À trois semaines des attentats du 13 novembre, et après les menaces publiées dans la revue de propagande Dar Al islam appelant à combattre l’école de la mécréance,
«combattre et tuer tous ces corrupteurs». «Il est donc une obligation de combattre et de tuer, de toutes les manières légiférées, ces ennemis d’Allah. Cela vaut pour les professeurs qui enseignent la laïcité aux enfants. Quant aux services sociaux qui arrachent les enfants musulmans à leur famille pour les confier à des mécréants et détruire ce que le musulman a de plus cher après sa religion, ceux-là combattent par la main et nous incitons nos frères en terre de guerre à les frapper»,Revue Dar Al islam N°7
Cette journée de la laïcité prend pour les professeurs d’histoire–géographie–enseignement moral et civique, une résonance particulière.
L’école de la République est donc clairement identifiée comme une cible par le groupe terroriste qui a constitué sa base territoriale en Irak et en Syrie, et qui a montré récemment, en France comme en Afrique, avec sa filiale Boko Haram, et aux États-Unis, sa capacité de nuisance.

Le septième numéro de la revue de propagande djihadiste désigne très clairement l’école, celle de la laïcité, de l’éveil et de la connaissance, de la mixité, comme un lieu de mécréance, et ceux qui y enseignent comme des cibles à abattre.

Dans une situation de ce type, il faut réaffirmer, notre attachement à nos valeurs communes, à notre mode de vie, et ne pas hésiter à en démontrer le caractère universel.

Dans un monde en cours de sécularisation, les religions comme éléments non exclusifs de la formation de la culture, doivent être en mesure d’évoluer. Et si c’est au nom de l’islam que la barbarie s’est exprimée, il appartient à l’ensemble de ses adeptes de montrer comment une quête spirituelle qui est d’abord individuelle peut participer au bien commun des croyants comme des agnostiques.

Il ne peut y avoir aucune justification, dans aucune religion, au fondamentalisme qui constitue un obstacle à la réflexion et au dialogue interreligieux.

Face à la sinistre menace on peut voir avec beaucoup d’intérêt des initiatives comme celle des « mosquées ouvertes » qui semblent se développer. Aux côtés de ces initiatives citoyennes, le rôle de l’école, pour ce qui nous concerne, des professeurs d’histoire–géographie–enseignement moral et civique, est absolument essentiel.

En aucun cas, sous couvert de situations particulières, de tensions locales dans des établissements sensibles, nous ne devons abdiquer sur la défense des principes de la laïcité.

Point n’est besoin de rajouter à ce terme de laïcité un quelconque complément de vocabulaire, car ce principe fondateur de notre République est-en lui-même porteur d’ouverture et de tolérance, de partage et de considération mutuelle.

Il nous appartiendra aussi d’expliquer les faits, les causes de cette situation au Proche et au Moyen-Orient pour comprendre comment de telles dérives meurtrières ont pu voir le jour. Et les Clionautes seront présents aussi sur ce terrain.

Si les criminels qui se revendiquent d’un califat autoproclamé nous désignent clairement comme des cibles, qu’ils sachent que le 9 décembre, comme tous les autres jours, dans nos classes, nous saurons rester debout.
Et cela constitue notre première ligne de défense.

Bruno Modica

Le Figaro: La propagande de Daech s’en prend à l’école française

L’Obs: Daech s’en prend à l’école française : certaines menaces sont des compliments

La Croix: Faut-il s’inquiéter après les menaces de Daech contre l’école ?