Dans  cette conférence passionnante, Daniel COHEN, professeur agrégé de mathématiques et de sciences économiques à l’ENS et auteur du livre les origines du populisme, titre inspiré des origines du totalitarisme d’Hannah Arendt, nous dresse le tableau horrifiant de l’essor du populisme.

 

 

 

INTRODUCTION :

Les origines du populisme sont à chercher en 1850 en Russie; en 1880, dans le People’s Party aux Etats-Unis et bien sûr dans le péronisme en Argentine, de 1946 à 1955.

C’est une réaction anti-système qui autour d’un LEADER CHARISMATIQUE rassemble aussi bien la « Gauche Radicale » que la « Droite Populiste ». A gauche, c’est La France Insoumise autour de Jean Luc Mélenchon, Syriza autour d’Alexis Tsipras en Grèce; Podemos autour de Pablo Iglesias en Espagne…

A droite, c’est la Ligue en Italie, autour de Matteo Salvini, le FPÖ en Autriche; Aube Dorée en Grèce ou le Rassemblement National autour de Marine Le Pen. Mais aussi la Pologne du PIS, la Hongrie de Viktor Orban, les Etats-Unis de Donald Trump et le Royaume Désuni de Boris Johnson…

 

I/DEUX TYPES D’EXPLICATION

Il existe une explication économique et sociale à partir de la crise de 2008; et une explication culturelle et sociologique.

1) Première explication

C’est une contestation radicale contre les partis de gouvernement, liée à la montée du chômage et à la remise en cause de l’establishment. Elle serait née de l’effondrement et de la faillite de Lehman Brothers en septembre 2008. Elle submerge la Grèce en 2010/2012.Elle se voit aussi par le Brexit en juin 2016 et se traduit plus par la colère que par la peur.

2) Deuxième explication

C’est une réaction culturelle à la modernité à la fois xénophobe et homophobe. Après la Révolution des Lumières de 1750 à 1848; la Révolution industrielle de 1850 à 1975 se fait CONTRE les Lumières. C’est un américain Ronald INGLEHART qui est le leader de l’explication culturelle et sociologique (né en 1934, professeur dans le Michigan, il a 85 ans)

Elle a lieu aussi dans des pays prospères comme l’Autriche et la Suède. Après 1975, la société tertiarisée remet en cause la tolérance. Ce sont les seniors, et pas les jeunes, qui ont le plus voté le Brexit au Royaume Uni.

 

II/ DEUX FORMES DIVERSES À GAUCHE ET À DROITE.

1) À Droite :

Cette réaction xénophobe se conjugue à une dissipation du lien social et à un niveau de confiance très bas en soi, vis à vis de sa famille et de ses voisins; C’est la PEUR qui domine; une Grande MEFIANCE envers autrui et une SOLITUDE SOCIALE intense. La cible est diverse : contre les Polonais au Royaume Uni; contre les Mexicains aux Etats-Unis et contre les Musulmans en France. Ils sont libéraux et refusent toute redistribution sociale, même s’ils sont pauvres car ils voient l’aide sociale comme favorisant les familles nombreuses immigrées.

2) À Gauche :

Ce sont les perdants des nouvelles conditions de travail comme les routiers ou les aides soignantes. Ils reprennent les idées de la gauche classique, comme la redistribution sociale et l’attente dans les aides de l’Etat. Ils rejettent en France la CGT et le PCF, mais se reconnaissent dans le mouvement des GILETS JAUNES. C’est la COLÈRE qui domine et ils ont de FORTS LIENS SOCIAUX.

Ils valorisent l’Education et la Santé et veulent « prendre aux riches pour donner aux pauvres » comme Sanders aux Etats-Unis ou Corbyn en Angleterre. Ils veulent la Justice Sociale.

3) Leurs points communs à gauche et à droite :

Ils ont en commun la détestation des élites et le rejet des partis politiques traditionnels. Ils se méfient de la mondialisation et de l’Union Européenne.

EN CONCLUSION :

Une ALLIANCE Droite Populiste et Gauche Radicale est totalement impossible !

Comme solution contre le populisme, on ne peut qu’espérer dans la REDISTRIBUTION SOCIALE et dans la RESYNDICALISATION. Mais la Solitude Sociale et donc le Populisme risquent de durer encore longtemps, même si on sort de la crise économique et financière.