Exposition Le Louvre Couture

Le musée du Louvre accueille depuis janvier sa première exposition consacrée à l’univers de la mode. Ce sont 65 silhouettes vêtues par les pièces et accessoires des plus grands créateurs contemporains qui trônent dans 9.000 mètres carré au Louvre. La mode est alors érigée comme un art qui s’assemble aux trésors allant du Moyen-Âge jusqu’au Second Empire pour offrir des tableaux raffinés et sublimés. Entre patrimoine et soft power, l’exposition le Louvre Couture offre une expérience riche.

L’origine du projet : promouvoir un patrimoine matériel et immatériel

Le projet du Louvre couture a pris forme grâce à la talentueuse scénographie de Nathalie Crinière, déjà bien connue dans le monde de la mode et de sa valorisation. C’est notamment elle qui est à l’initiative de la Galerie Dior dans le 8ème arrondissement de Paris où sont exposées les collections de la Maison Dior. Pour le Louvre Couture, Nathalie Crinière a opté pour un parcours chronologique qui s’inscrit dans le respect de l’ordre des salles du musée afin de concevoir une exposition ornant les oeuvres d’art du Louvre. En effet, l’objectif de cette exposition est d’associer dans une harmonie totale le monde de la haute couture et celui de l’art présent au Louvre afin d’en sublimer œuvres et créations. Dans ce sens, le choix des pièces et accessoires est central pour réussir ce pari culturel. Ont donc été sélectionnées des créations issues des défilés des années 1960 à nos jours des plus grandes maisons de haute couture allant de Dior à Mugler, en passant par Gucci ou encore Versace. Le Louvre Couture offre ainsi le privilège aux visiteurs de découvrir ces pièces et accessoires qui sont habituellement non visibles par le public. Au-delà d’une expérience culturelle, il s’agit pour Nathalie Crinière et le Louvre de mettre en avant la haute couture comme patrimoine matériel à travers ses créations mythiques mais aussi comme patrimoine immatériel défendant un réel savoir-faire et esprit artistique propre.

Redorer l’image du département des Objets d’Art

L’exposition se trouve dans l’aile Richelieu du Louvre, dans le département des Objets d’art qui s’étend sur plus de 9.000 mètres carrés. Le choix de cet emplacement n’est pas le fruit du hasard mais d’une stratégie du musée lui-même. Effectivement, ce département n’est pas le plus attrayant du Louvre avec un public qui préfère découvrir les collections venues d’Égypte ou encore la célèbre Joconde. Néanmoins, le département des Objets d’art renferme une grande richesse en exposant des oeuvres allant de Byzance à l’Empire de Napoléon III. Dans ces salles, les pièces de mode se fondent parfaitement avec les oeuvres d’art grâce à des jeux de matières mais aussi de couleurs. Certains accessoires mythiques de grands créateurs se retrouvent même camouflés derrière les vitrines de parures anciennes, comme un sac Jacquemus ou encore une paire de Louboutin. Ce travail de mise en scène conjoint avec le musée permet un réel respect des oeuvres du Louvre qui se voient sublimées par les créations issues de la haute couture. Ce sont aussi les inspirations mêmes des créateurs qui sont mises en avant avec des pièces qui se retrouvent alors immergées dans le décor qui a inspiré leur création à l’image de la veste inspirée du XVIIIe signée Karl Lagarfeld pour Chanel. Après quelques mois d’exposition, l’objectif de rendre plus attractif ce département du Louvre fut atteint avec plus de 600.000 visiteurs pour le Louvre Couture en trois mois, justifiant ainsi sa prolongation jusqu’en août 2025.

La haute couture comme levier de soft power à travers ses plus grands créateurs

Au-delà de sa dimension culturelle et patrimoniale, la haute couture est pleinement un levier géopolitique en étant un outil de soft power. En effet, les grandes figures de l’histoire de la mode demeurent aujourd’hui indissociables de l’image et du rayonnement de leur pays à l’étranger. Il s’agit d’un levier diplomatique à la fois dans le monde des affaires, de l’art ou plus globalement de la culture en étant l’objet de diverses collaborations internationales. Qui plus est, la haute couture entretient une relation particulière avec la France qui, au fil des siècles, a fait de Paris la capitale de la mode aux yeux du monde. En cela, elle est le pays le plus représenté par ses grands créateurs dans l’exposition du Louvre Couture dont la majorité des pièces sont françaises. Le soft power français s’enracine donc dans la haute couture autour de grands noms comme Christian Dior, Yves Saint Laurent ou encore Christian Louboutin. Aussi, notons que la haute couture s’inscrit dans la puissance économique des États. C’est par exemple le cas de la France où la haute couture représente une source de recette économique grâce aux grandes maisons rattachées au domaine du luxe. À souligner que l’industrie du luxe, incluant la haute couture et d’autres secteurs, représente 5% du PIB français, soit plus que le secteur automobile. C’est en partie le groupe LVMH et ses 75 maisons de luxe qui domine le marché français du luxe.

Dimension pédagogique

L’exposition du Louvre Couture permet d’illustrer certaines notions du programme de HGGSP et pourrait servir de parfait exemple pour un sujet de grand oral. C’est tout d’abord le thème du patrimoine qui est au coeur de ce projet culturel, un patrimoine matériel mais surtout immatériel.

Aussi, le thème de la puissance avec la question du soft power et de l’économie sont mises en avant par le Louvre Couture qui se veut avant tout être un levier d’influence et recettes financières.

Commissariat

Olivier Gabet, conservateur général du Patrimoine, directeur du département des Objets d’art du musée du Louvre, assisté de Marie Brimicombe.

Partenaires

Soutien de Kinoshita Group et Visa Infinite et en partenariat média avec The New York Times, Paris Match, Le Figaro, M le magazine du Monde, Marie Claire, Beaux Arts Magazine, la RATP, Paris Première et TF1