Après une expérience réussie consacrée à la question du « Nous et l’histoire du monde », Patrick Boucheron revient à Nantes accompagné de Mathieu Riboulet afin d’évoquer les années 1970 d’un œil avisé.

Sous la forme d’un entretien d’une heure, l’historien Patrick Boucheron et l’écrivain-réalisateur Mathieu Riboulet se sont interrogés sur les liens entre l’histoire et le théâtre en prenant les années 70 comme point de départ.

Ce n’est pas seulement en plantant ses tréteaux dans le passé que le théâtre intéresse l’histoire. Par la mise en scène elle-même, il propose des mises en présence du passé qui, bien au-delà d’une « reconstitution » historique, rendent sensible et tangible le passage du temps. Quel temps a passé entre les années 70 et nous ? Dans son oeuvre d’écrivain, Mathieu Riboulet ne cesse de fouiller cette question. Encore récemment, dans Entre les deux il n’y a rien (Verdier, 2015), il en fait le principal tourment de son écriture cinglante. C’est aussi le cas de Prendre dates (Verdier, 2015), écrit avec Patrick Boucheron, qui interroge la violence de l’histoire et la possibilité actuelle de se reconnaître en un « nous ». Leur dialogue tentera d’apporter quelques lumières sur notre capacité collective à nous ressaisir de cet autre passé qui ne passe pas, plus récent mais également brûlant.http://www.legrandt.fr/aparte/rencontre-theatre-et-histoire

Complément de trois pièces de théâtre abordant la période 1970-1990 http://www.legrandt.fr/spectacles/des-annees-70-nos-jours-triptyque, cette discussion s’intéresse d’abord à la place de l’expérience personnelle et familiale dans le vécu de la décennie 1970. Patrick Boucheron insiste notamment sur le caractère périssable des archives personnelles. Cette disparition, consécutive de la volatilité des supports d’enregistrements (VHS, radiocassette, pellicule) n’est pas, contrairement à une idée communément admise, un frein à l’activité de l’historien.

Après une lecture du début de l’ouvrage « Entre les deux il n’y a rienVerdier, août 2015 » de Mathieu Riboulet, ce dernier insiste sur la constitution de l’identité par strates. Cette construction par étape, faîte d’oublis, et d’ajouts consécutifs permet de mieux saisir les trajectoires de vie de chacun.

Dans une ancienne chapelle désormais reconvertie en une salle de spectacle d’une centaine de places, cet échange vivant et original s’achève par la lecture des deux dernières pages du dernier ouvrage de l’écrivain. Une expérience intimiste qui ne demande qu’à être rééditée.