Après d’importants travaux, le musée d’Art moderne de Paris inaugure ses nouveaux espaces avec cette rétrospective exceptionnelle de l’artiste allemand Hans Hartung (1904-1989). Précurseur dans l’émergence de l’art abstrait, ce créateur peu connu, s’installe en France dès 1926 où il fréquente Fernand Léger et Picasso qu’il admire. Photographe, architecte, dessinateur, céramiste et coloriste, Hans Hartung est reconnu comme le chef de file de l’art informel où le processus créatif prévaut sur l’œuvre, ou la recherche du geste est associé aux multiples supports et aux matières utilisées. Il annonce l’Arting Painting de Pollock. Pierre Soulages le considère comme son mentor. 300 œuvres sont présentées dans un parcours chronologique divisé en quatre sections. Les cimaises curvilignes présentent harmonieusement les travaux variés de cet artiste touche à tout.

« Vers l’abstraction » (1904-1939) montre les débuts d’un passionné qui copie les maîtres comment Rembrandt mais aussi Nolde ou Kokoschka, tout en gommant la forme des objets. Ces « tâches » sur ses aquarelles l’orientent vers l’abstraction. Seuls comptent la force du trait et l’emploi de la couleur.

« Peindre à tout prix » (1940 – 1956) explique les difficultés matérielles de l’artiste jusqu’en 1945, année où il revient à Paris, invalide (perte d’une jambe) et dans un grand dénuement. Désormais, Hans Hartung adapte sa manière de créer à ses contraintes physiques. Il pratique le report en s’appuyant sur ses dessins antérieurs. Son style calligraphique plus ample montre un emploi accru du noir sur fond coloré. Désormais de petit format, les œuvres sont exécutées avec des assistants qui l’aident à préparer le châssis ou à passer la couleur, ce qui accélère sa production, souvent en papier à l’encre de Chine parfois reportées sur toile composant des peintures dites « palmées »

« Agir sur la toile » (1957 – 1970) 

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A partir de 1960, Hans Hartung expérimente la pulvérisation avec des outils divers comme le spray, l’aérosol ou des équipements de carrossiers. Il déploie le format polyptyque aux couleurs industrielles faciles à diluer avec un séchage rapide. Il obtient des effets de halos, de nuées et de gouttelettes figées. Sa gamme colorée restreinte joue sur les tons froids et acides : le bleu, le vert turquoise, le brun et le noir. L’artiste utilise aussi le grattage après avoir superposé des couches de peinture. Cette technique qui consiste à enlever de la matière fait écho à la xylogravure et à la lithographie qu’il pratique par ailleurs.

 

 

« Le geste libéré » (1971 – 1989)

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A Antibes, les expérimentations prennent une autre dimension dans deux ateliers dont un à ciel ouvert. Dans sa propriété, Hans Hartung loge des assistants afin d’élargir sa production. Sur des supports multiples, l’artiste projette, gratte, abrase, brosse, pulvérise grâce à des instruments divers comme le pistolet ou la sulfateuse à vigne. Les dernières années montrent une fureur de peindre qui s’exprime par des projections sur grand format sans contact avec la toile comme le dripping de Pollock. Le peintre travaille sans relâche même la nuit dans un univers musical baroque, avec une euphorie de création qu’il a recherchée toute sa vie.

Si l’exposition s’achève bientôt, il est toujours possible de se plonger dans le catalogue qui permet d’apprécier le corpus si varié (15 000 œuvres) de cet artiste précurseur.