L’imaginaire et les empires : une association qui s’est imposée comme une évidence à mes yeux. Le sujet est immense et mériterait assurément un livre entier (une idée pour le futur ? Qui sait …). Cet article a pour modeste ambition d’explorer quelques pistes qui me semblent fructueuses. Il s’adresse autant aux collègues qui voudraient essayer d’exploiter la pop-culture en classe qu’aux esprits curieux, geeks ou non. Mais si vous lisez ces quelques phrases et que vous arrivez au bout de la démonstration, sachez qu’en vous sommeille un geek qui s’ignore peut-être !

 

Au début fut Robert E.Howard et Conan

 « Know, O prince, that between the years when the oceans drank Atlantis and the gleaming cities, and the years of the rise of the Sons of Aryas, there was an Age undreamed of, when shining kingdoms lay spread across the world like blue mantles beneath the stars – Nemedia, Ophir, Brythunia, Hyperborea, Zamora with its dark-haired women and towers of spider-haunted mystery, Zingara with its chivalry, Koth that bordered on the pastoral lands of Shem, Stygia with its shadow-guarded tombs, Hyrkania whose riders wore steel and silk and gold. But the proudest kingdom of the world was Aquilonia, reigning supreme in the dreaming west.[1] »

Il est entendu que tout le monde lit l’anglais donc je ne traduis pas. Ceci vous pose un problème ?

 

Je voue un culte à Crom et il n’aurait pas été possible de ne point introduire les aventures du Cimmérien né sous la plume d’un Texan au tournant des années 30. En guise d’amorce je partirais donc du prologue du film Conan le Barbare de John Milius de 1982, adaptant les aventures du cimmérien créé par Howard.

 

L’accroche peut troubler tant ce personnage et ses diverses adaptations ont été caricaturées par nombre de critiques « académiques » ou à tout le moins désireuses de traiter de la pop-culture comme d’un sous-genre sans intérêt. Pourtant à travers les nouvelles de Howard, les déclinaisons en comics, en films, jeux vidéos, cette franchise s’est assurée une place de choix dans les imaginaires des Geeks.

Une cinématique introductive du jeu « Age of Conan » qui mériterait assurément une analyse plus poussée …

 

J’y vois ainsi au contraire l’occasion de prendre le contre-pied des approches simplistes sur ce tas de muscles qui « frappe, vole, frappe, parle peu, vole, et frappe » (ce qui est à peine caricatural selon certaines critiques). Mon idée est de montrer que le thème des empires qui s’effondrent est récurrent dans de nombreuses œuvres de fantasy et quoi de mieux que de revenir en amorce au texte de Robert E. Howard et à son adaptation par John Milius ! Des âges oubliés, des royaumes et empires déchus, des moments de gloire et de bataille jusqu’à la décadence inéluctable, autant de représentations que nous allons pouvoir questionner et mettre en perspective.

 

L’imaginaire pour aller au-delà des fantasmes

La figure de l’empire, de sa naissance à sa destruction est un levier puissant de nos imaginaires, y compris politiques. Réfléchir sur l’empire permet d’appréhender ses diverses formes prises au cours du temps dans l’exercice du pouvoir, dans leurs limites. L’empire, le pouvoir impérial sont autant de termes qui sont utilisés avec facilité alors qu’une définition rigoureuse doit guider leur emploi. Le passé  n’offre assurément pas de modèle à reproduire mais permet de questionner les rapports de force, les facteurs internes et externes alimentant croissance et déclin des puissances ayant dominé une partie du monde. L’imaginaire nourrissant la pop-culture s’est emparé dès sa naissance (pour simplifier à l’extrême aux tournants de la fin du XIXè et du début du XXè) de ces axes d’étude, se nourrissant de l’histoire, du moins des représentations héritées de certains discours historiques et politiques, à travers des œuvre variées mais dont il est possible de mettre en avant certains archétypes.

C’est ainsi que je vous propose d’explorer à mes côtés trois chemins empruntés par l’imaginaire des empires : la vision des temps anciens en Fantasy, la dimension expansionniste à travers les « Space Opera » et, enfin, la vision ludique de la puissance et des empires à travers les jeux video de stratégie.

Ceci fait, voici une proposition de problématique pour cette exploration :

En quoi les visions véhiculées par les œuvres de l’imaginaire permettent-elles de comprendre nos représentations des empires ?

Les approches que je propose ne sont pas destinées à être toutes utilisées en classe. Il s’agit de lancer des pistes, il appartient donc à chacun de faire des choix selon les envies et les problématiques envisagées.

 

I – La vision des splendeurs passées en fantasy

A – Tolkien, un exemple majeur du lien entre histoire et fantasy

Tolkien est loin d’être le seul auteur à avoir permis à la fantasy de prendre la place qui est la sienne aujourd’hui dans la culture populaire. Néanmoins c’est sans doute l’auteur qui sera le plus connu des élèves (et encore, les expériences passées dans l’ancien enseignement de découverte Littérature et Société avaient parfois de quoi faire peur quant à la culture « geek » des élèves), grâce aux films de Peter Jackson.

*Activité : analyse d’un extrait narratif du Seigneur des Anneaux, la Communauté de l’Anneau, expliquant la formation des anneaux et la trahison de Sauron.

Il est intéressant de noter le vocabulaire et les références aux luttes pour la puissance, pour la domination de territoires et de populations. L’imaginaire est ici clairement guerrier.

 

L’analyse de l’œuvre de Tolkien permet de mettre en avant quelques points saillants : c’est une histoire sur le temps court qui s’inscrit dans un temps beaucoup plus long. Il serait possible de partir de cette excellente présentation chronologique de l’univers de la Terre du Milieu :

 

C’est cependant trop long et sera laissé aux élèves sur Pearltrees pour égayer leurs soirées. Que retenir ? Que les âges se sont succédé (Ier âge, Second âge, Troisième âge) avec leur lot d’effondrements et d’affrontements  d’empires (ceux des Nains, des Hommes, des Elfes, des Orcs etc) pour la domination du monde. Des alliances ont pu se forger, des coalitions aussi, au service d’une puissance dominante. Il est aussi intéressant de faire remarquer que les traces laissées par ces moments sont grandioses : ruines, statues gigantesques, cités plus ou moins abandonnées : le déclin est en effet souvent une approche centrale de ces récits.

B – Empires passés, empires fantasmés

C’est un élément majeur de nombreux récits, bien au-delà du seul Tolkien. C’est l’approche des temps héroïques de Conan chez Howard, des ruines de la splendeur targaryenne dans Game of Thrones, du monde agonisant de Elric ou de Corum chez Moorcock.

Dragonpit, Game of Thrones, saison 7, épisode 7 ou comme un faux air d’empire romain déchu …

 

La traversée de Valyria, Game of Thrones, saison 5, épisode 5, ou comme un faux air d’empire romain déchu … avec des dragons

Il y a là un angle d’analyse particulièrement fécond : les empires passés seraient meilleurs que le présent, selon le syndrome des « nains sur des épaules de géant » attribué à Bernard de Chartres par Jean de Salisbury. On peut faire le parallèle avec le Moyen-Âge qui serait un moment de repli après les splendeurs fantasmées de l’empire romain ou de celui d’Alexandre le Grand. Selon cette logique Elric, le dernier empereur de Melniboné, constituerait une sorte d’archétype parfait de cette puissance colossale s’effondrant de l’intérieur, rongée par sa propre décadence. Il faut croire que les Mânes de Rome n’étaient pas très éloignées.

Vous ne connaissez pas Elric ? Des centaines de pages à lire, c’est trop ? Pas de souci, ça existe aussi en BD !

 

Illustration tirée de Elric – Tome 1 Le trône de rubis de Julien Blondel, Dessinateur Robin Recht, Didier Poli, Jean Bastide, Coloriste Jean Bastide D’après l’oeuvre de Michael Moorcock, Glénat 2013

 

Melniboné royaume tout puissant entrant en décadence, Melniboné forgé par le fer, écrasant sous son jougs les vaincus, Melniboné devenu le repère d’un peuple qui se vautre en luxure, en plaisirs infâmes, le portant petit à petit vers l’abîme … on dirait presque …

 

Les Romains de la décadence, peinture académique de Thomas Couture, 1847

La Fantasy semble être un puits sans fond pour explorer les empires et force est de constater que l’empire romain y a laissé quelques traces. Mais au delà du puits, il peut y avoir le trou noir qui se niche au fond de l’espace intersidéral …

 

II – Le space opera et l’impérialisme

Le but est ici de sensibiliser les esprits curieux sur deux leviers que l’on va retrouver par la suite : la relation de puissance à travers les conquêtes et l’effondrement des puissances par des ressorts extérieurs. Ainsi, à travers des exemples de Science Fiction, il sera possible de retrouver des mécanismes classiques qu’il s’agira de remettre en perspective avec des exemples tout à faits historiques. La Science Fiction après la Fantasy : il faut ouvrir les chakras et ne pas rester dans un seul genre !

 

A – Asimov, les space opera : les empires du futur

=> Le cas d’Isaac Asimov est intéressant à bien des égards. Son oeuvre est considérée par la critique comme la plus importante de toute en SF (meilleure série de tous les temps en 1966 pour le cycle Fondation décerné par le prix Hugo).

ATTENTION !! UNE PERSONNALITÉ POLITIQUE DE PREMIER RANG VA ÉMETTRE L’HYPOTHÈSE INCROYABLE QUE LA SF EST INTÉRESSANTE !!!

 

Vous n’avez pas le livre mais internet et de quoi laisser du son s’échapper de votre appareil ? Fondation vient à vous !

 

Si l’on s’empare de cette œuvre au cours d’un été torride (s’il pleut ça fonctionne aussi vous me direz), les bases sont limpides : dans le futur les êtres humains vont conquérir une bonne partie de l’univers. Ces conquêtes vont évoluer vers une base politique hégémonique : l’Empire, dont la capitale se trouve sur une planète se trouvant au centre de l’empire, Trantor. L’histoire commence lorsqu’un scientifique parvient à percer le futur grâce à une méthode, la psycho-histoire. Or sa découverte impose une conclusion implacable : l’Empire est entré en phase de déclin et va s’effondrer, laissant la place à 30 000 ans de chaos. Alors un nouvel empire fera son apparition. L’effondrement est inéluctable et seule la durée de chaos peut être diminuée.

On retrouve donc des visions classiques de nombreuses approches historiographiques et autres analyses de collapsologie : émergence, apogée, déclin, chaos d’un empire qui, devenu trop grand, en devient incontrôlable. L’effondrement vient ici de l’intérieur et non d’une vaste invasion extraterrestre. L’histoire est ainsi vue dans une perspective linéaire.

Élément intéressant : cette série sera adaptée pour la sortie de l’offre Apple de séries, donc c’est une thématique qui va toucher potentiellement une foule immense. Nous sommes en plein Soft Power et la capacité à infuser des représentations classiques chez les spectateurs sera immense …

 

=> Le genre du Space Opera est totalement lié à l’imaginaire occidental et plus particulièrement américain. Flash Gordon, Star Treck, Battlestar Galactica, Stargate, Star Wars, autant d’œuvres partageant des grilles de lectures communes : des puissances, des empires, qui s’affrontent dans l’espace pour des ressources, des planètes, des populations.

*Activité : définir clairement ce genre à l’aide de la vidéo suivante

On pourra remarquer qu’à partir des années 1970 les aventures spatiales deviennent plus sombres et complexes, de plus en plus orientées vers une analyse de type géopolitique à l’image de la série Battlestar Galactica dans son reboot de 2004-2009 ou des cycles de Dan Simmons, Hypérion.

 

Cette série est tellement dense qu’il lui faudra un dossier à part entière. En attendant, cette bande-annonce vous fera peut-être passer le cap de la découverte !

 

Dan Simmons, c’est immense. En attendant un dossier à part, voici une petite vidéo très bien faite pour découvrir cet univers

 

 

B – Conquête, invasion : l’effondrement externe

La porte la plus éculée pour traiter des empires oscille donc souvent entre le moment de la mise en place, la naissance de l’Empire, et celui de son effondrement. Ces deux facettes sont souvent l’occasion de traiter chez les auteurs l’approche militaire de la puissance et la SF permet dans le genre d’aller vers la surenchère. Je fais ici le choix de partir de deux films, Independance Day de Roland Emmerich (1996) et Starship Trooper de Paul Verhoeven (1997). Deux films américains au moment de « l’hyperpuissance », deux visions de l’impérialisme, deux films aussi radicalement différents.

*Activité : travail sur les bandes annonces, le moyen de diffusion par excellence des thématiques impériales explorées par ces films et censés faire venir les gens au cinéma.

Questions :

1 – analysez le plan de chacune de ces bandes annonces, le storyboard.

2 – quels sont les arguments qui selon vous vont faire venir les spectateurs au cinéma ?

3 – en quoi ces deux films semblent mettre en avant la puissance des USA / Occidentaux ?

4 – y-a-t-il des différences entre les deux approches ?

Il ne s’agirait pas bien entendu de faire une analyse poussée des deux films qui, sans doute, n’ont pas été vus par les élèves. Néanmoins il y a des marqueurs qui me paraissent intéressants :

Militarisme / primauté des occidentaux / « empire humain » qui est soit attaqué et menacé de disparition, soit  il s’agit d’une invasion des humains sur d’autres planètes, ce qui est à mettre en contexte avec « l’hyperpuissance » américaine du début des années 1990.

 

Il peut être également pertinent de mettre ces approches en perspective avec un autre film, de 2011 celui-ci, montrant comment cette thématique est aussi celle de la peur du déclassement, de la volonté de lutter contre ce dernier.

World invasion : Los Angeles de Jonathan Liebesman (2011) permet ainsi d’explorer :

=> les doutes face à l’hyperpuissance supposée des USA dans un contexte d’échec global des Bush Wars, Afghanistan (2001) et Irak (2003) en tête.

=> liens avec l’approche coloniale au début de la bande annonce : pour constituer un empire colonial on massacre des indigènes pour ensuite s’accaparer les ressources.

=> mais on peut aussi percevoir la volonté de rassurer : l’armée américaine a participé à une hauteur jamais vue pour un film de ce genre, ce qui permet de montrer la valeur des « Marines » même face à un adversaire aussi terrifiant que des Extraterrestres bien plus avancés que les Humains.

=> enfin la bataille du film est à Los Angeles, centre mondial du cinéma, centre du monde ?

 

III – Les empires et la puissance à travers les jeux vidéos

Le sujet est immense et suscite des controverses nombreuses. La question qui va ici m’intéresser n’est pas de savoir si les jeux vidéo sont des supports pertinents à utiliser en classe. C’est une évidence que seuls des esprits étriqués ou totalement engoncés dans des certitudes étranges peuvent affirmer. Il n’y a pas de débat quant à savoir si les jeux vidéos peuvent être des supports : ce sont des œuvres culturelles donc ce sont des supports valables. Vous remarquerez que je viens à mon tour de faire preuve de certitude ; c’est vrai. Mais, parfois, la certitude s’impose. Après tout, même s’il existe, le débat sur la platitude de la Terre mérite-t-il d’être posé ?

Reste à creuser des approches méthodologiques : jouer en classe ? Étudier la création du jeu ? Critiquer les représentations ? Ceci est étudié en profondeur à travers l’excellent travail de William Brou et de sa chaîne Histoire en jeux[2]. Ceci fut aussi l’occasion d’une intervention conjointe aux rendez-vous de l’Histoire de Blois en octobre 2021, dont la conférence sera bientôt disponible, ayant été filmée, masquée, mais filmée.

Je vais donc partir d’une analyse d’un article vantant les bienfaits de la version éducation du jeu Civilization V pour analyser avec les élèves les arguments mis en avant. L’article peut être mis en perspective avec un autre, plus critique. Puis, dans un second temps je vais explorer deux facettes des jeux de stratégie basés sur la création d’empire.

 

A – Des jeux videos, un média pour apprendre ?

=> Activité, étude critique de deux documents (disponibles en annexe).

À travers ces articles relevez les arguments faisant du jeu video un support pertinent pour l’étude de l’histoire. Réfléchissez dans un second temps quant aux critiques qui peuvent être faites.

Il est possible de songer à deux groupes, chacun analysant un article puis au tableau, toujours dans cette volonté de travailler l’oral, des élèves de chacun des groupes partagent leur réflexion.

Qu’en retirer ? Les jeux vidéos sont un support culturel et dans ce sens ils sont très intéressants à utiliser. C’est un média majeur touchant de plus en plus de personnes en France par exemple[3] :

 

Ceci est vrai pour les espaces développés et les chiffres donnent le vertige comme l’illustre cette vidéo qui ne peut pas être utilisée telle quelle avec les élèves mais qui offre des pistes de réflexion :

Les jeux vidéo sont donc un support devenu essentiel du Soft Power, un relais de puissance, un créateur de richesses. Ceci posé, voici deux angles de réflexion qui pourraient être travaillés :

1 – quelle vision de la puissance est offerte par les jeux vidéo s’intéressant à la question les plus diffusés ?

2 – quelle est la réalité historique, géopolitique de ces œuvres culturelles ?

Les parallèles avec les visions déclinées depuis le début de cet article sont limpides non ? Je l’espère, sinon il faut que je hâte ma démonstration pour mettre fin à cette dernière …

 

B – Une grille de lecture de la puissance : les cycles et l’idée de décadence.

Le programme offre d’étudier deux puissances qui ont connu leur moment de gloire avant de perdre leur statut de grande puissance : empire ottoman et Russie (jalons 1 et 2). Cette idée de mie en place d’un empire, d’apogée puis de déclin est l’un des moteurs principaux de deux jeux de stratégie : Field of Glory : Empires développé par Ageod et surtout la série des Civilizations. Comment exploiter ces deux jeux dans un temps nécessairement très court de cette introduction du thème 2. On pourra insister sur deux éléments : le principe de décadence dans Field of Glory et celui de la conquête de puissance et de l’effondrement des empires dans la série des Civilizations.

 

*Activité 1 – La décadence comme mécanisme de jeu (voir le dossier joint en annexe)

Définir le principe de décadence tel qu’il apparaît dans le jeu Field of Glory : Empires à l’aide des règles et des trois captures d’écran proposées.

 

*Activité 2  – Analyser une bande annonce du jeu Civilization V (c’est la version étudiée dans les deux articles cités plus haut donc je n’ai pas pris le dernier opus, Civilization VI).

 

Pour le plaisir voici l’équivalent pour Civ VI

 

Reprise et synthèse : dans les deux cas les empires sont pensés comme « mortels » et pouvant disparaître. Dans FOG on remarquera que la décadence est liée à des facteurs internes : l’usure du temps, la taille trop grande de l’empire (Trantor sort de ce corps), un certain déterminisme selon les « nations ».  Par exemple le Royaume de Macédoine est plus facilement touché par la décadence que le monde romain. On peut travailler sur les représentations classiques avec la mosaïque dans la droite ligne d’une Rome décadente et des orgies … Quant à Civ. on peut remarquer la voie privilégiée de la violence pour accéder à la puissance dans les 3 premiers opus, les invasions mettant fin à des empires dans toute la série cette fois-ci, la course effrénée vers le progrès pour survivre et espérer gagner etc etc.

Il convient de nuancer le propos : comme le montrera un futur dossier Clio-Geek, le jeu Civilization explore d’autres pistes de victoires, comme la victoire du Soft Power, la victoire culturelle. Mais dans le cas présent ces deux supports accompagnent des idées reçues sur la puissance et sur les empires, idées qu’il conviendra à présent de questionner d’un point de vue plus historique. Nous sortons ici de l’approche strictement « geek » pour retrouver les ors de la culture légitime, du cours classique d’histoire. Or, ceci, justement, est une autre histoire ….

 

Conclusion

Alors que s’achève ce modeste voyage, je voudrai insister sur quelques idées centrales à mes yeux. La première est évidente et rappelée tel un mantra : la pop-culture peut totalement s’intégrer dans nos cours. Il faut être curieux, ne pas avoir peur des supports et les aborder avec toute la rigueur que l’on utilise pour des sources plus classiques. Il ne faut pas en faire la base exclusive des enseignements, mais s’en passer appauvri la réflexion. Il faut aussi prendre en compte que de nombreux élèves n’ont pas, contrairement à une idée largement répandue, une culture geek importante. Nous sommes donc aussi là pour faire découvrir des œuvres de l’imaginaire et montrer comment, à côté du divertissement, du jeu, peuvent se nouer des réflexions fructueuses. Enfin, le plaisir. Plaisir d’arpenter ces mondes imaginaires, sans renier la réflexion : en somme toute la philosophie qui nous porte à la suite de Marianne Chaillan : In pop we trust !

 

Je vous libère. Enfin, comme je suis limité en pouvoirs, je laisse Merlin le faire à ma place.

 

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[1] The phenix on the sword, 1932 – Voir l’édition Conan, Intégrale 1 : Le Cimmérien publié chez Bragelonne en 2008

[2] Histoire en jeux

[3] On pourra aussi utiliser cet article du Monde : https://www.lemonde.fr/pixels/article/2018/02/26/le-sell-annonce-un-nouveau-chiffre-d-affaires-record-pour-le-jeu-video-en-france_5262839_4408996.html

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Documents annexes