Intervenants :
Olivier Parent (O.P) : Directeur d’études prospectives- Le Comptoir Prospectiviste , éditeur du magasine Futur Hebdo ,  Chaîne youtube : Ce que les films de Science fiction nous disent sur demain
Thibault Renard ( T.R) : Senio advisor- Cybercercle ( animateur et modérateur)
Thibault Cheneviere ( T.C) : Adjoint au maire, en charge du numérique et du commerce – Ville de Pau

Vous trouverez ci-dessous quelques propos linéaires de la discussion entre les trois intervenants. Un régal pour les amateurs de sciences fiction et de prospective !

Introduction de Thibault Renard :

Il s’agit d’une discussion consacrée à la prospective, rythmée par 4 extraits de films.
La Science-fiction nous questionne sur le présent et nous projette dans l’avenir… Les extraits sont centrés sur les différents thèmes et styles de la science fiction.

Partir dans le futur en restant dans le présent… Tel est l’intérêt de la prospective. Penser le futur pour le futur n’est pas intéressant, car il ne sera pas identique à ce qui est énoncé… ( O.P)

Une définition de la science-fiction

O.P : La SF fait partie des récits imaginaire. La capacité de créer à partir de mots, c’est propre à l’Homme.

Il a évolué en partant de la cosmogonie, mythologie puis récit politique. Un tournant à considéré est la Révolution industrielle avec différents auteurs, Marie Sheller Frankensteine, Verne, HG Welles. A partir de l’entre-deux-guerres et la SGM : explosion de la science fiction.

Via un tableau à retrouver sur  futur Hebdo

Tout part de l’histoire, une base les uchronies et les voyages dans le temps ( Voyageurs imprudents de rené Barjavel) . Puis se développent différents thèmes : la présences de robots ou d’intelligence artificielle, la vie extraterrestre, la fin du monde,…

Frank and robots  ou l’adaptation générationnelle

T.R : Un fils offre un robot à son père atteint d’Alzheimer.  L’adaptation peut ne pas être générationnelle.

O.P : Capacité ou non de l’homme à interagir avec la machine. La question générationnelle : l’informatique est un rapport inné ou qui s’acquiert.  Il faut porter un regard sur la technologie qui n’est pas une valeur morale, mais se questionner sur ce qu’elle peut-elle apporter quelque chose  de plus dans la culture humaine, effets sur les relations. Ne pas s’attacher aux déséquilibres, mais sur le positif, en ayant à l’esprit que tous les excès sont néfastes

T.C : La fracture numérique touche les séniors, mais aussi les jeunes. Cela peut être innée mais seulement partiellement, ce n’est pas forcément un outil de travail ou de divertissement. Le confinement a accéléré le rapport  au numérique

500 élèves sur 4000 ont eu des cours imprimés car ils n’ avaient pas de connexion internet ou d’outils.  Comment le numérique peut intégrer la classe comme un plus dans un programme pédagogique sans prendre trop de place dans le parcours de l’élève.

O.P : Peu importe l’âge parfois il peut y avoir un décrochage vis-à-vis de l’adaptation au numérique, qui est très rapide et liée à la fracture du milieu donc pas de moyen donc pas de matériel.

T P : film qui de bonnes questions, tout seniors adaptation. Fil qui pose la question de la mémoire. L’avenir du protagoniste est dépendant de la mémoire. SF proche car cela se situe à notre époque.

T.C : Le robot c’est la puissance de la technologie, mais notre cerveau qui n’a pas évolué depuis 100 000 ans contrairement à la technique. Cela poste la question de la dépendance cérébrale à la technologie.

O.P : Ce qui fait notre force en tant qu’humain, c’est notre cerveau qui est plastique est malléable. La société de consommation peut nous inciter aux grégarismes. Il faut garder en tête que notre cerveau est agile.

Extrait de la série Black Mirror ou la hiérarchisation sociale

T.R : La publicité s’adapte en permanence à la protagoniste. Elle veut rejoindre une communauté alors qu’elle en est inférieure.  Dans ce film : on est tourné vers l’apparence. C’est une société du spectacle poussée à son maximum. La question d’adaptation concerne ici la classe sociale . 

O.P : Cela se rapproche de ce qui se passe en Chine, pour avoir accès aux  services publiques. L’adaptation est liée à un espace, à des comportements.

T.C : La Chine est la version autoritaire de l’Extrait. On nous l’impose dans une certaine façon, avec le Règlement Général sur la Protection des Données : l’exploitation poussée à l’extrême de données personnelles, de notre cerveau, pour rentrer dans le moule.

T.R :Ce qui est intéressant de l’extrait, c’est l’asservissement de l’humanité.

T.C : La publicité est ciblée depuis le début : tel est l’exemple du Real Time Bidding (dispositif des enchères des données personnelles  des internautes . Les annonceurs s’arrachent nos profils pour nous balancer des publicités ciblées. Et se pose la question de la distanciation vis-à-vis de ces phénomènes.  Face à la puissance des entreprises du numériques, il faut se battre intellectuellement.

O.P : La Règlementation Générale sur la protection des données européenne émane de la Commission Nationale de l’informatique et des Libertés française qui date de 1978, et c’est un véritable engagement européen, un acte politique. Le Top down nécessaire, nos politiques ne peuvent pas seulement être connectés par la force du marché. Les entreprises multinationales de l’informatique ( GAFA, BATX,…)  se plient à cette contrainte  car il y a tout de même 1,5 milliards de citoyens.

T.C : Facebook  : 45 milliards de chiffres d’affaire dont 98% régie pub elle-même générée à 100% par nos profils.

TP : Aux USA : le  transhumanisme  est un concept présenté comme un humain augmenté, mais  quand on creuse à peu : il s’agit surtout d’une accroche à un modèle économique.

O.P : D’où la nécessité d’une volonté politique.  On peut parfois aller dans certains travers, bien illustré par la série black Mirror dans son ensemble. Il est intéressant de voir les tensions qu’il y a dans différents domaines, tel que le e-commerce. Quel avenir voulons-nous ? Un déterminisme darwinien ou d’autres moteurs : une attention politique comme peut la porter l’Europe.

T.C : Il est question de l’éducation, de la législation, de la règle. L’éducation au numérique  est essentielle pour y voir les limites, développer le regard critique,  comprendre l’utilité de son fonctionnement. La démocratie  est bousculée par des géants du net qui n’ont pas l’intérêt générale en tête. Il faudrait  donc un modèle général européen.

Extrait du film Ready player One : La fuite ou l’adaptation ?

T.R : Dans la science-fiction la ville est toujours présentée sous forme de mégapole. Colombus est la plus grande ville au monde. Clin d’œil à Franck and robots. Les gens ne bougent plus de chez eux. Les enfants sont dans leur monde. Deux mondes coexistent : l’urbain et le virtuel. Une seule femme s’affaire au jardinage contrairement à F et robots. : Renoncement de résoudre les problèmes, mais seulement s’y faire.  Ce qui conduit à la création de l’Oasis : une véritable réalité virtuelle où il n’y a plus aucune limite. Le monde réel est  limité, donc toute la population préfère s’enfuir.

O.P : Jubilation de références à des rêves et des jeux qui datent des années 1980 et 1970.

TC : Volonté de tout l’opposé dans le monde réel. A Pau, on a imaginé la ville en 2030. Il y a de plus en plus de gens voulant habiter dans des villes de taille moyenne. Vision en 3D avec les architectes et imaginer les espaces de demain. Dans le film on se réfugie car il n’y a pas de réussite. Un parallèle peut être fait entre le travail de prospective et d’urbanisme. Dans 2 ans les images de Pau seront différentes et, il existe une  volonté d’accompagner le changement dans la ville.  En province, la ville de demain ne ressemblera pas au film. Pour les politiques, il faut mener une transition verte et technologique.

A Pau, le débitumage des cours d’école est en cours et la ville à , investit dans le « vert »  avec la plantation de 25000 arbres.  Il existe une réelle volonté d’avoir des villes vertes, et pour les populations une volonté d’y vivre. C’est bien là le défi des villes moyennes.

O.P : Dans les espaces virtuels on ne peut pas… Dans le film, on perçoit l’abandon au privé et du réel. L’appropriation appartient au privé.  Dès lors, Doit-on abandonner notre identité virtuelle dans le monde virtuel ?

Valérian : début en 2020 : l’avenir se construit ensemble

T.R : Le film propose une vision très positive d’un monde qui se construit en commun. Un futur qui se construit en commun. Une véritable construction politique d’un projet commun. La question : quels projets pour construire un futur commun ?

TC : La présidence Trump tout a été balayé. Le seul projet commun global est  : l’environnement à l’échelle du monde. Le projet européen peut aller dans ce sens. Les sujets avancent difficilement avec quelques projets qui nous ramènent en arrière. Le seul intérêt est le progrès humain. Il faut préserver ce que nous avons à portée de main.

O.P : Notions du projet commun avec le serrage de mains dans le film. Au début du film, la coexistence est visible. Sur Terre, il faudra reconstruire le multilatéralisme. Reconstruire l’Europe via le chemin du cœur sans passer par les moyens technocratiques. C’est un très gros enjeu. Le principal moteur de la coexistence dans le film : c’est le shopping…  Comment construira-t-on l’avenir de l’humanité ?  Notamment avec la Chine qui montre son propre rapport à la vie, dans le monde.

Questions des festivaliers  : 

Existe-t-il une série de science fiction à la française ? La Science-fiction est-elle culturelle?

OP :  Il n’y a pas d’équivalent forcément d’équivalent en français, malgré des tentatives. La science fiction répond aux questions et aux angoisses du temps présent. On peut citer pour la culture américaine avec Asimov, anglo saxonne, et l’Eternaute  de Héctor Oesterheld écrit durant la dictature militaire en Argentine… L’Afrique émerge avec une SF technologique et écologique : l’avenir de l’humanité passera surement par l’Afrique et sortir du bourbier post colonialiste et le tracé des frontières du XIXe siècle. Par conséquent la science fiction n’est pas seulement européenne. Elle fait partie des récits d’imagination et est une manière ludique pour aborder les questions d’avenir.

Conclusion de Thibault Cheneviere  :

Le fractionnement de notre famille humaine  s’accélère avec les technologiques. Il serait souhaitable  que nous travaillions  ensemble  afin de reprendre notre destin en main, car la technologie est un formidable outil à condition d’en garder la maîtrise. La mobilisation peut se faire grâce à l’éducation au numérique. Et dans les collectivités, il faut : imaginer, construire et innover.

En somme, une discussion dynamique de passionnés et qui ouvre de belles pistes de réflexion sur notre capacité à nous adapter, mais aussi à prendre de notre créativité les plus belles idées pour anticiper et construire le futur…