Pour la première année à Béziers, et comme un galop d’essai pour les rendez vous de l’histoire de Blois les Clionautes ont été partie prenante des chapiteaux du livre. Un événement majeur dans l’Hérault avec les services culture du Conseil général.
Il nous arrive souvent de dire que « tout ne se passe pas à Paris ! », mais il n’est pas inutile non plus de rappeler que dans le Département de l’Hérault, « tout ne se passe pas à Montpellier ! ». Il arrive parfois que cette remarque de bon sens soit oubliée par certains de nos interlocuteurs.

Introduction :
L’humain a besoin de lien social car deux êtres humains s’humanisent l’un l’autre, cela passe par la parole, le partage de l’émotion mais aussi par le commerce…

I Histoire du commerce (de -100.000 à 1534).

  • Première étape : le troc. Vers -100.000 avant JC, l’homme de Néanderthal utilisait déjà le troc, viande contre hache de pierre par exemple.
  • Deuxième étape : le troc amélioré. Vers -4.000 avant JC, l’homo sapiens crée des unités de valeur, comme par exemple le coquillage pour échanger. La viande vaut tant de coquillages, la hache vaut un autre nombre de coquillages…
  • Troisième étape : la monnaie. Près du fleuve Pactole, les grecs d’Asie Mineure, en Lydie vers -600 avant JC, créent l’électron, un alliage d’or et d’argent.
    Les Athéniens avec une monnaie d’argent, se posent des questions philosophiques sur les perturbations sociales liées à la monnaie. Aristote dit qu’il existe 2 circuits commerciaux : un vertueux où une marchandise M est échangée contre de l’argent pour acheter une marchandise N; l’autre vicieux où l’argent achète la marchandise M pour spéculer et la revendre plus chèr.
    La recherche de l’argent comme objectif en soi est délétère…

Jusqu’au XVIIème siècle, la méfiance de l’argent va se poursuivre. L’économie doit satisfaire les biens individuels mais aussi le BIEN COMMUN.

  • Quatrième étape : la malédiction de l’Eglise catholique.
    Jésus chasse les marchands du Temple et dénonce les Riches. Il est plus dur à un riche d’entrer au Royaume des Cieux qu’à un chameau de franchir le pas d’une aiguille( nom d’une des portes basses de Jérusalem).

Mais la conséquence est que les riches dilapident leur argent et font des dons aux Églises, Monastères et Sanctuaires. L’Église Catholique devient très riche.

Des ordres monastiques essayent de manière cyclique de revenir à la pauvreté originelle. C’est le cas des bénédictins au VIIème siècle, de l’ordre de Cluny au Xème siècle, ou des Franciscains au XIII ème siècle. Mais ces monastères finissent tous par s’enrichir.

  • Cinquième étape : la découverte du Nouveau Monde en 1492.
    L’or et l’argent coulent à flot en Europe, la quantité de métaux précieux est multipliée par 3.
    Les Espagnols, les Italiens et les Portugais sont les premiers servis. Puis viennent les Français et les Flamands.En dernier les Allemands qui ont à l’époque une forte animosité contre les peuples riches de l’Europe du Sud.
    C’est dans ce contexte que Luther en 1517 enlamme les Allemands contre la vente des Indulgences par le pape Jules II. 20% des sommes récoltées allaient aux Banquiers Függer…
    En 1534, Calvin fait de l’homme qui prospère par son commerce le signe d’être un élu de Dieu. Le succés professionnel devient une marque divine. Le capitalisme va connaître un essor extraordinaire dans les pays protestants: Angleterre, Allemagne et Pays Bas. Mais cet essor va de pair avec l’essor de l’imprimerie, de l’éducation et de la lecture personnele de la Bible…

II Histoire du libéralisme (de 1642 à 2014).

1) La naissance de 1642 à 1776.
Avec Hobbes en 1642 et Locke en 1688, c’est la naissance du libéralisme; poursuivi par Adam Smith en 1776. Le libéralisme est pessimiste sur la nature humaine : l’homme est cupide, égoiste et violent.

Il existe 2 familles libérales, celle de Smith considère que le souverain doit jouer un rôle régulateur, aider les pauvres et s’occuper des infrastructures publiques; à l’opposé celle de Bernard Mandeville qui écrit la Fable des Abeilles en 1714, démontre que les vices particuliers sont nécessaires aux vertus publiques et qu’il ne faut jamais s’occuper du BIEN COMMUN. Dans la bonne ruche, il y a beaucoup d’avocats, de fripons, de médecins, tout le monde trompe tout le monde et la ruche s’enrichit. Dans la mauvaise ruche qui se veut morale, tout le monde s’appauvrit…

2) le XIXème siècle.

Avec Darwin en 1859, le darwinisme économique affirme que seule la compétition engendre le progrès. Mais on voit que le marché ne peut engendrer aucun équilibre. Les enfants travaillent dans les mines et les usines textiles. Zola et Dickens dénoncent la misère des prolétaires. Le marxisme et l’anarchisme condamnent l’expoitation de l’homme par l’homme…

L’école néo-classique dit que les marchés sont parfaits, qu’ils reviennent toujours à l’équilibre et qu’il ne faut aucune intervention de l’Etat. C’est le fameux « Enrichissez vous ! » de Guizot vers 1847.

3)le XXème siècle de 1914 à 1975.
Cette version néo-classique est contredite par 2 réalités ; l’intervention importante des etats en 1914/1918; et surtout la crise de 1929.
Le libéralisme absolu a régné de 1919 à 1929. Pour la première fois dans l’Histoire toutes les règles qui limitaient la cupidité ont sautées.

A partir du New Deal de Roosevelt (1933/1945) et des théories de Keynes sur l’Etat providence on entre dans une économie libérale administrée par l’Etat et les régles reviennent pendant les 30 Glorieuses de 1945 à 1975.

4)Le retour des néolibéraux (Années 1980 à 2014).

Avec Thatcher (1979-1990) et l’économiste Hayek; et Reagan (1980-1988) et l’économiste Friedman, c’est la règle des 3D : Déreglementation, Décloisonnement et Désintermédiation.
L’économie financière est déconnectée de l’économie réelle et elle brasse 50 fois plus d’argent.
Ces richesses fictives sont terriblement dévastatrices, elles provoquent la montée du chomage, les délocalisations, l’autonomie absolu des marchés financiers, la diminution des impôts des riches mais aussi des prestations sociales et des salaires des pauvres, et donc la formidable montée des inégalités.

La montée des crédits et des prêts hypothécaires sur les maisons provoquera la crise des subprimes de 2008. C’est la plus grave crise du libéralisme depuis 1929 et les responsables sont les conservateurs anti-keynésiens : l’alliance Thatcher/Reagan/Xiaoping.

L’Europe est la plus grande perdante entre 2010 et 2014 et rentre en déflation, comme le Japon depuis 1990. Licenciements, chute des investissements, baisse de la consommation et austérité forment un cercle vicieux. L’Europe est la seule à continuer à appliquer les dogmes ultra-libéraux au moment où Japon et États-Unis les quittent pour s’en sortir…

Conclusion : l’abandon du BIEN commun mène à des catastrophes en 1929 comme en 2010.