se sont inscrits dès leur création en 1998 comme une association mêlant la défense scientifique et pédagogique de leurs disciplines à la compréhension et à l’utilisation des outils numériques commençant à la même époque à se diffuser dans la société. 

En tant que référents numériques des Clionautes, nous vous proposons un tour d’horizon sur l’éducation – et donc l’école – que l’on nous promet pour demain. 

Mais si demain était déjà là, et que les candidats ne s’en étaient pas vraiment aperçus ? 

Comment la révolution numérique a rattrapé l’école

Les plans informatiques

En 1985, Laurent Fabius, le 1er ministre de François Mitterrand, présente le plan dit « ITP» ou Informatique Pour Tous. Il s’agit d’équiper les établissements d’ordinateurs et de former les enseignants aux OSOS : Operating System, soit l’interface permettant au public d’utiliser un ordinateur personnel sans taper de code informatique. Les premiers furent produit par Microsoft (« Windows) et Apple. et aux premiers logiciels de bureautique.

Mais l’usage obligatoire du modem pour les connexions en ligne freine considérablement les usages potentiels. On reste plus proche du minitel pour les connexions et des Thomson TO7 et MO5 pour la bureautique… Néanmoins, l’enthousiasme lié aux promesses d’une nouvelle révolution humaniste l’emporte chez les premiers clionautes. 

Le tournant du siècle et l’arrivée de l’internet rapide

L’ADSLL’ADSL (de l’anglais Asymmetric Digital Subscriber Line) est une technique de communication numérique. Elle permet d’utiliser une ligne téléphonique pour transmettre et recevoir des données numériques de manière indépendante du service téléphonique conventionnel analogique ou vocal à l’aide d’une « box ». permet à partir de 1999 en France de surfer sur le webCouche numérique du réseau des réseaux (internet) composé de sites et des hyperliens les reliant de façon entièrement décentralisée. C’est pourquoi la traduction de « toile d’araignée mondiale » ne tient pas… 

L’utilisation de masse pouvait commencer, semblant concrétiser l’espoir d’un monde meilleur, celui du village global de Mc Luhan. Mais le 11 septembre n’était pas loin. Kant, puis Hobbes…

Les Clionautes furent eux aussi pris par l’idéalisme numérique, qui allait révolutionner la pédagogie et résoudre les problèmes d’une école française qu’on avait longtemps pensé comme la meilleurela première enquête PISA confronte en écrit (2000) maths (2003) et sciences (2006) les élèves de fin d’enseignement obligatoire des 32 pays de l’OCDE. Les différentes enquêtes suivantes ne révèlent pas de progrès significatifs, mais pointent un recul inquiétant en mathématiques.. La recomposition de l’association se fait en 2010 autour des partisans d’une défense des disciplines et d’un usage raisonné et critique des outils numériques. 

La montée en puissance des GAFAM et des réseaux sociaux

Depuis le tournant du siècle, les GAFAMAcronyme de Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft., issus de l’Ouest américain, triangulation originelle de la recherche militaire, des universités et de la contre-culture hippie, se sont lancés à l’assaut du monde globalisé. La communication instantanée se généralise, ouvrant la voie à de nombreux réseaux sociaux dont le plus emblématique est Facebookl’aventure du « trombinoscope » commence en 2004 à Harvard.. Sur les écrans en 2010, le remarquable film de David Fincher,  The Social Network  en retrace la naissance et la réussite à travers le personnage fascinant et inquiétant de Mark Zuckerberg.

Or ce sont ces réseaux sociaux qui fournissent aux jeunes générations (nos élèves !) l’information dont ils sont friands – contrairement à ce que l’on pourrait penser de jeunes qui votent pas ou peu…

Twitter, Snapchat, TikTok, Brut… une nouvelle façon de s’informer pour les jeunes
The Conversation France – Elodie Gentina – 10 nov. 2021

La pandémie du Covid-19 a bouleversé la donne éducative 

La paralysie mondiale des économies et des systèmes éducatifs par la pandémie du Covid-19 a obligé l’école à s’adapter au télé-travail et à l’hybridation des pratiques traditionnelles de transmission en classe.

Cependant, est-ce que l’éducation intéresse les Français ?

Quand on les interroge sur ce qui les préoccupe, ils répondent dans l’ordre le pouvoir d’achat, la guerre et le réchauffement climatique… Pourtant, nous avons tous pu constater dans nos cercles familiaux ou d’amis combien les questions éducatives étaient bien au centre des préoccupations. 

Présidentielles 2022 – Quelles notes donner au système éducatif français ?

Jusqu’au premier tour de la présidentielle 2022, “Courrier International” vous invite à explorer certains thèmes de la campagne en comparant en infographie les données de l’Hexagone à celles de ses voisins européens. Deuxième volet : l’éducation.

Le numérique, l’arlésienne des programmes éducatifs de la Présidentielle ?

Jusqu’au premier tour de la présidentielle 2022, “Courrier International” vous invite à explorer certains thèmes de la campagne en comparant en infographie les données de l’Hexagone à celles de ses voisins européens. Deuxième volet : l’éducation.

Puisque élection suprême il y a et que nous sommes référents numériques des Clionautes, nous aurions bien envie de poser aux candidates et candidats à la magistrature suprême quelques questions : 

  • Quelles relations entre le savoir scolaire, l’actuel découpage des disciplines scolaires en résultant, et les savoirs mis à disposition sur le web ? 
  • Comment se positionner face à la montée en puissance des capacités de calcul des processeurs et la précision toujours plus grande des algorithmes, appelés à remplacer les tâches répétitives dans l’école comme dans l’économie ? Quelles conséquences sur le statut des enseignants ?
  • À partir de quel niveau faut-il utiliser les outils numériques à l’école ? Avec quels supports matériels ? Une classe sans ces outils et avec uniquement des supports papier n’est-elle pas plus profitable aux apprentissages des savoirs scolaires ?
  • Les jeunes s’informant très majoritairement avec les réseaux sociaux – les premiers étant Instagram et TikTok, ceux-ci doivent-ils être maîtrisés et/ou utilisés en classe ? 
  • Face aux menaces environnementales et sanitaires, ainsi qu’au retour des conflits, faut-il se préparer à une hybridation généralisée de la transmission du savoir ?

À ces questions, pas ou peu de réponses

Voici par ordre alphabétique des impétrants des propositionsOn pourra se reporter aux nombreux sites d’information sur le sujet. Celui-ce regroupe l’essentiel des questions éducatives : https://www.france24.com/fr/france/20220323-présidentielle-que-proposent-les-candidats-en-matière-d-éducation  pouvant servir de réponse.

On remarquera que rares sont les réponses abordant de façon directe nos interrogations. 

N. Arthaud : 

Rien. 

N. Dupont-Aignan : 

Le harcèlement scolaire, grande cause nationale

1h de maths en plus au primaire

A. Hidalgo : 

Agir contre le harcèlement comme grande cause nationale

Abrogation de Parcoursup

Y. Jadot : 

Rompre avec la trop grande importance en France des disciplines fondamentales qui représentent 73% du temps de scolarité en France contre 50% pour la moyenne européenne

J. Lassalle : 

Rendre obligatoire l’apprentissage du code et de l’informatique dès le primaire

M. Le Pen : 

Priorité absolue aux Mathématiques, au Français et à l’enseignement de l’Histoire de France

Vidéoprotection dans les établissements secondaires

E. Macron : 

Le langage du code informatique à partir de la 5e pour ceux qui le souhaitent

Remettre les Mathématiques dans le tronc commun au lycée

JL Mélenchon : 

Abrogation de Parcoursup

V. Pécresse : 

1h de Mathématiques, de Français en plus au primaire

Ph. Poutou : 

Rien. 

F. Roussel : 

Rien. 

E. Zemmour : 

Rien. 

Alors, de quoi ne pas en parler est-il le nom ?

C’était mieux avant

On retrouve grosso modo les positions de la droite allant du largo au prestissimo selon le positionnement des candidats. Il est question de retour à la blouse (EZ) ou à l’uniforme (MLP), de recentrage sur les fondamentaux, français et maths (MLP, VP).

Par contre, la suppression de Parcoursup (MLP, AH, JLM) relève plus d’un malentendu sur l’algorithmique que d’un retour au bon vieux temps. Revoir la programmation de l’algorithme s’impose ! Mais qui se souvient des fils d’attente devant la fac STAPS pour être dans les 300 premiers pris, ou la menace de tirage au sort pour l’entrée en médecine ? Le refus de toute sélection avait déjà conduit à remplir les facs de centaines de milliers de jeunes, pour beaucoup non préparés à des études supérieures, mais évitant de remplir – provisoirement certes – la case pôle-emploi.

Tomorrow will be fine

Comme toujours en période électorale, les promesses pleuvent. Ce sera à qui améliorera les conditions de vie de élèves et des étudiants (VA, PP, JLM, AH), augmentera le plus les profs (VP, FR, PP, VA, JLM). Une candidate avait même prévu de doubler leur salaire, avant de rétropédaler, sans doute alertée sur le coût de l’opération par un cabinet de conseil…

Méconnaissance ou refus de voir la réalité ?

Apprécier ce que la révolution numérique est en train de produire sur l’éducation en général et sur l’école en particulier est complexe. Car partie prenante du processus, nous devons faire un pas de côté pour en observer les effets.

Pour l’historien, il est déjà compliqué de comprendre ce qui fut et d’en éviter les dérives au service d’intentions politiciennes.

Ouvrir les yeux

Mais être humble dans sa démarche n’empêche pas d’ouvrir les yeux sur les présent qui se déroule devant nous.

Le mouvement actuel va vite, très vite. La puissance de calcul toujours plus importante des processeurs et les progrès de l’intelligence artificielle bousculent déjà les pratiques traditionnelles d’apprentissage et d’acquisition des savoirs scolaires, et vont remettre en cause les statuts des enseignants. La pandémie a hybridé la transmission en classe et il y a fort à parier que d’autres crises sanitaires, géopolitiques et environnementales nous attendent.

Peut-être faut-il mieux pour celle ou celui qui sera élu mettre tout cela provisoirement sous le tapis. Mais nous serons là le moment venu pour alerter les collègues, proposer des pistes avec notre expertise. Car le système scolaire que nous avons – au moins pour les plus anciens d’entre nous – connu et aimé pour en être les acteurs désintéressés, a vécu. Et les plus jeunes d’entre-nous qui ont accepter de continuer à faire vivre ce beau métier d’enseignant ont droit à un avenir meilleur.