Essentiellement portée par Sylvestre Huet en l’absence de Jean-Michel Valantin initialement programmé, la conférence entendait revenir sur le poids écrasant des États-Unis dans le changement climatique. Leur exploitation sans frein des énergies fossiles très abondantes qui garnissent leur territoire et la conviction profonde qu’il s’agit là d’un de leurs droits les plus profonds (« Le mode de vie américain n’est pas négociable » comme l’avait dit l’ancien président G.Bush père) en constitue la cause principale.

A l’appui d’un graphique, Sylvestre Huet montre qu’une baisse, relativement récente, des émissions de CO2 des Etats-Unis est liée à trois facteurs (une désindustrialisation – avec de fortes importations de Chine ; un glissement de la production d’électricité substituant le gaz au charbon ; une meilleure efficacité des process industriels) ne résultant pas d’une volonté écologique de moins émettre.

Du fait de leur énorme niveau d’émission par habitant et leur désir de n’y rien changer, les Etats-Unis ont détourné les regards en accompagnant la lutte contre la pauvreté dans le Monde quitte à augmenter la consommation et la pollution. La Chine a, par exemple, fortement augmenté ses émissions.

Les chercheurs américains en climatologie ont été pionniers avec, dès 1979, un rapport de recherche contenant l’essentiel de la situation actuellement en jeu (une augmentation de la température de 3 degrés). S’ensuit la décision de Ronald Reagan et Margaret Thatcher de créer le GIEC avec comme arrière-pensée le fait que l’ONU aurait pu gérer ces questions qui leur auraient échappé. Le premier rapport du GIEC est très général par rapports aux écrits actuels qui, résumés de 1000 à 50 pages pour les décideurs politiques, ne sont jamais contestés.

Sylvestre Huet reste pessimiste sur la possibilité de trouver une alternative économique, sociale, écologique et technique au gaz, au charbon et au pétrole qui représentent finalement 80% des énergies mobilisées.

Thierry Paquot propose une lecture différente à l’appui d’une lecture des penseurs de l’environnement ayant écrit dès la fin des années 1800 mais formidablement ignorés que ce soit par Donald Trump ou Joe Biden. A nouveau, l’équilibre entre leur mode de vie et leurs convictions en constitue une forte clé d’analyse.

La climatisation n’est pas indispensable à tout citoyen, des matériaux de construction alternatifs sont utilisables…des réflexions qui sont présentes dans l’esprit de 20 millions d’américains engagés dans le tissu associatif écologique mais dont la traduction politique est absente, écrasée par la dualité entre Républicains et Démocrates. Des pistes semblent se dessiner du côté de l’écoféminisme et du biorégionalisme. Encore faut-il que les américains se sentent suffisamment attachés à la beauté et à la valeur de leur territoire.

Avec Sylvestre HUET «Le climat en 100 questions» (Tallandier) et Thierry PAQUOT «L’Amérique verte: portrait d’amoureux de la nature» (Terre Urbaine) animé par Guillaume FOURMONT