Jul nous présente son dernier album, Génération Greta, d’une actualité criante. En quelques strips, quatre colocs nous font entrevoir tous les espoirs et les contradictions de la « génération Greta Thunberg », qui sait que c’est maintenant que tout doit changer, sans savoir par où commencer. Avec humour et pédagogie, il aborde le concept de partage et la conservation des ressources naturelles, et nous invite à adopter un mode de vie plus vertueux…

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Cette interview est organisée à la suite de la sortie du dernier opus caustique de « Jul », Coloc of Duty, Génération Greta. Si le titre laisse supposer une analyse des enjeux de gouvernance face aux questions du réchauffement climatique, incarnée par Greta Thunberg, c’est bien une vaste réflexion sur le métier de dessinateur et sur l’humour comme grille d’analyse des enjeux de société qui sert de fil conducteur à cette interview.

De la difficulté de transposer l’humour et la colère

Dans un premier temps, Philippe Bertrand s’interroge sur la difficulté de transposer la colère et l’humour. Pour « Jul » l’humour est une question centrale. L’auteur nous apprend qu’il est né dans la peur d’une guerre atomique, pendant la guerre froide. Le rire est donc pour lui une façon, dans une situation de crise, de rester debout. Comme l’a montré sa série Silex and the City, l’actualité lui sert de source d’inspiration. D’ailleurs il nous annonce un prochain album, Dérive des confinements, consacré à la crise du Coranavirus. Se pose selon l’auteur la question centrale : la puissance de l’autocensure générée par la peur, la nécessité de vulgarisation de ces questions pour aider à mieux comprendre la société. « Jul » est un agrégé d’histoire, spécialiste de la Chine. C’est dans ce cadre qu’il a notamment accompagné Emmanuel Macron en Chine, comme une sorte de VRP du soft power à la française.

Génération Greta

Si on s’intéresse un peu plus aux échanges concernant la génération Greta, « Jul » insiste sur quelques points saillants. Tout d’abord la volonté de transmettre un corpus de développement durable pour les jeunes, tout en les rendant accessibles par l’entremise de la bande dessinée. Il s’agit donc ici de rejouer les problématiques de l’homme durable dans une colocation de quatre personnes, chacune incarnant un élément de nos sociétés. L’album est conçu sous mode de strips, chacun faisant référence à un objet lié au développement durable. Il y en a, au total, 17. Il s’agit d’une approche très didactique qui doit permettre aux plus jeunes de s’emparer de ces questions, tout en travaillant leur esprit critique.

Ce fut donc une réflexion très intéressante sur le métier de dessinateur, sur la place de l’humour et l’éveil à l’esprit critique, surtout en ces temps troublés. Mais quant à l’analyse de la gouvernance face aux enjeux du réchauffement climatique, il n’en a pas vraiment été question.

 

Vous pouvez également consulter les autres comptes-rendus de conférences des Clionautes à Blois pour l’édition 2020.