À l’occasion de la journée mondiale des enseignants, le 05 octobre dernier, le Ministre de l’Éducation nationale, Gabriel Attal, a réaffirmé l’urgence d’un « choc des savoirs » visant à élever le niveau global des élèves et annoncé le lancement d’une mission dédiée associant l’ensemble des parties prenantes et traitant de l’école, du collège et du lycée.

Tous les classements internationaux confirment le décrochage des élèves français, quelle que soit la discipline ou la compétence observée. Il suffit d’interroger n’importe quel enseignant ayant un peu d’ancienneté : il confirmerait cet abaissement des performances que rien n’enraye depuis quinze ans au moins.

Le sujet est grave et que, dans l’intitulé, on place au centre le mot « savoir », est en soi une petite révolution. Jusqu’ici, on accolait quasi systématiquement le terme de compétences aux savoirs, ou alors on ne présentait le terme qu’avec une béquille, avec « savoir-être », « savoir-faire », etc. Mais la crise est trop aiguë pour que ce changement sémantique suffise à créer un climat de confiance. Sur ce sujet comme sur beaucoup d’autres, ce sont les actes et la capacité de soutenir les décisions sur le long terme que nous attendons.

Le jeudi 12 octobre 2023, les Clionautes ont été invités à la conférence présentant la méthode de travail au lycée Pierre-Gilles de Gennes (Paris 13), avec diffusion en ligne simultanée, organisée par les coordinateurs de la mission, le directeur général de l’enseignement scolaire, Edouard Geffray, la cheffe de l’inspection générale, Caroline Pascal, le recteur de la région académique Centre-Val de Loire, Gilles Halbout, et le président du conseil scientifique de l’éducation nationale, Stanislas Dehaene. 

Responsables de la mission

Trois groupes de travail sont prévus :

  • un groupe sur l’école, présidé par Pierre Moya (recteur d’Amiens),
  • un groupe sur le collège, présidé par Carole Drucker-Gaudart (rectrice de Limoges),
  • un groupe sur lycée, présidé par Richard Laganier (recteur de Nancy-Metz),

Chaque groupe est composé d’un rapporteur issu de l’IGÉSR (J.M. Coignart pour l’école, D. Aubert pour le collège, I. Leguy pour le lycée), d’un DASEN,  d’un membre de la DGESCO, de deux professeurs et d’un inspecteur d’académie.

Mathieu Lahaye, inspecteur général et sous-directeur des savoirs fondamentaux et des parcours scolaires, est désigné rapporteur général.

Une phase intensive de consultation du 16 octobre au 20 novembre 2023

Les différents groupes de travail doivent auditionner les parties prenantes. Les organisations syndicales sont prioritairement visées mais les fédérations de parents d’élèves, les associations disciplinaires, les sociétés savantes sont également concernées. Parallèlement, les professeurs seront consultés par questionnaire.

Des audiences en distanciel seront possibles, sachant que beaucoup de travaux ont déjà été menés sur le sujet (IGESR, CSEN, etc.), que les contraintes de calendrier seront lourdes et que chaque acteur a la possibilité d’envoyer des productions écrites (propositions, interrogations, etc.) au rapporteur général.

Le 20 novembre, le rapporteur disposera d’une dizaine de jours pour remettre au ministre des propositions consolidées.

Notre sentiment est que ce calendrier, très resserré, qui prend de court les parties prenantes, ne laisse que trop peu de temps à la synthèse. D’un simple point de vue matériel, les questionnaires envoyés à tous les enseignants supposent un temps de dépouillement et d’examen difficilement compatible avec un délai si court. En effet, même si le questionnaire sera lu par des robots, il y a quelques questions en saisie libre. Il est à craindre que très vite se propage l’idée qu’un projet est déjà préparé et que cette phase relève de l’artifice, exactement comme lors de la consultation générale entreprise au moment de la réforme du collège.

Interventions de Gilles Halbout, recteur de la région académique Centre Val-de-Loire et de Caroline Pascal, doyenne de l’IGÉSR

Le travail est divisé en quatre thématiques : 

  • Les contenus à enseigner : lisibilité, ambition et adaptation des programmes, repères annuels et attendus de fin d’année, construction des progressions pédagogiques, etc. 
  • Les pratiques pédagogiques : efficacité de l’enseignement par rapport au besoin de tous les élèves, évaluation des méthodes pédagogiques (enseignement explicite, socio-constructivisme, etc.), formation continue, question de l’éventuelle labellisation des manuels, etc. 
  • Les organisations pédagogiques : les parcours des élèves, les besoins, le temps périscolaire, le passage au niveau supérieur, la question des groupes de niveau, le volume horaire, etc. 
  • La culture générale : comment les autres disciplines se mobilisent et viennent en appui des savoirs fondamentaux, question de l’enseignement artistique et culturel, articulation du pass culture, etc. 

Notre remarque est que si ce découpage est pertinent, un certain nombre de problèmes soulevés, à savoir le caractère protéiforme d’un certain nombre de dispositifs, la qualité des manuels, l’état de la formation, sont d’abord le résultat de choix politiques qui ont voulu régler les problèmes à la hussarde, plaçant tous les maillons de la chaîne dans une course folle dont on ne finira pas de répertorier les effets négatifs. Un seul exemple : les manuels. Comment espérer que des manuels qui, pour le collège, ont eu une année pour se renouveler intégralement de la 6ème à la 3ème, puissent être satisfaisants ? Nos disciplines, en histoire et en géographie, sont par ailleurs très rétives par principe à toute idée d’une labellisation des manuels.

Intervention de Stanislas Dehaene, président du CSEN

Le CSEN apporte ses recherches scientifiques et ses éléments sur les pédagogies qui ont fait leurs preuves, avec force exemples tirés des expérimentations en France et à l’étranger.

Il souhaite promouvoir la culture de la recherche et répondre à deux notes d’alerte sur la Sixième :

  • une sur la lecture 
  • une sur les mathématiques

Le CSEN entend combattre les inégalités et redonner aux élèves la confiance en eux. Le bien-être à l’école est un défi nécessaire. Par ailleurs, il convient de moderniser la dimension numérique de l’enseignement, avec l’intégration des nouvelles technologiques, la réflexion sur la place de l’IA, etc. Le CSEN est en attente de propositions sur la formation initiale et continue.

Voir la boite à idée du CSEN sur Canopé

https://www.reseau-canope.fr/conseil-scientifique-de-leducation-nationale.html

et voir

https://www.reseau-canope.fr/conseil-scientifique-de-leducation-nationale-site-officiel/outils-pedagogiques/lettre-le-passeur.html

Intervention d’ Edouard Geffray, directeur général de l’enseignement scolaire

L’objectif reste bien la montée du niveau général, non les questions de ressources humaines qui ne ressortent pas de la mission des groupes de travail. Toute question a vocation à être évoquée. Le calendrier de déploiement commence à la rentrée 2024. Nous souhaitons une consultation aussi large que possible, en vue d’un diagnostic partagé. 

On commencera à court terme par des recommandations puis un vrai travail de fond sur le temps long prendra le relais. La culture générale, inscrite dans la loi, est absente des programmes, sauf dans le programme du cycle 4.

Le délai est limité pour que les forces vives se jettent pleinement dans l’action.

Les contributions seront collectées sur un espace RESANA et mises à disposition des membres de chaque groupe de travail