Bac 2022 – Après trois semaines de reprise de cours, la question du report des épreuves de spécialité agite les médias, sur fond de mouvements de grève et d’exaspération contre Jean-Michel Blanquer.
La plupart des syndicats professionnels, soutenus par quelques associations disciplinaires, ont d’ores et déjà réclamé un nouveau calendrier d’examen. Selon les médias, le seul désaccord notable reposerait sur le mois choisi : mai pour les syndicats de proviseurs, juin pour les syndicats enseignants. Est-ce judicieux ?
Bac 2022 – Une session différente
Déjà l’année dernière, le 21 janvier 2021, l’Éducation nationale avait choisi l’annulation pure et simple des épreuves, au profit d’un contrôle continu intégral. Lequel contrôle continu avait certes produit des taux de réussite stratosphériques à l’examen mais avait compliqué comme jamais la lisibilité des dossiers pour le Supérieur, point cardinal de la réforme Blanquer. Toutefois le contexte était alors différent ; nous fonctionnions en demi-jauges, la vaccination était balbutiante et la cohorte de Terminales avait lourdement souffert d’une fin de Première tronquée par le confinement. Nous étions aussi soulagés de pouvoir nous consacrer intégralement à la préparation du Grand oral, l’ultime nouveauté du Baccalauréat.
Cette année, nous ne sommes plus dans la même situation. Il y a eu des absences, c’est vrai, des élèves comme des collègues, mais rien de comparable en termes d’interruption pédagogique à ce que nous avons connu ces deux dernières années.
Bac 2022 – Les problèmes d’un report
Par ailleurs, un report en mai ou en juin laisse à prévoir quantité de difficultés.
Pour les élèves, il faudra cumuler la préparation de l’oral et des écrits. Nous ne parlons même pas de ceux qui seront lancés dans des concours divers et variés au printemps. Il n’est absolument pas acquis que le répit gagné en mars sera payant en juin. Pour les enseignants, il faudra cumuler correction des écrits et travaux de jury pour l’oral. Si c’est comme l’année dernière, où à Paris-Versailles-Créteil entre autres, les enseignants ont dû jongler avec des convocations qui arrivent le lendemain pour la veille, des journées absolument harassantes d’oraux, des problèmes sans fin de composition de jury et d’affectations à l’autre bout des académies, mieux vaut ne pas alourdir la barque avec des copies…
Par ailleurs, il y a quelque chose de profondément décourageant à mettre sous pression des élèves et des personnels depuis septembre, autour du « zéro fermeture des écoles » et de la « continuité pédagogique », pour finalement, deux mois avant l’échéance, reporter à une date ultérieure. Les décrochages scolaires, observés empiriquement l’année dernière, ont été finalement plus nombreux après l’annonce du passage au contrôle continu que durant la première moitié de l’année. Les Terminales d’aujourd’hui ont connu une Première à temps partiel, une Seconde sans troisième trimestre, n’apprécieraient-ils pas d’avoir une année à peu près normale ? Leurs syndicats ont déjà fait savoir qu’ils ne voulaient pas d’un report.
Quelques pistes de compromis
Certes, tous les établissements, équipes et élèves inclus, ne sont pas égaux face au covid. Certes, ces épreuves seront certainement suivies d’une session de remplacement anormalement conséquente.
Mais des solutions de compromis sont possibles. Un report d’une semaine des écrits, voire de deux permettrait peut-être aux plus retardataires de se remettre sur les rails sans pour autant pénaliser tout le monde. Pour rappel, deux semaines de spécialité équivalent à douze heures de cours.
Un choix large de sujets, sur le modèle de ce qui avait été prévu l’année dernière, rassurerait certainement tous les acteurs impliqués. Chaque partie du programme aurait ainsi son sujet, sans présager de ce qui a été effectivement vu par le candidat.