Association constituée en 1998, au moment où les usages numériques étaient encore marginaux et l’affaire de pionniers, les Clionautes suivent depuis avec le plus grand intérêt les réflexions du ministère de l’éducation nationale et du gouvernement dans ce domaine.

Le Président de la République en octobre 2012 a évoqué l’e-éducation et, entre le 20 et le 28 février 2013, plusieurs orientations ont été définies. Si l’on se base sur les différents éléments de communication gouvernementaux, le numérique figure au cœur du projet de loi d’orientation et de programmation pour refonder l’École de la République. Cette démarche concerne l’ensemble des mouvements pédagogiques, particulièrement ceux qui comme les Clionautes sont durablement investis dans l’usage et la réflexion sur les TICE.

Notre spécificité, en tant que professeurs d’histoire et de géographie, utilisant les technologies numériques, est d’être des acteurs de terrain, praticiens au quotidien de ces usages. Les grands chantiers qui sont engagés pour faire entrer l’école dans l’ère du numérique doivent tenir compte à notre sens de ces réalités dans nos classes.

Dans la pratique, deux acteurs différents doivent travailler de concert pour permettre ce développement.

  • Les services de l’État, du ministère de l’éducation nationale, et au niveau des territoires, les académies et les directions des services informatiques qui en dépendent.
  • Les collectivités territoriales, conseils généraux et régionaux, propriétaires des infrastructures, en charge de leur entretien et de la maintenance des réseaux informatiques sans lesquels ce développement est impossible.

C’est de cette réalité du terrain que nous devons partir, et peut-être établir un diagnostic précis à propos des besoins, à partir des usages existants actuellement.

Bien entendu, il ne saurait être question, et nous l’avons démontré depuis de nombreuses années, d’attendre que descende du haut vers le bas, un projet «clés en main», avec les moyens matériels et humains qui vont avec. Depuis des années, de nombreux professeurs, des écoles, des collèges, des lycées, se sont investis dans la mise en œuvre de ces pratiques au niveau de leurs classes. La démarche de l’actuel ministère de l’éducation nationale vient les conforter dans leur choix et c’est évidemment une bonne chose.

Notre propos n’est pas ici de réclamer « plus de moyens », même si ceux-ci ont de l’importance. Nous savons quelles sont les contraintes, notamment budgétaires, qui existent. La question qui se pose vraiment est de « mieux » utiliser ces moyens, de les optimiser. La synergie existant entre les collectivités territoriales et les services de l’État doit incontestablement se développer. Sans doute par une politique plus globale et uniforme de déploiement des systèmes, notamment des espaces numériques de travail.

Dans le domaine des technologies numériques les usages nouveaux, le Web 2.0 notamment, demandent des réseaux adaptés. Cela demande également des personnels capables d’assurer la maintenance de parcs de machines de plus en plus importants, et peut-être une gouvernance plus efficiente des services informatiques au niveau des académies.

Le gouvernement a évoqué, dans le cadre des investissements d’avenir, des appels à proposition pour soutenir la production de ressources éducatives dans le domaine des apprentissages fondamentaux. Cela concerne sans aucun doute l’enseignement primaire, et celui-ci n’est pas complet s’il n’intègre la géographie et l’histoire qu’une fois passé le cap du cours préparatoire. Ces apprentissages fondamentaux se retrouvent également autour nos disciplines, l’histoire et la géographie, sans oublier l’éducation civique, qui peuvent trouver dans l’utilisation du formidable potentiel que représente l’Internet, des champs d’application immenses.

Au-delà des stricts contenus disciplinaires. L’utilisation maîtrisée, pertinente des ressources numériques, doit incontestablement servir de socle d’apprentissage dans les futures Écoles Supérieures du Professorat et de l’Éducation. Praticiens de longue date de l’utilisation et de l’intégration des apports du numérique dans nos pratiques pédagogiques, nous entendons tenir notre place, toute notre place, dans ce débat qui s’engage ainsi que dans la construction de programmes.

À ce titre, nous rappelons nos engagements disciplinaires, pour que toute la place qui convient soit donnée à nos matières qui participent de manière indispensable de la formation citoyenne au moment où le numérique apparaît comme une révolution conceptuelle de nos pratiques enseignantes.

Bruno Modica