Les Clionautes se sont associés le 26 décembre 2023 à la tribune publiée dans le journal Le Monde, cosignée par Jacques Attali (écrivain), Blanche Cerquiglini (éditrice et maîtresse de conférences associée), Loris Chavanette (historien et enseignant), Annie Ernaux (Prix Nobel de littérature), Emmanuel Pierrat (écrivain).

Après les assassinats de Samuel Paty et de Dominique Bernard, le corps enseignant, dans l’exercice de ses missions, doit être célébré par la communauté nationale par son inscription dans le marbre du parvis des Droits de l’homme. C’est là notre souhait, soumis au Président de la République, Emmanuel Macron. 

Le parvis des Libertés et des Droits de l’homme

Le parvis est situé sur l’esplanade du Trocadéro dans le XVIème arrondissement, face à la Tour Eiffel, entre le Musée de la Marine et le Musée de l’homme d’une part et la Cité de l’Architecture et du patrimoine d’autre part. C’est François Mitterrand qui, en 1985, donne ce nom de « parvis des Libertés et des Droits de l’homme ». Le premier article de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, « les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits », est d’ailleurs inscrit à même le sol pour l’occasion.

Il faut dire que l’endroit est très relié à l’histoire de nos libertés. Le 10 décembre 1948, le palais de Chaillot, qui accueillait la 5ème session de l’Assemblée générale des Nations Unies, fut le lieu de naissance de la Déclaration universelle des droits de l’homme. 

Depuis, plusieurs présidents de la République ont fait ajouter des inscriptions comme autant de signaux forts adressés à tel ou tel aspect de la cause des libertés. Par exemple, en 1987, sur initiative du fondateur d’ATD Quart-Monde, le père Joseph Wresinski, un texte d’hommage aux victimes de la misère était gravé dans le marbre. En 2004, une autre inscription rappelait le juste engagement des journalistes et professionnels de l’information pour la vie de la démocratie. Un autre message, sous François Hollande en 2016, rappelait le sort des personnes handicapées mortes sous l’Occupation. 

Les enseignants et le parvis

La contribution de notre métier à l’apprentissage de la liberté, à l’émancipation de tous, à la diffusion du savoir et à l’éducation civique n’est plus à démontrer. Nous avons perdu en moins de trois ans deux collègues, Samuel Paty et Dominique Bernard, tués parce qu’ils étaient enseignants, dans l’exercice de leur mission.

Au quotidien, au-delà de ces deux cas particulièrement tragiques, on ne compte plus les enseignants et personnels de l’éducation qui ont été insultés, menacés ou frappés. À l’heure où le champ civique de nos métiers ne cesse de s’élargir, il est essentiel que notre pays reconnaisse symboliquement notre valeur professionnelle et notre remarquable apport à la cohésion nationale.

C’est le sens de cette tribune que de proposer au chef de l’État d’ajouter une nouvelle ligne pour les professeurs sur ce parvis.

Nous espérons vivement être entendus.