Institut du monde arabe – Journées de l’histoire 

Partenaires des rendez-vous de l’histoire, comme membres du conseil scientifique, de l’institut du monde arabe, pour le conseil pédagogique, les Clionautes soutiennent cette initiative majeure de formation en direction des personnels enseignants.

Programme du 1er décembre

Voyageurs musulmans du Moyen-Âge

11h – 12h30, Atelier (Niveau : – 1)

L’Islam médiéval est un monde sillonné de flux, de déplacements, de voyages. Ses élites se distinguent en effet par une importante propension à la mobilité, justifiée par diverses objectifs (politiques, diplomatiques, économiques, culturels, religieux, etc.). Situé à la marge du monde islamique, l’Occident musulman, c’est-à-dire le Maghreb et l’Andalus, a peut-être fourni plus de voyageurs que d’autres régions – le développement d’une véritable « culture du voyage » y est attesté relativement tôt, et elle ne s’est jamais démentie jusqu’à l’époque moderne, voire coloniale.

Maqâmât al-Harîrî Schefer, 1237, BNF

Les savants (oulémas) de la région notamment s’adonnaient avec assiduité à la pratique du pèlerinage à La Mecque (ḥağğ), qui est l’un des devoirs du croyant. Ils le couplaient souvent à la recherche d’un savoir inaccessible en Occident, à l’occasion d’une riḥla fī ṭalab al-ʽilm (« voyage en quête de savoir »), qui leur permettait de rencontrer les maîtres les plus réputés, mais aussi éventuellement de mener des activités commerciales. Par ces déplacements, les oulémas construisirent donc un monde multipolaire, dynamique, connecté – ils tissaient en effet des relations multiples, qui s’étendaient à l’échelle de l’Islam, mais aussi de la Méditerranée, incorporant parfois des échanges et rencontres avec le monde chrétien.

Intervenant : Aurélien Montel Professeur agrégé d’histoire-géographie, Docteur en histoire de l’Islam médiéval et chercheur associé au CIHAM-UMR 5648.

Modération : Dominique Valérian, Professeur d’histoire médiévale, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne

 


Approche historique des processus de sécularisation dans les sociétés musulmanes : l’exemple du dévoilement/voilement des femmes (fin XIXe-XXIe siècles).

14h – 15h30, Atelier (Niveau : – 1)

Les questionnements autour de la place de la religion dans les sociétés, tout comme ceux des rapports entre religion et Etat, sont anciens dans le monde musulman. Pour la période contemporaine, les termes du débat sont renouvelés au XIXe siècle notamment dans l’Empire ottoman, l’Egypte ou encore la Tunisie. Il faut savoir qu’il s’agit de problématiques internes aux sociétés musulmanes et non importées.

Toutefois, la nouveauté, au XIXe siècle, réside dans le contexte dans lequel ces questions émergent. En effet, si la réflexion sur ces sujets a toujours existé, les contacts avec l’Europe, puis la domination impérialiste, peuvent expliquer certaines de ses orientations. Un nouveau tournant est décelable, dans les années 1970, qui se confirme avec l’avènement de la Révolution islamique d’Iran.

Le fil conducteur de l’atelier est celui des processus de sécularisation en cours dans ces sociétés et ses manifestations du XIXe siècle à nos jours au sein de pays à majorité musulmane à partir d’une entrée par le voilement. Alors que depuis quelques décennies les questions relatives à l’islam sont devenues de véritables enjeux dans notre société, il revient à l’historien d’inscrire ces débats dans le temps long, mais aussi de les appréhender à une échelle qui dépasse le strict cadre hexagonal.

L’atelier s’organisera en deux temps :

  • Un exposé sur les principales thématiques soulevées par ces débats et leur réception dans certaines sociétés musulmanes ; les grandes réformes entreprises dans les différents Etats ; les recompositions autour du dévoilement/voilement des femmes sur plus d’un siècle.
  • La mise en relation avec les programmes de l’EMC et les programmes d’histoire contemporaine. Les programmes de troisième, mais surtout de terminale, abordent la question de l’islamisme. Par ailleurs, dans le cadre du parcours citoyen de la sixième à la terminale, l’EMC permet d’éclairer des problématiques spécifiques aux enjeux posés par la place des religions, et en particulier de l’islam en France, entre autres autour de l’égalité de genre, de la place et de l’engagement pour les libertés des femmes dans nos sociétés, de la place de l’islam dans un cadre laïc français, etc. Cependant, le programme de spécialité en histoire-géographie géopolitique, de première générale, a pour objectif de permettre aux élèves d’analyser les faits religieux dans leurs rapports avec le pouvoir. C’est pourquoi, afin d’être en résonnance avec la conférence générale, une proposition de séquence pédagogique sera présentée à partir de cette entrée.

Intervenantes : Oissila Saaidia, professeure des Universités en Histoire contemporaine (Lyon 2) et ancienne directrice de l’IRMC (CNRS, Tunis) entre 2017 et 2021 et Nathalie Brette, professeure agrégée d’histoire et de géographie, Académie de Lyon.

Modération : Cécile Dunouhaud, Docteur en histoire et membre du Comité éditorial des Clionautes


Le voyage à Alger au XIXe siècle

16h – 17h30, Atelier (Niveau : – 1)

Le boulevard de l’Impératrice et ses arcades, donnant sur le port d’Alger
(Source : Louis Piesse, Guide-Joanne Alger et ses environs, Paris, Hachette, 1897)

L’étude d’Alger dans une perspective diachronique, sur le long XIXe siècle, peut s’inscrire dans le cadre de plusieurs programmes de lycée, notamment en Première générale. Médina arabe sous domination d’une régence ottomane avant 1830, Alger se mue rapidement en métropole moderne dès les premières années de la conquête. Fondamentales dans l’exercice de la domination coloniale, les villes sont des vitrines de la puissance coloniale, des laboratoires législatifs, des centres économiques mais également des espaces de migrations, de contrôle social et d’expériences sociales multiples.

Avec les élèves, dans une démarche d’histoire sociale et culturelle, nous pouvons nous intéresser à des pratiques et à des représentations normées d’acteurs précis : les voyageurs français à Alger. Des sources comme les guides touristiques cristallisent les perceptions métropolitaines et renseignent sur la manière dont les contemporains vivaient et imaginaient Alger. Des œuvres orientalistes comme celles du compositeur Camille Saint-Saëns, des peintres Eugène Delacroix, Gustave Guillaumet ou des écrivains Guy de Maupassant et Théophile Gautier peuvent également enrichir une réflexion sur le voyage à Alger.

Intervenante : Sihem Bella, Professeure agrégée d’histoire au lycée Jean-Moulin à Roubaix (Académie de Lille) Doctorante en histoire contemporaine (IRHiS, Université de Lille)

 

 


Journées de l’histoire de l’Institut du Monde Arabe

Programme du 8 décembre

Le Proche et le Moyen Orient de la fin de la Grande Guerre à nos jours 

11h – 12h30, Atelier (Niveau : – 1)

La ligne directrice du questionnement :
– les causes spécifiques d’une géographie politique complexe ;
– les enjeux locaux qui s’y ajoutent ;
– les facteurs géopolitiques qui constituent un contexte de tensions permanentes :

–              militaires ;
–              maritimes ;
–              énergétiques.

A replacer dans le cadre plus général des relations internationales et des rapports de forces :
– Grande Guerre et Seconde guerre mondiale/colonisation/décolonisation ;
– Guerre froide/nouvel ordre mondial des années 1990 ;
– le basculement des intérêts de puissance (fin XXème/début XXIème siècle).

Le Proche et le Moyen Orient : un « centre de gravité » des conflits, tensions, intérêts de puissance

Intervenant : Jean-Marc Fevret, Agrégé et docteur en histoire contemporaine, co-auteur de « Des liens et des lieux : Mémoires libano-françaises », chercheur rattaché au Laboratoire ACP (Analyse Comparée des Pouvoirs) (Université Gustave Eiffel) et Mathieu Providence, Professeur agrégé d’histoire-géographie, chargé de mission de formation.


« Jihad », « Paix au Moyen-Orient », comment parler des thèmes difficiles ?

14h – 15h30, Atelier (Niveau : – 1)

Étudier des termes porteurs de référents polémiques implique de penser les contextes de production, les conditions d’énonciation, les possibilités de réception. « Jihad » fait partie de ces mots sur lesquels réfléchir et faire réfléchir est une gageure. C’est un terme coranique, mais avec un nombre d’occurrences réduit. On présentera les référents du terme jihād dans ce texte fondateur qu’est le Coran et on étudiera sa postérité dans un certain nombre de couples : jihād-fitna/ jihād-croisades, etc. Il y a aussi des formules impossibles, bien que les termes les constituant semblent iréniques. Ainsi, comment parler de paix au Proche-Orient ? Qui peut, après tant d’impasses et d’échecs, employer encore, dans ce contexte, le mot « paix » et être crédible. Dans cet atelier, on tentera d’explorer les pistes pour transmettre un savoir quand les mots sont des pièges et quand les réalités sociales et historiques sont elles-mêmes inextricables.

Intervenante : Sylvie Denoix, directrice de recherche au CNRS, coordinatrice d’un programme de recherche sur les mots de la paix.

Modération : Jean-Marc Fevret, Agrégé et docteur en histoire contemporaine, co-auteur de « Des liens et des lieux : Mémoires libano-françaises », chercheur rattaché au Laboratoire ACP (Analyse Comparée des Pouvoirs) (Université Gustave Eiffel)

 


 

Diplomatie et échanges entre Orient et Occident au XIIIe siècle

16h – 17h30, Atelier (Niveau : – 1)

Attaque des croisés de Louis IX par des sarrasins cachés par des mendiants – Chroniques de France ou de Saint Denis, XIVème siècle

Souvent associée à des épisodes militaires liés aux Croisades, la Méditerranée médiévale fut également le théâtre de rencontres et d’échanges entre pouvoirs. Le XIIIe siècle en particulier fut marqué par la recherche de la mise en échec de la guerre et la diffusion de pratiques diplomatiques. Cet atelier pédagogique destiné aux enseignants d’Histoire du secondaire invite à décentrer le regard sur les Croisades à travers l’étude de relations diplomatiques entre souverains Francs, Mongols et musulmans. Une attention particulière sera portée au roi de France Louis IX, qui tenta de s’imposer dans le monde islamique en menant des expéditions en Méditerranée. Il envisagea une alliance avec les khans mongols afin de s’unir contre leurs ennemis communs au Proche-Orient.

Intervenantes : Anne-Marie Hazard-Tourillon, Professeur agrégé d’histoire-géographie, Anne-Marie Hazard-Tourillon est inspecteur d’académie et inspecteur pédagogique régional (IA-IPR) à l’académie de Créteil et Anne Troadec : professeure agrégée d’Histoire, chargée de coordination scientifique à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS)