Samuel Paty, professeur d’histoire-géographie, a été assassiné le 16 octobre dernier. L’académie de Versailles recrute un contractuel pour un remplacement en passant par pôle emploi.

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On aurait du croire à un montage, mais le lien est bien réel. L’académie de Versailles recrute un contractuel dans un collège de Conflans-Sainte-Honorine,

L’Académie de Versailles recrute professeur/professeure pour enseigner l’histoire géographie au collège du Bois D’Aulne à Conflans Sainte Honorine (78)

Samuel Paty recruté par pôle emploi, l'annonce indécente
c’est bien le collège du Bois d’Aulne à Conflans-Sainte-Honorine qui propose un poste de contractuel en histoire-géographie

Il s’agit de remplacer un poste vacant, ce qui est évidemment fréquent, en faisant appel à un personnel recruté directement par les rectorats après un entretien préalable. Mais en l’espèce il ne s’agit pas de n’importe quel poste. Et il ne s’agit pas de n’importe quel collège.

Il s’agit bel et bien de ce collège dans lequel un de nos collègues, Samuel Paty, a été assassiné en fin de journée, le 16 octobre dernier.

On appréciera, mais le temps n’est pas vraiment à l’humour, la mention « débutant accepté ».

Sans concessions ni faiblesses !

Que l’on cherche à remplacer un collègue, cela se comprend bien évidemment, mais comment imaginer que les services de l’académie de Versailles en charge de la gestion des ressources humaines ne se soient pas posés la question une seule seconde, de l’effet que pouvait avoir cette annonce ?

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L’annonce de pôle emploi retirée à 15 h 15 le dimanche 29 novembre

l'académie de Versailles réagit sur Twitter dimanche 29 novembre à 15h15
l’académie de Versailles réagit sur Twitter dimanche 29 novembre à 15h15

 

Comment imaginer ?

Comment imaginer que la dizaine d’inspecteurs pédagogiques régionaux de notre discipline, exerçant dans l’académie de Versailles, et donc en charge du recrutement des contractuels, n’aient pas été interrogés à ce propos ?

Mais dans ce cas d’espèce, le pire n’est pas seulement probable mais certain.  Nous avons bien là la démonstration de l’existence de services « hors-sol », déconnectés de la réalité du terrain.

Le poste de Samuel Paty n’est qu’une variable qu’il convient d’ajuster, et l’objectif est évidemment de tourner la page, sans imaginer les conséquences à long terme de ce qui s’est produit dans cet établissement.

Les discours lénifiants sur « l’école de la république » sonneraient-ils creux ? Une technostructure sans âme se chargerait-elle de faire tourner une machine qui n’a plus aucune considération pour l’humain ?

On peut comprendre que les candidats ne se bousculent pas au portillon pour prendre ce poste, surtout lorsque l’on annonce une fourchette de salaire suffisamment large pour laisser place à l’interprétation. Mais au-delà du salaire, c’est bien d’un poste à profil qu’il s’agit.

Quel héritage devra porter celui qui remplacera Samuel Paty ?

Comme d’habitude, pour ne pas dire tout le temps, on se contentera de lâcher un contractuel dans le grand bain.

Notre préoccupation n’est pas de dénoncer ce qui relève bel et bien d’une forme d’inhumanité en matière de gestion des ressources humaines, mais en tant qu’association de spécialistes de l’enseignement de l’histoire et la géographie, et dans le contexte de Conflans-Sainte-Honorine, nous avons des questions à poser.

Sera-t-il accompagné ? Recevra-t-il une formation spécifique ?

Nous aimerions bien avoir quelques certitudes

L’enseignement moral et civique ne s’improvise pas.

Assumer cette mission c’est vouloir clairement poursuivre sur la voie que Samuel Paty a pu tracer, celle d’un enseignant qui a refusé tout compromis sur la liberté d’expression.

Peut-on se contenter d’un « débutant accepté » au détour d’une annonce sur pôle emploi ?

Quelle image donne-t-on de notre métier de professeur d’histoire géographie, passeur de savoirs et éducateur à la citoyenneté ?