La disparition de l’histoire-géographie-ICM à l’écrit du CRPE est un sujet grave de mécontentement auprès des formateurs mais également des étudiants, conscients que la diversité de leurs parcours universitaires a fait naître une grande diversité de connaissances mais également de sérieuses carences, notamment dans des matières auxquelles ils n’ont pas été assez attentifs dans leur parcours de lycéens.

Une remise à niveau demeure indispensable, car si les candidats ont des bases lacunaires en histoire et en construction du temps, ils sont parfois encore plus en retard en géographie, même en repérage de bases en France, matière négligée durant leurs études. Ils ont du mal à concevoir l’espace et les échelles des phénomènes. Quant à l’Education morale et civique, ils distinguent mal les valeurs, les concepts, ne savent pas expliquer correctement la Déclaration des droits de l’homme par exemple, ou peinent à parler de l’Union européenne. Nous constatons une inadéquation entre le concours et les acquis réels des candidats. Les sujets de dossier à l’oral du CRPE qui demandent des connaissances scientifiques et curriculaires, semblent bien au-dessus du niveau acquis avec seulement de l’ordre de 18 heures annuelles de cours à l’ESPE. Aucun candidat n’a d’ailleurs pris ICM à l’oral du dossier de concours. Les formateurs ont peu apprécié une réforme des concours et des études qui se fasse sans information préalable, sans document fiable, où les ouvrages proposés par les éditeurs donnaient la norme que le Ministère n’avait pas définie. Les formateurs s’interrogent encore sur les finalités de ce qu’il faut enseigner pour le nouveau concours en HG-ICM (contenu et méthode).

Carences de la formation pour le niveau primaire

A la très faible offre de formation en quantité (seulement 18 heures annuelles généralement découpées en 6 conférences « frontales » de 3 heures) s’ajoute également un problème de qualité. Souvent, les IEN et CPC de la circonscription ne peuvent être compétents dans tous les domaines. Les 18h d’animations pédagogiques sont essentiellement consacrées à la maîtrise de la langue voire aux mathématiques, quelquefois aux sciences, quand l’IEN est chargé en sciences pour le bassin. En réalité, il s’agit même de 15h car 3 heures sont chaque année consacrées à une réunion plénière. Les CPC ne sont pas spécialisés sauf en EPS, arts visuels et musique, anglais, autrement dit l’histoire et la géographie reviennent aux CPC généralistes mais cela n’est pas forcément une priorité pour eux avec la multiplicité de leurs missions. Ces 18 heures d’animation ont même d’ailleurs été portées à 9 heures cette année avec la mise en place d’une formation à distance, M@gistère. Les enseignants s’en inquiètent car ils ne savent pas comment cela va fonctionner, quels contenus vont être proposés et surtout s’alarment d’un isolement et d’une déshumanisation de leur métier, en effet, les animations étaient un moyen pour eux de se rencontrer, d’échanger sur leurs pratiques.

À ces défauts s’ajoute l’impossibilité d’aller voir ce qui se passe en dehors de sa propre circonscription, voire de son bassin, alors que parfois, en zone urbaine, les locaux des IEN regroupent plusieurs circonscriptions, ce qui n’occasionnerait pas de frais de transport pour l’enseignant désireux de suivre une conférence dans une autre circonscription que la sienne. Il faut aussi signaler une sérieuse différence de traitement par rapport aux collègues du secondaire; travaillant tous les jours et bientôt une nouvelle demi-journée, il apparait difficile de participer à des formations plus longues et plus lointaines.

La formation continue par le biais de stage est également en perte de vitesse avec la refonte de la formation des futurs enseignants. En effet dans les années 2000, les stagiaires devaient effectuer 2 stages de 4 semaines ce qui permettait aux enseignants titulaires de partir en stage de formation (stages très variés histoire, géographie, musique et autres…); cela n’est plus possible aujourd’hui.

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