Dans sa dernière Note d’information, la DEPP (Division de l’Évaluation, de la Prospective et de la Performance) du Ministère de l’Éducation nationale commente les résultats des élèves français de CM1 aux tests PIRLS effectués en 2021. Si les résultats sont meilleurs qu’en 2016, ils restent inférieurs aux attentes d’une puissance comme la nôtre.

Que sont les tests PIRLS ?

Dans le maquis des évaluations internationales, les tests PIRLS sont organisés depuis 2001 par une association internationale, l‘IEA, pour International Association for the Evaluation of Educational Achievement. La structure rassemble des institutions de recherche, des universitaires et des analystes qui s’efforcent, tous les cinq ans, d’évaluer les systèmes éducatifs d’une centaine de pays sur la compréhension de l’écrit.  

Notons que l’IEA organise également les évaluations TIMSS pour les mathématiques et les sciences, évaluations où la France n’avait guère brillées au dernier classement 2019. À notre niveau, nous attendons les résultats des tests ICCS sur l’éducation civique, auxquels la France a participé pour la première fois en 2022, ainsi que ceux de l’ICILS sur les compétences en informatique.

Des résultats français mitigés

Deux informations essentielles structurent la note.

Des performances meilleures qu’en 2016

D’abord, comparativement à ses voisins européens, la France connaît l’évolution la plus favorable depuis 2016. C’est  une bonne nouvelle, a priori liée à l’ouverture des écoles pendant le Covid. L’ancien ministre Jean-Michel Blanquer a d’ailleurs immédiatement salué le résultat. Toutefois, il faut se garder de tout triomphalisme. De l’aveu même de la DEPP, qui dépend du Ministère de l’Éducation nationale rappelons-le, la différence n’est pas significative et, dans sa conclusion, il est fait mention d’une « stabilisation » des résultats. En clair, autant le dévissage de nos voisins relève de l’anomalie, anomalie liée au Covid et donc temporaire, on peut le supposer, autant notre performance reste relative.

Un classement toujours médiocre

Si l’on prend les 17 pays européens retenus par la DEPP dans sa comparaison, les résultats français sont toujours insuffisants. Avec un score fixé à 514, la France est toujours en-dessous de la moyenne européenne (529). Certes l’écart, de 15 points, est moins grand qu’en 2016 (28 points), mais si « inversion de la courbe » il y a, il faudra attendre le prochain test dans cinq ans pour le confirmer.

Cette embellie des résultats est portée par les filles.

Quel usage pour le professeur d’Histoire-Géographie ?

On pourrait considérer que cette étude, sur le premier degré et sur l’enseignement de la langue français, ne nous concerne pas réellement. Ce serait une erreur. Nous savons tous combien la maîtrise de la langue est déterminante dans la réussite de nos élèves en Histoire-Géographie : nos cours comportent des écrits souvent plus volumineux qu’ailleurs et l’analyse des documents occupe une place centrale dans nos disciplines.

Le tableau le plus utile pour nous figure en dernière page. Il interroge les pratiques de nos collègues du premier degré quant à la façon dont ils exploitent les documents avec leurs élèves.

Il en ressort que, par rapport à la moyenne de l’Union européenne, la France accorde une large place au prélèvement d’information et à l’identification des idées principales du texte. C’est bien mais ce n’est pas suffisant. Quantité d’autres compétences sont insuffisamment travaillées. D’une certaine façon, d’après nos observations, c’est exactement la même chose au collège. Il suffit de se reporter au grand exercice d’analyse de documents du diplôme national du Brevet où très rares sont les questions qui dépassent le stade du repérage simple, assorties d’un barème généreux. Nous avons donc plus qu’intérêt à ce que les enseignants du primaire travaillent bien les autres aptitudes consignées dans le tableau, tout en renforçant nous-mêmes ces dimensions au collège. Il en va de la réussite des élèves sur le long terme.

D’après ce tableau, voici les cinq dimensions, valables pour nos disciplines, à renforcer :

  • Expliquer ou argumenter pour montrer ce qu’ils ont compris du texte,
  • Généraliser ou élaborer des inférences à partir du texte,
  • Prévoir ce qui va se passer dans la suite du texte,
  • Déterminer la perspective ou les intentions de l’auteur,
  • Comparer le texte à des lectures antérieures.