Entre les équipes du Musée maritime de la Citadelle et celle du Musée de l’Annonciade, le village du luxe offre un parcours culturel d’une grande richesse ! À découvrir d’urgence !

Marins et soldats de l’Empire

Dans le cadre du Bicentenaire de la mort de Napoléon avec le soutien du Souvenir napoléonien et du musée de Fréjus, Laurent Pavlidis et son équipe sont partis à la recherche des soldats de la liberté, marins et soldats de la République et de l’Empire originaires du golfe de Saint-Tropez. Ils ont fouillé les archives de Vincennes, du département du Var et les archives communales pour retrouver la trace de milliers d’hommes, étudier 350 destins et réaliser une exposition en utilisant douze d’entre eux, dressant un panorama à hauteur d’hommes de l’Empire.

Ville de marins où la conscription dans la Marine était pratiquée au XVIIIe siècle, la plupart des hommes continuent à participer aux conflits sur les mers, devançant parfois largement l’appel puisque la Marine accepte l’engagement dès 14 ans. Mais la conscription universelle et obligatoire de 1798 et les défaites d’Aboukir et de Trafalgar envoient de plus en plus d’hommes dans les armées de terre dans toute l’Europe.

Grâce aux fragments de vie de ces soldats et marins, toute l’histoire de l’Empire reprend sa réalité, dans sa gloire, ses difficultés et ses drames individuels et collectifs. Il s’agit d’une entreprise classique pour la première guerre mondiale, où les célébrations du centenaire ont mis en lumière les destins individuels des poilus, mais très rare sur cette période malgré les sources disponibles. Entre histoire et mémoire, cette exposition est une invitation au public à retrouver la mémoire et à se réapproprier l’histoire au niveau local.

Douze destins au service de l’Empereur

Les douze destins choisis permettent d’aborder toutes les formes d’engagement sous la République et l’Empire. Une toise rappelle dès l’entré que la taille conditionne – ou limite- l’affectation des hommes. La première pièce rappelle le destin de Tropéziens célèbres, comme le général Allard, toujours très présent dans la mémoire locale. Mais ensuite, l’exposition se concentre sur les anonymes remis en lumière, et innove en proposant un parcours de recherche au visiteur, invité à choisir l’un des hommes, rendus vivants par leurs noms, dates et lieux de naissance et de décès et par une proposition de portrait. Pour partir à la découverte du destin choisi, il faut ensuite chercher dans l’exposition où sont les panneaux qui lui sont consacrés. L’immersion dans le passé est renforcée par le choix d’un récit en forme autobiographique, en s’appuyant sur les sources. Les vies sont ainsi découpées en 5 à 7 panneaux dispersés, impliquant une recherche constante du visiteur et le forçant à passer devant les différents artefacts exposés et maintenant un suspens permanent sur ce qui a pu arriver. Des panneaux proposant une analyse, des définitions, ou un témoignage sont intégrés au parcours apportant des remises en contexte et des approfondissements très bienvenus. Les documents d’archives présentés sont émouvants (lettre au maire de Saint-Tropez rapportant le décès d’un soldat par exemple), les artefacts, peu nombreux, ont été choisi avec un souci pédagogique évident et permettent de visualiser et de comprendre les explications : reconstitution de la bataille d’Aboukir, maquette d’une frégate ou d’un chebec, coupe d’un bateau, décomposition de la poudre à canon, pistolets d’honneur, buste de l’Empereur, médaille de Sainte Hélène par exemple.

Nobles, négociants, bourgeois, artisans, enfants trouvés ou paysans avant l’engagement, morts, demi-soldes ou sénateurs après l’Empire, de l’Italie à Waterloo dans le dernier carré de la Garde, en passant par l’Egypte, la Prusse, l’Autriche, l’Espagne, la Russie et l’Ile d’Elbe, nos douze Tropéziens sont partout !

Une exposition sans hagiographie

Il ne s’agit en aucun cas d’une entreprise hagiographique, au contraire. La diversité des opinions et des choix, avec leurs nuances sont très bien abordées : Certains sont des opposants à la Révolution, comme le jeune Suffren, qui choisi l’émigration et dont l’état des biens, vendus par la Nation, est présenté dans les vitrines. D’autres, après avoir été proche du Consul comme Sibille ose critiquer l’Empereur et voit leur carrière stoppée nette. L’un des soldats choisi de déserter. L’autre est un espion.

Chaque destin est la fois unique et emblématique, amenant une envie d’en apprendre plus à chaque fois renouvelée. Une magnifique exposition !