Gigantesque foire commerciale et manifestation propagandiste en faveur de la France comme grande puissance coloniale, l’Exposition coloniale de 1906 est aussi un formidable lieu d’expression pour les architectes.
De renommée plus ou moins grande, d’expériences et de talents divers, douze architectes s’y adonnent à l’exercice difficile de construire des palais et pavillons « de féérie » qui soient à la fois pratiques, esthétiques et représentatif de l’architecture du pays qu’ils « incarnent ». A cela s’ajoutent deux difficultés supplémentaires : la première est la rapidité du chantier de construction (il faut que les bâtiments soient construits en moins d’un an) ; la deuxième est que ces bâtiments doivent être éphémères (charpentes métalliques ou ossatures en bois sont habillées de parois en plâtre et décorations diverses en stuc, mosaïque, peintures, etc. ) puisque l’Exposition n’a pas vocation à devenir pérenne.
Le plan d’aménagement général du parc qui, selon l’idée des organisateurs, traduit topographiquement les échanges entre la France et ses colonies (les palais des diverses colonies sont groupées autour du Grand Palais, comme les colonies sont groupées autour de la métropole) est l’oeuvre de Léonce Müller et d’Etienne Bentz, deux architectes très actifs à Marseille par ailleurs.
Albert Ballu, Jean-Emile Resplandy, Auguste-Henri Vildieu, A. Jully, Georges et Jacques Guiauchain ont tous été architectes dans la colonie dont ils ont conçu le palais et sont donc à même de lui donner le caractère exotique et véridique pour qu’il soit « un véritable enchantement pour les yeux du visiteur » qui « se croit transporté dans des régions lointaines au milieu de la végétation luxuriante des régions tropicales ». D’autres architectes, à l’expérience moins « exotique » mais néanmoins solide, comme Henri Deglane, le plus célèbre d’entre eux, complètent l’équipe.
En définitive, l’Exposition coloniale de 1906, si elle n’est pas le laboratoire d’une architecture innovante, n’en reste pas moins intéressante, malgré son caractère éphémère, par la synthèse qu’elle propose entre architecture utilitaire et architecture décorative, architecture monumentale des palais et réalisations plus modestes des pavillons, exubérance exotique et magnificence académique.

L’exposition coloniale de Marseille en 1906