Lancée en janvier 2009 à partir de l’exemple de l’investiture d’Obama une discussion a animée la liste H-Français autour de la notion d’ évènement historique… Synthèse.

Le plan

Le point de départ de la discussion

Qu’est-ce qu’un événement historique ?

Les pratique de classe

Les sources

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Le point de départ[départ<-] de la discussion

Laurent Gayme a lancé la discussion avec ce post : « En regardant les JT ce soir, je me faisais la réflexion que ce n’est pas fréquent d’assister (ou d’en avoir l’impression sur le moment) à un grand moment « historique » (même si le terme peut toujours faire sourire, ou poser des questions quant à ce qu’on enseigne et quant au concept même de « grand moment historique »). Ça me l’a fait pour la 1e élection de Mitterrand, la chute du mur de Berlin, le 11 septembre 2001 et l’élection-investiture d’Obama. Et vous ? »

– plusieurs contributeurs évoquent les évènements (historiques ?) qui les ont marqués : le 11 septembre 2001, le 22 avril 2002 (« un silence de mort, des élèves pétrifiés, sous le choc de ce qui venait de se passer » – P Jego), l’assassinat de JFK (« j’avais 7 ans, et me souviens encore de cet INVRAISEMBLABLE évènement » – P Jego) ; la chute du mur de Berlin ; le traité de Maastricht (A Lozach’, « notre professeure de lycée avait eu l’idée de nous faire voter ! Le non l’avait emporté dans notre classe. Mais on était mobilisé autour de cet événement.« ) ; l’aboliton de la peine de mort en France ; la mise en circulation de l’euro ;

Daniel Letouzey estime qu’il ne faut pas confondre événement historique / événement médiatique « De fait, l’investiture du 44e président en dit beaucoup sur le fonctionnement des médias globalisés et moutonniers dans un système où ne compte que ce qui peut se mettre en scène pour être vendu à la planète entière. (le sport, le pape, les cérémonies politiques…)« . Et il enfonce le clou en citant un extrait de l’article de A Rémond qui, à propos des invités de France 2 le 20 janvier à 16h30, écrit qu’ils se montrent, « ils papotaient, ils bavardaient, ils dissertaient… pendant que se passaient plein d’événements dont ils n’avaient à l’évidence rien à secouer« . Enfin il dénonce le poids de l’histoire factuelle qui permet très mal de rendre compte des profondes mutations.

A Lozach évoque des désillusions historiques : la victoire de la France le 12 juillet 1998. La fête fut belle, et la désillusion, ce fut le slogan black-blanc-beur non concrétisé ; le 11 septembre, au bout d’une semaine de cours en tant que stagiaire, je dois expliquer à mes 4e le 11 septembre et faire respecter une minute de silence. Horrible expérience à tout point de vue ; le 21 avril 2002, fin de ma première année d’enseignement, Le Pen au second tour. Rebelote pour des explications. Je rouspète les élèves qui posent trop de questions pour perdre du temps. En fait, ces questions me gênent.

Bastien Guéry évoque « cette question : comment faisons-nous pour nous rendre compte, en temps réel, que nous vivons une telle journée ? Sous-entendu: dans un monde médiatique ou la surenchère sensationnelle est de mise… (Notre président lui-même n’est pas avare de l’emploi du mot « historique » dans ses discours!)« . Il évoque également ce que l’on appelle ‘l’eeft Kennedy’, « si vous demandez à chacun ce qu’il était en train de faire au moment des attentats du 11 septembre 2001, il pourra vous le raconter en détail. Même chose pour l’assassinat de Kennedy. »

Sylviane Tabarly estime que « pour prendre l’exemple Obama, ce qui obsède beaucoup en France, c’est le symbole racial, mais dans 20, 40 ans, que retiendra-t-on avant tout de cette période, de son discours d’investiture, quelle sera la phrase qui fera les contenus, titres et inter-titres des manuels scolaires ? » et de même, « la restitution de l’événement par les différents médias dans le monde, entre la relative indifférence des uns, les centres d’intérêt des autres qui ne sont pas les mêmes selon que l’on appartient à telle ou telle région du monde … Un peu sur le modèle des « histoires parallèles » de Marc Ferro. De ce point de vue, la préparation de revues de presse, avec partage du travail, à partir du web (voir la rubrique kiosque de Courrier international par exemple) et de collaborations avec des collègues de langues doit pouvoir être intéressant« .

Hugues Vessemont compare son vécu de 1989 empreint d’une sorte d’exaltation… avec 1991 (la guerre du Golfe), sorte de rappel de la réalité « le moment où l’on passe d’une guerre improbable et de plus en plus éloignée des préoccupations françaises à une implication concrète et sans véritable perspective ». Il souligne également la « floppée de flops […] il y en a eu, des évènements ressentis immédiatement comme cruciaux, et qui ont été balayés jugés secondaires voire anecdotiques par la suite, l’assaut du parlement de Russie insurgé sous Eltsine entre autre. »

Claude Robinot propose de ne pas confondre « événement historique et vécu d’un événement historique […] L’événement historique, se sont les historiens qui le construisent par le travail sur les sources. L’événement marque une rupture avec un ordre ancien ou parce qu’il articule une continuité, souvenons nous des « 30 journées qui on fait la France » ! […] Le vécu d’un événement historique, c’est ce moment curieux où le fait immédiat, encore chaud, fusionne dans les consciences avec la certitude de sa portée historique ». Il propose une « vérification pragmatique de ce sentiment particulier de vivre l’histoire » en évoquant le fait que « des années après, on se souvient de ce qu’on faisait quand : Kennedy est mort, que le mur de Berlin est tombé ou que les tours jumelles se sont effondrées. 1963, 1989, 2001. Un événement historique tous les 20 ou trente ans ça va, on reste dans l’universel et ça permet à chaque génération d’avoir vécu son événement historique. Après on tombe dans l’anecdote, le particularisme ou le sensationalisme sportif du genre : le match du siècle« . Il poursuit : « en tant que prof, je peux me permettre de raconter mon vécu d’événements comme le 10 mai 1981 ou le 9 novembre 1989, mes souvenirs vont souligner l’exceptionnel, la portée historique. Mais aussi un plaisir unique, égoïste,d’être parti prenante d’un mouvement. Le 10 mai j’ai fait nuit blanche comme une partie des élèves que je retrouvais le lendemain. Bruno Modica exprime bien son désir d’aller Nach Berlin le jour même. Pour la Libération de Paris ou le 8 mai 1945, je peux raconter les souvenirs de mes parents, mais ça n’aura pas la même saveur. C’est déjà une collecte de témoignages, de souvenirs qui confrontés à d’autre vont finir par faire de l’histoire.
En ce qui concerne la chute du mur de Berlin, c’est un de mes meilleurs souvenir professionnel. Nous venions avec un collègue de terminer la partie du programme de terminale sur la guerre froide, ayant décrit la bipolarisation, sans nous en rendre compte comme un fait dur, permanent voire éternel. Patatras tout s’écroulait, l’histoire nous donnait le coup de pied de l’âne et ringardisait en un rien de temps tout notre cours. Comme nous avions deux classes avec des horaires en partie alignés nous avons réunis nos deux classes (65 élèves) et nous avons refait les cours à deux voix, a discussion a été intense et nous y avons tellement pris de plaisir (les élèves et nous) que nous avons continué sur certaines leçons que nous jugions importantes. A Evénement exceptionnel, dispositif exceptionnel
« .

Agnès Loth témoigne à propos du 11 septembre d’une « vision un peu différente […] J’étais à l’époque en poste à Mayotte, île à la fois musulmane et demandant la départementalisation, donc une intégration pleine et entière à la France républicaine… Mes élèves de lycée ont réagi d’une façon qui m’avait beaucoup fait réfléchir. A l’heure où les commentaires étaient totalement unanimes en Occident pour stigmatiser la violence aveugle des terroristes, ils ont aussitôt mis en avant la responsabilité propre des Etats-Unis dans « sa manière de traiter les musulmans » qui ne pouvait, selon eux, qu’appeler un jour ou l’autre une telle réaction. Ce décalage dans leur interprétation des faits m’a fait « géographiquement » prendre conscience qu’eux et moi ne prenions visiblement pas nos informations aux mêmes sources, moi branchée sur les chaînes satellites occidentales, eux sur d’autres canaux, reflétant une autre vision du monde. Quelques mois plus, en sortie scolaire à Mamoudzou, la « capitale » mahoraise, je tombe en arrêt devant un stand du bazari, le marché, où l’on vendait des tee-shirts avec l’effigie de Ben Laden et en arrière-plan, les avions percutant les tours. Je me tourne vers mes élèves pour leur demander ce qu’ils en pensaient et je réalise qu’ils étaient très gênés, très mal à l’aise. Je n’ai pas insisté. La vente des ces objets a été interdite peu après. Pendant le temps qui s’était écoulé depuis « l’événement », le monde s’était partagé en deux camps. Eux, Français mais pas tout à fait (voir la situation politique, juridique et sociale de Mayotte) se devaient d’afficher leur appartenance au camp occidental mais les tiraillements étaient manifestes. Evénement historique donc, certes, mais immédiatement mis en perspective par la distance que ces adolescents ont pris vis à vis de l’unanimité des médias français. »

Dominique Chathuant : Il me paraît étrange pour les historiens de parler d’événements historiques et ce n’est pas un hasard si le terme n’apparaît pas dans cette acception sous la plume d’historiens alors que les journalistes en usent largement. J’explique toujours aux élèves qu’eux et moi sommes des personnages historiques au même titre que les vingt millions de Français contemporains de Louis XIV. De fait, l’événement historique est celui qui est. L’événement qui n’a pas d’historicité est celui qui n’a pas eu lieu. Par exemple, le fameux faux intitulé « Protocole des Sages de Sion » décrit un événement qui n’a pas d’historicité. Le faux lui même est historique de même que tout stéréotype, toute croyance ou mythe qui existent en tant que stéréotype, croyance ou mythe. Le christianisme a une historicité en tant que croyance et matrice civilisationnelle alors que la résurrection du Christ, en tant que telle, ne relève pas de la connaissance historique. J’évoque d’ailleurs en cours de seconde le Jésus historique que je distingue du Christ de la croyance. Je formule des hypothèses sur le premier mais je ne discute pas la seconde. On peut donc parler, plutôt que d’événement historique, d’événements marquants, mémorables ou médiatiques mais, là encore, l’événement n’a pas besoin d’être médiatique pour être historique. Telle ou telle constitution secrète d’un groupe révolutionnaire ou résistant devient un événement marquant de façon rétroactive, quand la mémoire le réinvestit après une lutte victorieuse. Certains événements mémorables, médiatisés et marquants peuvent être boudés par des auteurs de manuel. Ainsi en est-il du 12 juillet 1998, moment où la victoire française en coupe du monde jeta dans la rue une foule comparable à celles du 14 juillet 1919 ou 1945.

Qu’est-ce qu’un événement [historique<-]historique ?

1- En philosophie

À partir de l’oeuvre de Hegel, l’événement est ainsi défini : « L’événement, en tant qu’il est l’autre de la pensée, qu’il n’est pas produit par elle, doit donc être saisi par la raison subjective (la connaissance) en tant qu’il s’est déjà manifesté comme raison objective (dans la réalité). (…) L’événement n’est donc ni subjectif, ni objectif, il est la conjonction entre réalité et connaissance. Ni seulement factuel, ni seulement intellectuel, il est le produit de la rencontre entre l’ordre empirique des changements dans le monde (les événements au sens d’occurrences spatio-temporelles réelles) et l’ordre signifiant de la prise de conscience éthique et culturelle. Il n’y a d’événement qu’à l’entrecroisement de la nature et de la culture. Ce qu’on appelle proprement « événement » n’est pas l’occurrence du quelconque quelque part, mais l’irruption, toujours décisive et imprévisible pour la pensée, d’un changement réel auquel la culture du temps assigne un sens digne de la transformer en retour. Il serait faux de conclure que l’événement est relatif à la culture même s’il est clair qu’il n’existe pas d’événement digne de ce nom en dehors d’une conscience culturelle : c’est plutôt la culture qui est relative aux événements qui la transforment« .

2- En histoire

Olivier Lévy-Dumoulin (article « évènement » de l’Encyclopédia Universalis ») fait un court historique en 3 phases.

  • l’évènement au coeur de la science l’historique au XIX° siècle.
  • Mais « cette forme classique de l’histoire, qui articule étroitement la narration et l’événement, fait l’objet d’une critique radicale de la fin du XIXe siècle au milieu du XXe siècle ». De Paul lacombe (1894) à F Braudel (1949) et l’école des Annales, l’évènement en pend un sérieux coup.
  • « Cependant, les héritiers de l’histoire des Annales vont redécouvrir l’événement objet d’histoire à partir de leur intérêt pour les structures de la société. Par sa capacité à refléter la totalité d’un système social, l’événement devient un symptôme révélateur ; sous son apparence exceptionnelle, l’historien va chercher la structure du corps social ou « l’ordinaire de la vie » ». Il évoque donc un « retour contemporain, avec l’accent mis sur la production des traces de l’événement » et cite Nora, Ricoeur, Todorov …

Arlette Farge : « Le récit de l’événement est sa pierre angulaire ; mais sous ce vocable on peut entendre énormément de choses extrêmement différentes. Sur le lien entre histoire et événement, beaucoup a déjà été dit et la discipline s’est toujours posé des questions à cet égard. La nature et l’essence de l’événement, le bien-fondé de son choix parmi d’autres pour en faire une analyse significative, la place, porteuse de conséquences, de son accession au récit historique ont été l’objet de maintes discussions, selon les époques et aussi les écoles de pensée. Quoi qu’il en soit, l’événement fut toujours ce qui semblait saisir le temps en une contraction intense donnant une tonalité nouvelle au cours de l’histoire, mais rien ne semble définitivement définir ce que l’on recouvre par ce « ce qui saisit le temps »« . Ou encore : « En histoire, l’événement a une durée qui va bien au-delà de la simple temporalité des faits qui le constituent. Quand arrive un événement, il a été chargé par des perceptions et des sensibilités qui se sont formées avant qu’il ne survienne ; l’événement ensuite a son temps propre, mais à l’intérieur de ce temps ceux qui le fabriquent ou le subissent le vivent dans un contexte temporel et historique qui contient à la fois son passé, sa généalogie, sa forme présente et aussi la vision du futur que se font ceux qui y adhèrent ou le refusent. Un événement s’exerce dans une assez longue durée à travers des relations sociales et politiques aux effets structurants ; de plus, il génère une mémoire. L’événement ne peut se définir qu’à l’intérieur d’un système complexe de temporalités« .

Henri Russo : « Un événement est un fait qui rompt une continuité car un événement est aussi un avènement donc un fait historique devient un fait mémorable qui devra dans le futur être une borne historique pour tous les observateurs »Source : notes de Franck Favier sur Blois 2002, débat Arno Mayer, Henry Rousso, Dominique Borne, Jean Ducos sur « Qu’est-ce qu’un événement en Histoire ? », cf. sources.

Henri Rousso, M Winock, B Geremek : « Le citoyen vit l’événement, avec sa charge d’émotion, l’historien cherche à le comprendre, en recherchant des précédents, en l’insérant dans des rythmes différents, en le spatialisant pour voir comment il est perçu dans différents endroits. On peut se demander, par ex., si le 11/09 a modifié les résultats des élections françaises du printemps 2002 ; ou s’il permettra d’accélérer la constitution d’une Europe politique ; ou s’il modifiera le poids relatif des états entre eux et vis-à-vis de l’ONU. Un événement au sens historique du terme n’est pas forcément ressenti comme tel par ses contemporains : ainsi la chute de l’Empire romain ou l’attentat de Sarajevo dont on n’a pas immédiatement supposé qu’il allait déclencher la guerre. Ou les députés de 1789 qui n’imaginaient pas, le 5 mai, les conséquences de leurs votes successifs de l’été. Ou l’accession au pouvoir de Hitler que les journaux français considèrent alors comme  » un général Boulanger allemand « . Aujourd’hui, les médias assurent un retentissement extraordinaire (la mort de lady Di) : est-ce qu’ils relaient ou est-ce qu’ils créent l’événement ? Inversement, les découvertes de Pasteur ont indéniablement modifié le cours de l’histoire sans avoir connu le même battage »Source : notes de Huguette Meunier-Chuvin sur Blois 2002, débat « Le 11/11 est-il un évènement », cf. sources

Georges Duby (introduction au livre « le dimanche de Bouvines », folio histoire, 1986, pp. 8-9 ) justifie son étude d’un événement à une époque où dans le monde des historien cela n’allait pas forcément de soi : « Il commençait aussi de m’apparaître non seulement possible, non seulement utile, mais franchement nécessaire, pour parvenir jusqu’aux mouvements obscurs qui font lentement se déplacer au cours des âges les soubassements d’une culture, d’exploiter l’événement. D’en tirer le meilleur part, en le traitant d’une certaine manière. Je continue bien sûr de penser comme Fernand Braudel (interview dans Le Monde du 14 décembre 1979) que le simple « fait divers » qui n’a rien de singulier et qui se reproduit sans faire de bruit, « peut être l’indicateur d’une réalité longue et quelquefois, merveilleusement, d’une structure », et qu’il importe par conséquent de le traquer. Mais je pense aussi, et je le pensais déjà, que justement c’est parce qu’il fait du bruit, parce qu’il est « grossi par les impressions des témoins, par les illusions des historiens », parce qu’on en parle longtemps, parce que son irruption suscite un torrent de discours, que l’événement sensationnel prend son inestimable valeur. Pour ce que, brusquement, il éclaire. Par ses effets de résonance, par tout ce dont son explosion provoque la remontée depuis les profondeurs du non-dit, par ce qu’il révèle à l’historien des latences. Du fait même qu’il est exceptionnel, l’événement tire avec lui et fait émerger, dans le flot des paroles qu’il libère, des traces qui, sans ce coup de filet, seraient demeurées dans les ténèbres, inaperçues, les traces du plus banal, de ce dont on parle rarement dans le quotidien de la vie et dont on n’écrit jamais. »

3- Selon les média (joke)

http://www.acrimed.org/article2955.html : Un événement historique : TF1 intronise Laurence Ferrari !

http://wikipedia.un.mythe.over-blog.com/article-24440822.html : Obama élu c’est un événement historique. C’est le rêve américain réanimé, qui recommence à prendre sens et reprend corps après les décennies Reagan-Bush qui ont fait tant de mal au monde entier, libérant un capitalisme sauvage et cynique, nommé libéralisme.[1] C’est la victoire posthume de ces grands hommes, martyrs des meilleures causes, et le fil de l’histoire renoué avec Abraham Lincoln, Martin Luther King, John et Robert Kennedy.

http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2008/10/12/01011-20081012FILWWW00169-eurogroupe-un-evenement-historique.php : le secrétaire général de l’UMP Patrick Devedjian a estimé ce soir que le « plan concerté qui va être mis en place dès demain dans toute l’Europe » était un « événement historique », à l’issue du sommet de crise de l’Eurogroupe, à l’Elysée.

En pratique[pratiques<-] de classe

Bruno Modica « pour faire passer cette notion de tournant historique […] est d’utiliser des photos de l’époque […] les images de l’INA sur la chute du mur et deux images une golf GTI et une Trabant. A partir du questionnement, le but de la manœuvre est de passer de la « grande géopolitique » à la vie quotidienne des gens, et à leurs préoccupations« .

Denis Sestier « Lors de l’élection de B. Obama en Novembre, j’ai travaillé avec mes élèves de 3ème sur la question suivante : qu’est ce qu’une journée/un événement historique ? A l’aide de quelques extraits d’édito et de deux ou trois doc. complémentaires, voila les critères auxquels nous avions alors aboutis (avec les élèves). Ils valent ce qu’ils valent et peuvent sans doute être complétés ou récusés pour certains. Mais à vrai dire, on les a testés sur plusieurs événements (de la coupe du monde de 1998 à l’arrivée d’Hitler au pouvoir) et ils ne fonctionnent pas si mal. Du coup, je m’en sers aussi pour travailler certaines dates repères du programme, et pas seulement en 3ème. Pour qu’un événement soit considéré comme historique il doit répondre à plusieurs des critères suivants :

  1. Il marque un profond changement ou une rupture
  2. Il suscite une grande émotion (positive ou négative) des acteurs et des témoins
  3. Il a des implications pour le pays concerné mais aussi pour d’autres
  4. Il est reconnu par les témoins comme hors du commun
  5. Il peut servir d’exemple ou de moteur pour entraîner d’autres changements »

On peut télécharger le travail ici

J Luc Carl a mené un travail sur l’investiture d’Obama : http://terminales-es1-2008-objectif-bac-2009.over-blog.com

Jean-Pierre Fournier propose des pistes « le travail sur la presse me paraît une bonne piste pour commencer à prendre de la distance sur l’événement : la diversité des regards permet de sortir un peu de la fascination. Sur le thème « a-t-on le droit de tuer un tyran », j’ai mené une séquence en plusieurs temps en 4° lors de la mort de Saddam Hussein, le premier temps portant sur le regard de la presse sur l’événement. L’événement, c’est l’émotion : il est bon de travailler avec, cela justifie aussi notre discipline, mais en prenant la distance. Pas facile à faire pour quantité de raisons, la première étant que rien dans notre formation, froide et désengagée – ce qui est également nécessaire – ne nous y prépare. »

Jp Meyniac propose 1 approche avec le 6 février 1934 et un schéma de synthèse ici

Dominique Chathuant : personnellement, j’essaie toujours d’évoquer des souvenirs et me mettre en scène comme étudiant apprenant la chute du mur de Berlin tout simplement pour qu’il y ait de la chair humaine dans mon cours et que mes terminales comprennent que ce n’est pas seulement un savoir à apprendre pour le bac mais un événement vécu par des gens comme eux.

– un exemple à propos du 11 septembre Source : Forum du Monde de l’éducation, Penser l’événement, CR par D Le Nuz. Cf sources. : « En quoi consisterait alors le travail du professeur concernant par exemple le 11 sept ? Il faudrait :

  • expliquer ce qu’est Manhattan, la puissance du symbole, la banque, la statue de la liberté, l’arrivée des migrants… Quel est le sens de ce lieu ?
  • Penser à rétablir la totalité de l’événement et corriger la métonymie (une partie de l’événement définissant le tout) : Il n’y a rien sur le pentagone en général dans les médias parce qu’il y a quelque chose d’universel qui se dégage au travers des tours et qui ne fonctionne pas avec le Pentagone.
  • S’interroger : puisque c’est un des événements ressenti comme tel à l’échelle mondiale, s’agit-il d’ une forme de mondialisation/globalisation ?
  • Dédiaboliser l’islam. Montrer sa pluralité. Expliquer en faisant l’analogie avec l’inquisition.
  • Montrer le rôle des EU ( l’impérialisme américain) et se demander pourquoi il est possible de ne pas aimer les EU. Jusqu’alors les attaques contre les EU avaient été périphériques (Che Guevara, Pearl Harbor) maintenant elles se situent à l’intérieur de leur territoire.
  • Le terrorisme utilise des moyens sophistiqués : montrer combien la puissance financière de Ben Laden se différencie d’un combat entre les riches et les pauvres. »

Les sources[sources<-]

Arlette Farge, « Penser et définir l’événement en histoire« , Terrain, numero-38 – Qu’est-ce qu’un événement ? (mars 2002), [En ligne], mis en ligne le 06 mars 2007. URL : http://terrain.revues.org/index1929.htm. Consulté le 24 janvier 2009.

Alban Bensa et Eric Fassin, « Les sciences sociales face à l’événement« , Terrain, numéro-38 – Qu’est-ce qu’un événement ? (mars 2002), [En ligne], mis en ligne le 06 mars 2007. URL : http://terrain.revues.org/index1888.html. Consulté le 24 janvier 2009.

L’Histoire, septembre 2002, Michel Winock, les 10 journées qui ébranlèrent le monde ».

Georges Duby, Le dimanche de Bouvines, Folio histoire, 1986. Voir en particulier l’introduction dans laquelle G. Duby évoque la place de l’événement par rapport à l’histoire de longue durée.

Pierre Nora, Faire de l’histoire, T. 1, p. 285-308, sur « le retour de l’événement ».

J. le Goff et P. Nora (dir.), Faire de l’histoire, Folio histoire, 1986. Dans le tome I (Nouveaux problèmes), Pierre Nora propose un article intitulé « Le retour de l’événement » (p. 285-308).

Christian Delporte et Annie Duprat [dir.], L’événement. Images, représentations, mémoire, Grâne, Créaphis, 2003. http://www.cairn.info/revue-d-histoire-du-dix-neuvieme-siecle-2007-1-page-175.htm

Henri-Irénée Marrou, De la connaissance historique, Paris, 1954, Le Seuil, Collection «Points Histoire», 1975, 318 p.

N N Taleb sur les évènements imprévisibles, Le cygne noir (une analyse http://lewebpedagogique.com/diversifier/2009/01/17/le-cygne-noir-a-t-il-du-sens-en-education/

– Les rendez-vous de l’histoire de Blois 2002 sur l’étranger ont traité du sujet. Voir 3 CR sur le site de Créteil : http://hgc.ac-creteil.fr/spip/+-Debats-Blois-2002-+

– L’exposition qui s’est tenue en 2007 dans la Galerie du Jeu de Paume sur le thème « l’EVENEMENT, les images comme acteurs de l’histoire » a lmaissé quelques traces sur le Web : http://www.histoire.ac-versailles.fr/spip.php?article411 et http://www.histoire-politique.fr/index.php?numero=06&rub=comptes-rendus&item=16 ; ainsi qu’un livre, L’Événement, les images comme acteurs de l’histoire, Paris, Hazan/éd. du Jeu de Paume, 2007, 160 p., 30 €.

– 2 sujets de Capes (épreuve sur dossier) sur le fait historique à télécharger ici : sujet 1 – sujet 2

– Un des thèmes du cours de philosophie de terminale est « l’Histoire« . Voici quelques adresses sur ce sujet :

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Une remarque pour finir. Nos collègues de la liste WebLettres ont mis en place depuis longtemps déjà un système de synthèse de discussion. Voir : http://www.weblettres.net/spip/rubrique.php3?id_rubrique=7