CR de Catherine DIDIER – FEVRE, professeure au lycée Catherine et Raymond Janot à Sens et au collège du Gâtinais en Bourgogne à Saint Valérien.

Que diriez-vous de profiter d’ un été à Paris pour découvrir les dessins d’architectes du Musée d’Orsay et le fonds Eiffel ? De remonter le temps et, par le biais de cette petite exposition temporaire (19/06 au 16/09/2007) et de son catalogue édité à cette occasion, vous replonger dans le Paris des expositions universelles ?
Telle est la proposition que fait le Musée d’Orsay à ses visiteurs en exposant un échantillon de ses collections de dessins, qui, pour des raisons de conservation, ne peuvent être exposés en permanence.

Le petit catalogue, qui accompagne l’exposition, présente en 50 pages l’intégralité des œuvres exposées, ainsi que leur commentaire. Il vient fournir la bibliographie sur le sujet et s’ajouter notamment à l’ouvrage récent, commémoratif de la première exposition universelle (Béatrice de ANDIA. (dir.) Les expositions universelles à Paris de 1855 à 1937. Action artistique de la Mairie de Paris, 2005. En parallèle de cette visite ou de cette lecture, on conseillera au visiteur / lecteur d’aller faire un tour sur le site de la BNF qui consacre un mini-site à l’exposition universelle de 1900.
http://expositions.bnf.fr/universelles/index.htm

Bien avant l’organisation de la première exposition universelle (1851, Crystal Palace, Londres), Paris a pris l’habitude, depuis la fin du XVIII° siècle, d’organiser des expositions présentant les avancées de l’industrie française. De petites manifestations se tenaient à Paris en divers lieux (Cour du Louvre, Place de la Concorde, Champs Elysées). Avec l’essor des transports et des échanges, naît l’idée d’organiser une confrontation pacifiste entre des pays présentant leurs prouesses dans les domaines artistiques, commerciaux et industriels.

Fort du succès londonien et de la « cristallisation » de l’évènement autour de l’immense palais vitré, Paris organise sa première exposition universelle en 1855. C’est un grand succès. Le palais de l’industrie est alors construit (il sera détruit en 1897 pour faire place aux Petit et Grand Palais). L’exposition se dotant d’une exposition des Beaux Arts, il devient nécessaire de construire des bâtiments annexes pour l’accueillir.
Paris accueille entre 1855 et 1900 cinq expositions universelles : 1855, 1867, 1878, 1889, 1900. Au fur et à mesure, l’espace tenu par l’exposition est de plus en plus important : 135 ha en 1900 contre 16 ha en 1855. L’exposition donne de plus en plus de place aux divertissements, au « dépaysement » en présentant les civilisations appartenant aux empires coloniaux des Européens. L’exposition de 1889 est marquée par l’élévation d’un tour de 300 mètres, en hommage au centenaire de la Révolution Française. En 1900, sont érigés les Petit et Grand Palais, ainsi que le pont Alexandre III.

Le catalogue présente, dans l’ordre chronologique, les 49 dessins exposés. La présentation se fait en fonction des auteurs des dessins. Le commentaire des œuvres est constitué d’une courte biographie du dessinateur et d’une description de l’œuvre. En ce qui concerne la Tour Eiffel, les notices sont différentes en raison de la variété des représentations choisies pour illustrer ce monument. Ainsi, l’exposition présente La Tour Eiffel de Robert Delaunay, 1910, une représentation cubiste de la grande dame de fer. De nombreuses pages sont réservées aux œuvres et au projet de Formigé. C’est légitime d’autant plus que ce dernier est moins connu que Eiffel et sa tour. Formigé a érigé deux palais : Palais des Beaux Arts et Palais des Arts libéraux pour l’exposition de 1889. Ceux-ci se caractérisent par leur polychromie présente à travers les céramiques, les peintures des armatures de fer où se déploie le « bleu Formigé ». La dernière partie du catalogue est intéressante. Elle soumet au lecteur les propositions de projets pour l’exposition de 1900. Certains architectes prévoient d’y raser la Tour Eiffel alors que d’autres l’incluent dans leur aménagement du Champ de Mars. Eiffel ayant négocié un bail d’exploitation de 20 ans, la tour reste en place. C’est un privilège rare dont n’ont pas bénéficié la plupart des œuvres vouées, dès le départ, à n’être qu’une architecture temporaire.

L’absence de l’exposition parisienne de 1937 interroge. Faut-il y voir une exclusion liée au fait que le Musée d’Orsay soit le musée du XIX° siècle ? Dans ce cas, le titre de l’exposition est trompeur. Il ne présente pas de bornes chronologiques et tend à faire croire que l’on traitera de toutes les expositions parisiennes.
Cette exposition, comme le catalogue, est limitée par le parti pris de présenter des dessins d’architectes. Ceux qui pensaient assister ou lire une œuvre de synthèse sur ce thème seront déçus. Mais, la forme et la place consacrée ne permettaient sans doute pas d’aller plus loin. On regrettera l’absence de photographies prises à l’occasion des expositions universelles. Il aurait alors été possible de comparer dessins d’architectes et réalisations.

Quoi qu’il en soit, le thème des expositions universelles est facilement transposable en classe. Le caractère temporaire (qui plus est pendant les grandes vacances scolaires) de l’exposition ne permet pas d’envisager d’y emmener des classes. Toutefois, en classe de 4° et de première, l’enseignant peut développer le thème de ces grandes expositions. Un exemple de mise en œuvre pédagogique est proposé sur le site à l’adresse suivante dans le cadre d’une sortie scolaire au Musée du Quai Branly.