Deux associations qui organisent cette conférence :

  • Union des associations de mémoire des camps nazis ;
  • La fondation de la Résistance.

Parution : La fin de la guerre 1944-1945 (en lien avec le Mémorial de la Shoah)

1er et 2 décembre 2021 : colloque à Caen « La résistance pionnière au prisme des archives de la répression ».

Intervention de Thomas Fontaine

Pour les camps de concentrations, on a l’idée d’un univers monstrueux, incohérent dominé par une violence aveugle ou le travail, la terreur avec un rôle qui se veut punitif.

  1. Les travaux des historiens confirment le rôle de terreur.v1933 : 1er camp à Dachau : le camp nazi est au cœur de la société nazie et il est visible. On fait tout une propagande dessus. On y met les déviants et on espère que le travail pour rééduquer le détenu. On a des maximes à l’entrée des camps : « Le travail rend libre », ce sont des maximes de rééducation. On peut modérer cette idée car les détenus construisent eux-mêmes leur propre camp.
  2. Le second rôle du travail est de l’utilité, productif voire rémunérateur pour la SS. y a des camps près des carrières (travaux de terrassements). Avant 1939, construction de 40 entreprises dont 1936, la SATP. Les détenus exploitent ces carrières au profit de la SS. A Berlin, Hitler veut transformer la ville et on se sert de ces carrières et des travailleurs pour cela. Le travail reste malgré tout punitif. En septembre 1940, un adjoint du commandant du camp qui apparaît et c’est l’adjoint dédié au travail. Il gère l’organisation du travail.
  3. Temps de la guerre totale : toute l’Europe est en guerre avec deux monstres que sont les États-Unis et l’URSS : tous les moyens doivent être mis en place dans le Reich pour gagner la guerre. On met à profit les détenus des camps pour arriver à ce dessein. Dès 1942, accord pour amener des changements dans l’administration des camps et on met l’accent sur le côté économique des prisonniers. La SS rêve d’usines s’installant dans les camps mais cela ne marche pas. Dès lors, on a une démultiplication des camps : c’est le camp qui va dans l’usine, avec des commandos de travail (1945 : 700 commandos de travail). Il y a une dilatation du système concentrationnaire.

Comment la SS intègre cette dimension économique dans la gestion des détenus ? Le système ne nourrit pas ses détenus, les violente et les transfère dans d’autres camps etc. depuis 1933, les détenus ont une épée de Damoclès sur la tête car peut-être condamné à mort à tout moment. On envoie à la mort des gens qui ne sont plus en capacité de travailler. Ceux qui ne sont plus capables de travailler, on les envoie dans des camps mouroirs comme à Bergen- Belsen. On utilise beaucoup les détenus pour faire des travaux comme creuser des galeries (pour enterrer les usines stratégiques), beaucoup de femmes qui fabriquent les armes.

On a aussi des travailleurs forcés, des travailleurs libres dont des STO qui travaillent sur les mêmes chantiers et qui ne partagent pas le quotidien des déportés !!

Intervention d’Adeline Lee « Les Français de Mauthausen par-delà la foule de leur nom »couverture du livre Les Français de Mauthausen par-delà la foule de leur nom

Les plus grands convois de détenus arrivent vers 1943, puis en 1944 et 1945. Les sources sont bien conservées : on se base sur des documents lors l’arrivée des détenus dans le camp qui sont enregistrés sous forme de cartes de codage (selon la profession exercé, marié, famille etc…) : on a des renseignements précis sur les capacités réelles des détenus au travail. En 1943, il y a une expansion forte du système concentrationnaire de Mauthausen. En Autriche, il y a beaucoup de camps du côté de Vienne et le long du Danube pour des raisons de logistique.

La moitiés des déportés a été affecté dans son emploi pour les fonctions qualifiées et plus on descend, moins l’adéquation est forte. Cela dépend aussi des périodes : c’est surtout le cas en 1943, moins en 1944/45. On forme aussi les gens dans les camps pour qu’ils soient aptes au travail concentrationnaire. Parfois, les nazis cherchent des gens selon une compétence particulière qu’on peut envoyer dans un camp particulier (ex : Jean Durand qui est pathologiste qu’on envoie à Dora).

La question de l’efficacité est difficile à mesurer mais pour ce camp, mineur par rapport à l’économie de guerre de l’Allemagne pendant la guerre. Les femmes sont employées pour des travaux à la chaîne surtout Certains font des travaux administratifs, jardiniers et restaient dans le camp central : étaient plutôt préservés. Cela marche par cooptation et relation.

Les déportés de l’ouest (belges, français) n’ont pas le même statut que les déportés slaves. On conserve des listes avec noms et prénoms pour les 1er mais pas pour les seconds.

Intervention de Laurent Thierry « Le livre des 9000 déportés de France à Mittelbau-Dora »

La Coupole est le centre d’histoire dans le Pas de Calais : à voir !

couverture du livre Le livre des 9000 déportés de France à Mittelbau-DoraAndré Sellier « Histoire du camp de Dora » (1997)

Il a été déporté au camp et est aussi un historien. On est incapable de dire (à ce moment-là) combien de français ont été déportés dans ce cas.

A Dora se situe dans le sud-ouest de Berlin : c’est un ovni dans cette histoire. Sa création est tardive (fin août 1943) Pourquoi ? on veut produire des armes permettant de retourner la stratégie de la 2GM selon Goebbels. En 1936, création d’un centre de recherche de Peenemünde pour étudier les fusées avant de les faire faire à Dora. On y fait venir des détenus de différents camps.

On fabrique des fusées A4-V2 (fusée complexe et les bases de lancement permettront aux américains d’aller dans la lune), utilisées pendant la 2GM, ont été montées là-bas. On a beaucoup de sources dans les archives : des listes d’arrivée, liste d’infirmerie, on peut suivre les détenus presque jour après jour et bloc par bloc.

Au départ, Dora n’a pas de camps et on travaille dans des tunnels. De Septembre 1943 à avril 1944, les détenus vont être logés dans des galeries. C’est avant tout un chantier (90 000 m2) avant de devenir un camp et on fait des travaux de terrassement. Ce sont les Kapos qui surveillent les détenus dans le travail= 50% des détenus envoyés soit 6000 hommes meurent pendant cette période. Les conditions de travail sont telles que les détenus sont davantage une fabrique de malades et invalides : donc pas besoin d’extermination ! On envoie beaucoup de détenus dans des camps mouroirs.

L’Usine Mittelwerk de Dora est effective en juillet 1944. Elle est ultra moderne et les nazis vont en faire un complexe industriel ultra moderne et 40 chantiers apparaissent pour faire des tunnels, des voies ferrées pour envoyer les fusées.

Ellrich-Juliushütte est l’enfer renouvelé. 8000 détenus, de toutes nationalités. 80% des français vont décéder du fait des conditions de travail.

Dora va être le dernier né des grands camps de concentration du Reich. 1/3 des 60 000 détenus qui sont allés là-bas meurent. La production éco majeure est effective en 1943 mais on veut punir et emprisonner les gens : 1er but du camp : tuer les déportés par le travail avant tout.

!! Des travailleurs ont été emmenés aux Etats-Unis par les services secrets américains pour travailler sur le projet Apollo. Les historiens américains font une censure dessus. Procès de Dora en 1947 : toutes les archives sont placées secret défense et non accessibles !!

Intervention d’Hélène Staes qui présente des perspectives pédagogiques liées à cet ouvrage.

Il y a un index pour identifier le parcours de proximité et travailler les migrations de populations. L’index répertorie les déportés par pays et par ordre alphabétique. A travers l’étude d’un déporté de Dora on peut étudier des parcours de résistants, en France ou en Europe.

CNRD : « Répressions et déportations » : on peut faire des formations dessus.