en cause permanentes, dont les principaux acteurs, les enseignants, sont victimes. Cela se fait par les efforts et le dévouement de tous et de chacun, par le travail continu des équipes, malgré des conditions souvent difficiles. À croire que les auteurs de cette enquête à charge se sont contentés de colporter des ragots.

Mais au-delà de cette dénonciation « systémique » des enseignants accusés de colporter une « idéologie », c’est une étrange conception de l’enseignement moral et civique que les « journalistes » semblent développer à l’envi.

Dénonciation systémique

La confusion entretenue entre certaines dérives marginales, parfaitement détestables par ailleurs, et le contenu effectif des enseignements, sur la base des instructions officielles, relève bel et bien de la manipulation.

L’antiracisme serait devenu une forme d’endoctrinement. C’est bien cela qui est affiché à la une. Rappelons toutefois que la lutte contre le racisme est inscrite dans la loi. Celle du 1er juillet 1972, et que l’on ne parlait pas à l’époque de décolonialisme ou de racisés. Le rejet des discriminations, serait ainsi considéré comme une atteinte à l’unité nationale, ou du moins à la conception que d’aucuns peuvent en avoir.

Convergence de fait

On trouve une étonnante convergence avec certains communautarismes qui voudraient pouvoir peser sur les contenus des enseignements. Bien entendu, on trouvera aussi une dénonciation des syndicats en général, de l’islam politique, comme si les professeurs en étaient les agents, bref la bonne vieille démarche de l’amalgame qui entretient la défiance à l’égard de l’école publique.

Les conséquences de ces attitudes ne sont pas anodines. On a pu voir quelles pouvaient être les conséquences de campagnes de dénonciation systématiquement organisées sur un ou des esprits fragiles, agités par certaines idéologies. Cela est d’autant plus grave dans une période où les idées de rejet de l’autre peuvent trouver un écho très largement amplifié par la campagne électorale qui s’ouvre et par les relais complaisants de certains médias en quête d’audience.

Faudra-t-il qu’un nouveau professeur soit victime de l’hystérisation du débat public pour que l’on comprenne une fois pour toutes que l’organisation de cette défiance à l’égard de l’école ne peut rester sans conséquences ?

Figaro
L’« enquête » du Figaro magazine semble ignorer la réalité du terrain en faisant d’exemple limités une généralité.