FIG 2015 : Ateliers TICE

Les territoires de l’imaginaire. Utopie, représentation et prospective. Interventions au salon de la géomatique coordonnées par la Direction du Numérique pour l’Education (DNE) sur proposition de l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger (AEFE). Avec Mathieu Merlet, Julien Meynet du Lycée Lyautey de Casablanca (Maroc) et Cédric Ridel du Lycée Marguerite Duras d’Hô-Chi-Minh-Ville (Vietnam).

Tenant l’intégration des outils, ressources et services numériques comme un levier majeur du renouvellement des pédagogies, la DNE met en valeur deux séquences pédagogiques de terrain, menées au sein du réseau de l’AEFE. Ces présentations ont fait l’objet d’un compte-rendu circonstancié par Jacques Muniga sur une page dédiée au FIG 2015: Ateliers TICE. Par ailleurs, les auteurs ont publié deux dossiers complets sur les objectifs de l’expérimentation et l’organisation de séquences transposables : Enseigner la Géographie avec le numérique.

Interrogeons trois dimensions transversales de ces expérimentations.

1. Des projets pédagogiques… avec une dimension numérique

Mathieu Merlet et Julien Meynet ont mené au Lycée Lyautey de Casablanca une Action Pédagogique Pilote : une APP est un dispositif financé propre au réseau AEFE. De moyenne section en Terminale, ces jeunes habitants ont capté le paysage sonore de Casablanca. Le son est étudié en tant que « révélateur des liens de territorialités entre la société et son espace », selon la formule de Joël Chételat. Ce projet ambitieux a mobilisé une vingtaine de classes sur près d’une année. La production finale (design, créations numériques, métadonnées) est digne d’un studio professionnel : http://www.tous-cartographes.org.

Cédric Ridel s’est également donné une année pour déployer, avec sa classe de seconde, une exposition sur Sydney dans les murs et à l’échelle du Lycée d’Hô-Chi-Minh-Ville. Lors de séquences intercalées dans la progression annuelle, les élèves sont amenés à collaborer pour revisiter à travers ce cas d’étude la dimension prospective de leur programme de géographie en terme de développement durable.

Ces projets exigent de l’établissement, et probablement aussi des élèves, qu’ils soient très bien équipés en bande passante, postes multimédias récents, terminaux mobiles, micros, enceintes et casques.

2. Quelles sont les plus-values du numérique dans ces projets ?

Les contributeurs ont eu à cœur de concrètement montrer comment des apprenants de collège et/ou de lycée pouvaient tirer parti des services numériques grands publics désormais accessibles sur l’internet via un ordinateur ou un terminal mobile. A distance ou non, en synchrone ou non, en discussion publique ou privée, les lycéens réinventent, avec ou sans nous, tantôt leurs collaborations, en négociant ensemble une solution, tantôt leurs coopérations, en apportant chacun un élément à la tâche commune.

Planifier avec Padlet, capturer avec un dictaphone, géolocaliser avec Orux Maps, embarquer un fichier son avec Vocaroo, valoriser sur Google Maps, partager avec un QR Code, intégrer de la réalité augmentée avec Aurasma, interpréter sur EduGéo… il faut parcourir ces dossiers pour découvrir des usages et élire les services pertinents qui permettront dans un dispositif pédagogique de passer de la perception immédiate (imaginer, voir) à l’observation intelligente (expliquer) de la compréhension de l’espace (se repérer, se situer) à son interprétation (confronter).

3. Les services numériques, à quel prix ?

Et si ‘être de son temps’ permettait à l’enseignant de sensibiliser les jeunes aux conditions d’utilisation, parfois léonines, de ces services numériques toujours plus nombreux ? Il faut interroger avec les élèves les traces laissées dans le déploiement de nos projets pour réellement en prendre la mesure. Plus largement, comment évoluent nos habitudes, enseignants et élèves, dans notre production de connaissance, entre programmes ouverts et/ou plateformes verrouillées, entre stockage local et distant, entre logiciels libres, gratuits et/ou commerciaux ? Alors que ces projets n’envisagent pas même que les élèves puissent produire du code, ils nous rappellent qu’une éducation à la littératie numérique commencerait d’abord par interroger, sur le plan intellectuel et éthique, notre écosystème informatique.

Au-fond, c’est par le truchement du numérique que, de Casablanca à Hô-Chi-Minh-Ville, les fils et filles de ont su se saisir du réel, de la découverte de la Medina voisine à celle des lointaines montagnes bleues de Sydney. Les contributeurs nous montrent ainsi comment l’enseignement peut tirer parti de toutes les potentialités des technologies de l’information et de la communication… Pour autant il existe bel et bien un fossé numérique parmi les quelques 60 000 écoles et établissements français du second degré. De nombreuses activités resteront encore hors de portée pour nombre de collègues, en métropole comme dans les DROM.

Webographie :

Jeandron M., Biaggi C., Enseigner la Géographie avec le numérique, Paris, 2015. ISBN : 978-2-11-139574-9. http://cache.media.eduscol.education.fr/file/Numerique/60/3/enseigner-num_geo_2015_web3_(1)_477603.pdf. Consulté le 5.10.2015.

Actions Pédagogiques Pilotes 2014-2015 (APP et APP Monde). Projets validés par le Service Pédagogique. URL : http://www.aefe.fr/sites/default/files/asset/file/app-2014-liste-app-validees.pdf. Consulté le 5.10.2015.

Joël Chételat, « La figuration cartographique de l’espace sonore », Images Re-vues[En ligne], 7 | 2009, document 8, mis en ligne le 21 avril 2011, consulté le 01 novembre 2015. URL : http://imagesrevues.revues.org/437

FIG 2015: Ateliers TICE

Une fois n’est pas coutume.
Ayant participé à l’ensemble des ateliers TICE de cette 26e édition du FIG, je vais commencer par le compte-rendu sur la table ronde intitulée « Le numérique : de la séance au projet. Réalités et perspectives » qui pourrait se définir comme un temps de synthèse/évaluation de l’ensemble des projets présentés.


Table Ronde : «Le numérique : de la séance au projet. Réalités et perspectives »

Présentée par Jean Louis LEYDET, DAN, IA-IPR académie d’Aix-Marseille et Olivier PINGAL, expert DNEA2 ainsi que les professeurs des ateliers numériques.

Avec une salle « traditionnelle » à l’INSIC (Institut supérieur d’ingénierie de la conception) et non une chapelle comme l’an passé, on a pu mieux mesurer l’intérêt du public mais aussi la qualité de la communication à l’acoustique appropriée.

Mais là ne fut pas la véritable « révolution ». Elle fut ailleurs. Ailleurs dans l’imaginaire, dans l’utopie comme l’y invitait la thématique du FIG 2015 ? Non, la véritable « révolution » qui devrait amener une « évolution des pratiques enseignantes» se situait dans la faisabilité et la transposabilité des différents projets présentés. Des projets d’ailleurs orientés « de la séance au projet » comme le souligne l’intitulé de cette table ronde. Osons même dire que cette année 2015 pourrait être « l’an I du numérique dans l’enseignement secondaire ».

Alors quels grands bouleversements ?

Après une journée de présentation des différents ateliers TICE qui prônaient l’interactivité et la connectivité, nous fûmes confrontés à la dure réalité d’un certain conformisme. Faute de se retrouver autour d’une véritable table ronde, une « tribune » avait été placée dans la salle. Elle devait « accueillir » M. LEYDET et des professeurs représentant quatre des neuf ateliers numériques du FIG 2015. M. PINGAL et les professeurs des cinq autres ateliers s’étaient mêlés au public. Organisation spatiale pourtant intéressante à première vue, puisque l’on pouvait espérer que la volonté fut de mener cette table ronde comme une traduction de l’interaction, de l’interconnexion. Mais la réalité était quelque peu différente… M. LEYDET a ouvert cette table ronde en faisant le tour des « innovations». Il faut reconnaître que l’exercice était difficile car, dans le public très nombreux, rares étaient ceux qui avaient participé à l’ensemble des présentations de projets. Dès lors, M. LEYDET s’est mis en posture de « l’avocat du diable » pour donner tour à tour la parole aux enseignants juchés sur la tribune. Il les amenait ainsi à dégager « l’intérêt de l’utilisation des TICE » dans un enseignement du secondaire à travers leur projet respectif. Mais, il y avait, à mon sens, une double frustration dans cette présentation.

D’une part, les réponses à M. LEYDET prenaient appui sur les ateliers présentés dans la journée. Or, une personne n’ayant pas assisté auxdits ateliers ne pouvait assurément pas saisir pleinement les axes, les orientations et encore moins les nouveautés ou tout simplement les apports positifs. D’autre part, la conduite de la table ronde de cette manière ne pouvait fatalement aboutir qu’à une « accaparation » de la parole par la « tribune » au détriment du public venu ici pour s’informer et échanger.

Pouvait-il en être autrement ?

Oui, en diminuant le temps de présentation et en donnant la parole au public. Un échange aurait ainsi pu avoir lieu. Et il y avait matière à échanger car les enseignants qui avaient présentés des projets cette année se trouvaient dans une rupture avec un passé numérique récent autant qu’ils se plaçaient résolument dans une ère nouvelle que d’aucuns appellent de leurs vœux depuis longtemps. Certes, mais doit-on pour autant qualifier d’obsolètes, d’inadaptés voire même de nuls les projets présentés dans les précédents FIG ? Non assurément et bien au contraire. Ils ont été, pour beaucoup très bons voire excellents. En revanche ils étaient dans la « tendance » d’alors qui consistait à produire une séance « extraordinaire » avec les TICE. La grande maison « MEN » n’avait pas compris jusque là que le numérique était tout simplement un « outil » au service de la géographie. Voit-on aujourd’hui circuler des petits papiers (mots doux ou réponses à des questions) dans les salles de classes ? Non ! Nos élèves s’envoient des SMS voire des MMS ou communiquent via les réseaux sociaux. Le numérique est donc entré jusque dans nos salles. Et pourtant nos élèves n’ont pas changé physiquement, ni même nos tables et chaises. Seul le tableau est devenu blanc ! Mais avec ce FIG 2015, la maison « MEN » en a semble-t-il pris la mesure puisque c’est sous sa houlette que ces ateliers ont été conduits.

Alors, la très grande nouveauté, la « révolution » où se situe-t-elle ?

Elle se situe dans un usage du numérique « intégré » dans la pratique enseignante. Un numérique qui ne se résume pas seulement à l’utilisation d’un SIG mais qui balaie toute la gamme des outils numériques. Le MEN a enfin compris que le numérique ne devait pas servir à faire de l’extraordinaire au sens « sortir de l’ordinaire ». Au contraire qu’il fallait le faire entrer dans l’ordinaire pour simplement l’améliorer. Payer avec sa carte bleue n’a jamais été extraordinaire. Cela a seulement facilité les échanges et par là même augmenté les flux.

Certes M. LEYDET l’a relevé. Ce qui a permis aux présentateurs de projets de souligner la variété des outils utilisés pour un usage numérique raisonné. Mais, me semble-t-il, il aurait été plus fructueux de faire une courte introduction en présentant l’usage du numérique en référence aux travaux de ce FIG 2015 puis de donner la parole au public qui aurait très bien joué le rôle « d’avocat du diable ». Cette manière de faire aurait d’ailleurs été en phase avec l’orientation du numérique à savoir : un élève (un public ici) acteur. Or, au cours de cette table ronde, le public a été confiné dans la passivité obligatoire. Il n’y eut d’ailleurs plus de temps pour donner la parole au public. De fait, il n’y eut aucune question. Et c’est bien dommage !

Quant aux apports, considérant que cette table ronde s’est malheureusement réduite à un « résumé » de quelques ateliers (il y avait 4 à la tribune sur les 9) il va sans dire que je vais les présenter un à un dans un compte rendu détaillé.

Mais je ne peux me résoudre à conclure le présent compte-rendu sans terminer sur une note positive. Une note positive qui sied davantage à « l’an I du numérique dans le secondaire ». On pourrait avancer que M. LEYDET dans l’organisation de sa table ronde a probablement souhaité mettre son public en « appétit ». Car tous les ateliers ont eu leur « bis repetita ». En effet, sur les journées de samedi et dimanche une deuxième présentation des ateliers avait été programmée. Des ateliers qui permettaient assurément les échanges nombreux autant que constructifs

Les Ateliers TICE

J’aurais pu présenter les ateliers TICE de manière autonome. J’aurais pu, pour chaque atelier, dégager sa particularité, sa nouveauté par rapport à un ensemble présenté ici au FIG 2015. Je n’ai pas souhaité le faire parce que je voulais coller à « l’an I du numérique dans l’enseignement secondaire ». C’est pourquoi il m’est apparu nécessaire dans un premier temps, de relater les points positifs, voire négatifs que l’on retrouve comme une trame dans tous les ateliers. Des points lorsqu’ils sont positifs qui reflètent une image de maturité dans l’usage du numérique.

Le premier point commun à toutes ces productions a été l’honnêteté intellectuelle de leurs auteurs. Fini le « il n’y a qu’à, il faut qu’on ». Chaque auteur de projet s’est expliqué sur le degré de technicité qu’il a engagé tant lui que ses élèves. Tous ont donné l’information sur le temps réel de préparation là encore de leur côté et de celui des élèves. Ils ont enfin tous inscrits leur projet dans la durée et dans la collaboration au sens noble du terme, avec leurs collègues ce qui a été décrit comme un gage de la réussite même modeste, de ce type d’action.

Le deuxième point commun, c’est l’utilisation et la présentation du numérique non plus comme un « OVNI » pour plaire à la hiérarchie mais comme un outil du quotidien au service de la géographie voire parfois d’autres disciplines associées dans le cadre de la transdisciplinarité. Du « simple » smartphone au logiciel SIG EduGéo, toute une palette d’outils numériques a été présentée à travers ces ateliers TICE FIG 2015.

Le troisième point commun c’est la présentation des différents ateliers faite dans un esprit de logique de niveau de difficulté scolaire bien que tous aient été présentés comme adaptables. Et c’est peut-être là le point négatif à l’ensemble des prestations. Effectivement, au vu des travaux présentés, on peut avancer « à chaud » que tous sont adaptables mais….
Raisonnons.
Adapter c’est « conformer » à une situation nouvelle, c’est « modifier pour rendre conforme », c’est « transformer (une œuvre) afin qu’elle soit exécutée par (ou pour) un autre que celui prévu à l’origine ». Certes, le cahier des charges devait probablement mentionner l’adaptabilité. C’est bien dommage car la progression se trouve dès lors totalement occultée. De fait, tous les projets affichent une longue série d’adaptabilités à des niveaux différents. Tous les intervenants les ont égrenés assez rapidement en fin de présentation. Tous donnaient l’impression de ne pas y croire réellement. Et ils ont raison. Car on peut se nourrir de ces projets pour les transposer à d’autres niveaux scolaires dans une logique de progression. Mais, vu sous cet angle une autre notion apparait : celle du travail d’équipes inter-niveaux. Ne pourrait-on pas introduire de la verticalité dans l’horizontalité affirmée desdits projets ?

En effet, presque tous les projets ont fait état de travail et d’investissement des collègues de leur établissement. Parfois des enseignants d’autres matières ont été sollicités. Mais, sauf à Casablanca, tous exerçaient dans le même niveau de classe. D’où ma question : ne pourrait-on pas associer des collègues dans une verticalité : Primaire / Collège / Lycée (LGT et LP) / Supérieur ? Quels sont les blocages ? Les collègues enseignants ou l’institution ?

D’ailleurs pour démontrer une transposabilité réelle des projets, n’aurait-il pas été plus opportun de présenter un projet par niveau scolaire ? Malheureusement ce FIG 2015 nous a présenté :
– deux projets pour la classe de sixième du collège,
– un projet pour la classe de seconde baccalauréat professionnel
– trois projets pour la classe de terminale baccalauréat professionnel
– trois projets pour la classe de seconde du Lycée Général

Vu sous cet angle, ces projets jettent une suspicion légitime sur ces ateliers TICE du FIG 2015.On pourrait en déduire trop rapidement que les TICE, même « adaptables », ne sont utilisés dans l’enseignement général que dans les niveaux les plus bas (6e et 2e). Pourquoi ? En revanche, ils sont présents dans tout le cycle des lycées professionnels. Doit-on en déduire que des professeurs d’histoire-géographie-français enseignant des matières moins déterminantes dans le cursus sont plus impliqués ? Leur « environnement professionnel » les draine-t-il davantage vers une réalité de terrain qui échappe parfois à l’enseignement général ?
Après avoir assisté à la présentation des ateliers TICE des collègues de lycée professionnel on reste songeur. Pourquoi ne pas avoir proposé des projets « adaptés » à une première voire terminale ES en liaison avec l’économie et le français ? Ou même à une première voire terminale S en liaison avec les SVT et le français ? Inimaginable ? Mauvais casting ? M. LEYDET avait pourtant affirmé à la « tribune » qu’il avait été dans l’obligation de faire un choix parmi de nombreux projets. La réponse appartient aux organisateurs. Il me semble cependant qu’une réflexion dans ce sens serait de bon aloi pour l’édition du FIG 2016.

Et pour finir sur une note très positive et de remerciements aux organisateurs de ces ateliers TICE FIG 2015, je signale l’excellente initiative d’avoir proposé un document numérique dans lequel sont présentés les neuf projets. Ce qui me permettra de ne décrire que les apports positifs voire négatifs qui se dégagent des projets. Leur description par les auteurs pourra confirmer ou infirmer mon « expertise » et permettre à chacun[e] de se forger sa propre opinion. Mais surtout, de lui aiguiser suffisamment « l’appétit » pour qu’il (elle) aille se nourrir à la source même dont je livre ci-dessous l’adresse :
http://eduscol.education.fr/brochureFIG2015

Atelier TICE : introduire une dimension prospective dans l’enseignement de la géographie [sixième, adaptable en 2de, 1ère L/ES, 1ère S] – Lucas GRUEZ, collège, académie de Lille.

Lucas GRUEZ a su démontrer que non seulement il maîtrisait son sujet mais que son investissement était total. Est-ce pour autant un « Monsieur Numérique » ? Je pense que ce serait excessif. C’est cependant un enseignant qui a su tirer parti du numérique et de la géographie pour amener les élèves vers une prise de conscience de leur environnement dans une démarche citoyenne.

Le point de départ de Lucas GRUEZ n’était pourtant pas « facile ». Il enseigne dans un collège préfigurateur REP+ situé de surcroit dans un quartier marginalisé de Roubaix. Il part donc avec plusieurs handicaps : un environnement sinistré économiquement, hanté par les « fantômes » d’une industrie jadis florissante, et des élèves, qui sont frappés par l’échec scolaire à répétition. Et comme pour rajouter à une certaine fatalité, Lucas GRUEZ nous révèle que le collège se trouve à quelques encablures de l’éco-quartier en construction de l’Union.

C’est dans ce contexte que Lucas GRUEZ lance son projet qui va se dérouler sur toute l’année scolaire et qu’il rattachera au programme de géographie de sixième à trois moments :
1) pendant l’étude de l’espace proche,
2) pendant l’étude du thème « Habiter la ville »
3) pendant l’étude du thème « Habiter le monde rural »

Mais Lucas GRUEZ n’est pas seul dans cette aventure. Son projet s’inscrit dans le cadre d’une expérimentation académique en partenariat avec l’Institut français de l’éducation. Par ailleurs il travaille en « binôme » avec sa collègue Amina BOUNOUA et a des contacts avec un collège voisin qui s’est aussi engagé dans ce projet. Projet qu’il vise aussi à partager avec les parents des élèves.

Sa démarche est progressive. Elle introduit l’outil numérique à doses « homéopathiques » sans jamais bannir les traditionnels papiers et crayons. Avec de simples tablettes numériques il demande aux élèves de prendre des photos, de faire de courtes captures vidéos voire sonore de leur environnement. Autrefois les élèves faisaient des sorties sur le terrain et produisaient des croquis des paysages. Les temps ont changé. Aujourd’hui, on prend des photos, des vidéos… Ce qui n’a pas empêché Lucas GRUEZ de solliciter ses élèves pour reporter sur une carte traditionnelle version papier, les lieux ainsi photographiés avant de les amener à l’aide d’une fiche à trier, classer et comprendre. Ceci lui permettait par ailleurs de réutiliser l’ensemble lors des leçons précitées.

En ce sens, l’apport du numérique tout à fait inattendu est remarquable. Saisir son environnement proche avec des outils que tous les élèves savent manipuler. La difficulté est ici nulle mais la plus-value pédagogique très importante. Lucas GRUEZ ne s’est pourtant pas arrêté là. Il a souhaité, dans le prolongement, réaliser un scénario de géographie prospective intitulé : ROUBAIX 2040. Les élèves devenaient ainsi des acteurs de leur environnement proche le temps d’une année scolaire au moins…

Partagés en groupes, ils ont travaillé sous la direction de leur professeur sur des productions version papier tout en utilisant l’ordinateur pour notamment consulter des dossiers en ligne et même pour « jouer » au jeu Spedd Farming 2050 !
Enfin, toutes ces productions élèves ont été rassemblées pour une présentation numérique avec l’application Tour Builder. Application qui demande à l’enseignant une formation de difficulté modérée car c’est lui qui gère cette partie.

L’intérêt de ce projet réside plus dans sa progression que dans la finalité certes ici atteinte et il faut en féliciter Lucas GRUEZ. Nonobstant, ce projet pourrait très bien être conduit beaucoup plus modestement par des enseignants moins à l’aise avec tous les outils numériques. Il n’en perdrait pas son « essence » et ne serait assurément pas dénaturé.

Atelier TICE : Mon espace proche : de l’espace imaginé à l’espace vécu, une cartographie sonore de la ville de Casablanca [sixième, adaptable en 3e, 2de, 1ère L/ES, 1ère S] – Mathieu MERLET et Julien MEYNET, Lycée Lyautey de Casablanca, AEFE

Avec ce projet on change résolument d’échelle. Derrière la présentation de Casablanca se profile l’image du Maroc. Un Maroc qui s’invite dans le club des pays émergents. Un Maroc qui assure, dit-on, le rôle de tête de pont dans une Afrique en pleine « naissance » économique. Un Maroc qui, avec son port Tanger-Med, s’impose sur les grandes routes maritimes et s’ouvre une porte dans la mondialisation. Un Maroc qui s’affirme de plus en plus sur la scène internationale en multipliant les conférences, salons, séminaires et autres colloques sur des thèmes d’actualité. Dès lors, il apparait comme une évidence que le projet numérique soit à la hauteur de ces aspirations.

Plus de vingt classes ont été engagées dans le projet. Un travail transdisciplinaire a été conduit. Cela ne préfigure-t-il pas la nouvelle orientation soutenue par le gouvernement français ? Mais au fait, le Maroc n’a-t-il pas souvent été terre d’exploration de nos futures réformes dans l’enseignement ? Quoiqu’il en soit, ce travail à grande échelle et forcément à grands moyens s’inscrit dans un usage du numérique comme un support pour une exploitation et une intégration dans de nombreuses disciplines. En cela il doit être salué comme une réussite.

Mais dégageons les apports positifs transposables dans un autre « univers », serais-je tenté de dire.

Il s’agit avant tout d’un projet ambitieux mené avec une main de maître. Mais un projet modeste quant à son contour. Ce qui en fait un projet réaliste et donc transposable bien plus qu’adaptable. En effet, les élèves, avec leur smartphone avaient pour « mission » d’enregistrer des ambiances sonores dans Casablanca en précisant le lieu, la date et l’heure ainsi que la description du son. Jusque là, cette opération peut être transposée dans n’importe quelle ville et n’impose aucune difficulté particulière.

Ensuite, ces bandes sonores ont été présentées à d’autres élèves sans information aucune. Et il leur a été demandé de transcrire le paysage sonore tel qu’il le percevait à travers une production artistique (dessin, texte…). La difficulté ici peut apparaître si des enseignants d’autres disciplines venaient à manquer à l’appel. Ce ne fut point le cas à Casablanca.

L’étape suivante consistait à identifier les lieux à l’aide de photos et d’un support cartographique réalisé avec EduGéo. Il faut souligner que les enseignants avaient préparé ledit support. L’interaction avec EduGéo était donc limitée. Mais ce fait a été relevé par les auteurs et ne présente pas un point négatif. En revanche la transcription sur le support numérique final est à n’en pas douter l’œuvre de professionnels de l’informatique. Faut-il le dénoncer ? Non ! Car on pourrait très bien concevoir une présentation plus modeste sur des supports gratuits. Avec certainement moins de « panache » mais qui ne remettrait pas en cause la valeur ajoutée.

Enfin, le projet se poursuit avec la production d’un croquis. Un croquis de type sixième, simple mais réaliste à partir du logiciel EduGéo. Là, en revanche la transposabilité dans d’autres « univers » est tout à fait possible.

En conclusion ce projet met à l’honneur les usages du numérique en mettant en avant la transdisciplinarité. Une transdisciplinarité qu’il ne faut pas voir comme une contrainte mais comme une chance car tous se saisissent du numérique pour aboutir à un projet affirmé. On pourrait même dire que son et vidéo mis à part, des enseignants qui autrefois réalisaient des panneaux pour des expositions à thème, avaient largement tracé la route. Il y a pourtant un petit bémol qui pourra au besoin être corrigé. En effet, hormis la production finale haute en couleur, il n’y a aucune trace du déroulé réel de ce projet. Le site du lycée Lyautey de Casablanca n’en fait même pas mention. D’autres projets présentés au cours de ce FIG ont utilisé leur site web établissement pour « faire vivre » leur projet étape par étape. Cette dimension essentielle fait réellement défaut. Car on aurait aimé se délecter de ce cheminement original et non pas se suffire d’une généreuse production de professionnels.

Atelier TICE : Les sociétés face aux risques [seconde baccalauréat professionnel, adaptable en CAP, 5e, 2de générale] – Gilles CLARA, lycée professionnel, académie Aix-Marseille

Ce projet est une réussite tant par sa simplicité que par sa finalité qui aura permis aux élèves de mieux saisir leur environnement proche, un environnement à risques (la ville d’Orange). Il a été conduit avec brio mais c’est avec la transposabilité qu’il y a écueil. Car tous les établissements scolaires ne bénéficient pas (si j’ose dire) d’un tel environnement aux risques importants et faciles à identifier. Gilles CLARA en est conscient. Il a quitté l’académie pour s’installer dans le nord français où il n’a pas reconduit ce projet. Mais gageons qu’il en prépare d’autres tant il semble passionné et investi.

Ses outils numériques ? Un film documentaire, EduGéo et un jeu « halte aux catastrophes ». Aucune difficulté a priori sauf que, comme le souligne Gilles CLARA, l’enseignant doit se familiariser au préalable avec ces outils. Une petite formation pourrait se concevoir pour EduGéo. Quant au jeu, il ne faut pas s’y méprendre, il demande de la part de l’enseignant une certaine maitrise. L’aspect ludique ne doit pas l’emporter sur l’exploitation pédagogique.

L’originalité de ce projet réside dans l’exploitation d’une situation géographique particulière du lycée professionnel. En effet, Gilles CLARA le souligne bien dans son tableau (brochure à télécharger) la liste des risques naturels et technologiques pour la ville d’Orange est un long et sinistre catalogue. Mais c’est sur un article (reproduit dans Nathan technique) qu’il prend appui pour démarrer son projet. Cet article s’intitule « Fuite d’uranium dans le Vaucluse (2009) ». Une cruelle réalité qui fait réagir. Dès lors, les élèves dressent une liste sur papier de tous les risques qui « planent » sur la ville d’Orange. Il faut signaler que beaucoup d’élèves ne résident pas à Orange et viennent parfois de fort loin.

Vient ensuite le moment du repérage. A l’aide d’EduGéo, les risques identifiés sont reportés sur une carte version numérique. La réalité prend forme. Mais c’est surtout l’occasion de faire un croquis. Un relevé spatial des risques serais-je tenté de dire. Mais un travail cartographique qui est louable et qu’il faut saluer. L’activité s’est déroulée non pas par groupes devant des postes mais avec un seul ordinateur, celui de l’enseignant et un vidéoprojecteur. Et, à mon sens, cela ne constitue pas un handicap au contraire. En effet, des élèves qui viennent tour à tour manipuler EduGéo sous le regard de leurs camarades est probablement aussi formateur que deux élèves devant leur poste. Il ne s’agit pas d’opposer les deux pratiques. Il s’agit simplement de souligner que les deux sont possibles. Et tout le mérite revient à Gilles CLARA pour l’avoir proposé.

Jusque là, la démarche est cohérente et on aurait d’ailleurs pu s’en contenter. Mais Gilles CLARA a souhaité poursuivre en présentant un documentaire sur la catastrophe de Tchernobyl. Puis, il a enchaîné avec un jeu « haltes aux catastrophes » pour cette fois-ci placer ses élèves en acteurs. Il leur a ainsi permis de mieux appréhender, outre les risques, les contraintes qui peuvent peser sur les décideurs.

De toute évidence, les enseignants exerçant dans cette région ont ici un travail que l’on peut qualifier de clef en main pour le collège comme pour le lycée.

Atelier TICE : Acteurs et enjeux de l’aménagement des territoires français : le rôle de l’aménageur dans le parc national du Mercantour [terminale baccalauréat professionnel, adaptable en 3e collège, 1ère L/ES/S/STMG] – Stéphane CIPRIANI, lycée professionnel, académie de Nice

Avec ce projet on change de registre. Il n’est plus question de repérage, de localisation, de croquis. Son auteur professeur d’histoire-géographie-français a pris un autre angle d’attaque. La géographie va lui servir de prétexte pour amener ses élèves à produire des écrits argumentaires dans le cadre d’un travail en groupe et/ou en autonomie.

L’outil numérique se résume à un blog WordPress et à l’utilisation d’une plate-forme : Symbaloo. Mais il ne faut pas minimiser ces outils car ils demandent toutefois une petite formation préalable pour l’enseignant.

Le contexte dans lequel s’est déroulé le projet n’est pas « innocent » et pose là encore le problème de la transposabilité sans pour autant remettre en cause sa réussite. En effet, Stéphane CIPRIANI exerce dans un lycée professionnel « Travaux Public ». L’aménagement du territoire est donc au cœur des préoccupations de ses élèves. Mais au-delà, les enseignements professionnels de ses collègues sont directement concernés. D’ailleurs ces derniers ont été parties prenantes dudit projet. La transdisciplinarité déjà évoquée pour d’autres projets du FIG 2015 est ici, aussi, une réalité. Mais il semble évident que le bénéfice retiré tant par les élèves que les enseignants semble nettement supérieur à l’investissement. En d’autres termes, le retour sur investissement est ici à haut rendement !

De quoi s’agit ? Stéphane CIPRIANI prenant comme prétexte le parc national du Mercantour voisin de l’établissement scolaire, a proposé un jeu d’aménagement virtuel. Il a mis en place un jeu de rôle. Des groupes d’élèves ont été formés en reflétant tous les acteurs intervenant dans un aménagement de ce type. Du ministre aux riverains en passant par les touristes rien n’avait été omis.

L’essentiel de ce travail consiste à démontrer, pour l’élève, la maitrise de ressources documentaires d’une plate-forme et surtout à mettre en ligne des textes sérieusement argumentés.

L’originalité de ce projet ne réside assurément pas dans les outils numériques. Car ils ont fait l’objet de nombreuses présentations par le passé. Le véritable intérêt se trouve dans la simplicité de la mise en œuvre et surtout dans la transdisciplinarité conduite par Stéphane CIPRIANI. On pourrait aussi y ajouter dans le choix du thème. Une géographie parfois jugée inutile, parfois relayée loin derrière ne serait-ce que l’histoire et qui soudain devient le pivot, la valeur ajoutée à tout un processus basé sur le numérique.

Atelier TICE : Imaginer la ville de demain : l’exemple de Chartres Métropole [terminale baccalauréat professionnel, adaptable en 3e collège, 1ère L/ES/S/STMG] – Nicolas Le LUHERNE, lycée professionnel, académie d’Orléans-Tours

Ce projet s’inscrit lui aussi, dans la transdisciplinarité. Il a été mené dans un lycée professionnel des métiers du bâtiment. Ce qui a sans nul doute facilité le regroupement des différents enseignants de l’équipe pédagogique.

Mais par-delà, ce qui est intéressant c’est que l’on retrouve cette géographie de proximité déjà évoquée pour d’autres projets. En effet, Nicolas LE LUHERNE a, lui aussi, inscrit son projet dans une réalité quotidienne de ses élèves. Tout d’abord il a pris appui sur la rénovation qui a cours à Chartres. Il s’est ensuite interrogé sur le meilleur angle d’attaque. Le pôle gare par lequel transitent de nombreux élèves lui semblait propice. Inviter des élèves dont la spécialité est « le génie civil assistant d’Architecte et Etudes Economie » était une opportunité indéniable.

Les outils numériques utilisés sont pour certains spécifiques à la géographie comme EduGéo quand d’autres sont partagés par tous les enseignants comme par exemple la plate-forme « Moodle ». Si cette dernière sert de support pour ce projet, on pourrait tout aussi bien s’en passer, ce qui n’enlèverait rien à la pertinence dudit projet. Certes, la plate-forme Moodle offre une plus value. Mais son utilisation qui demande une formation préalable « soutenue » de l’enseignant ne doit pas l’effrayer. C’est pourquoi, je pense, après avoir analysé la production qu’un projet similaire peut parfaitement se concevoir sans ladite plate-forme.

Tout commence par le visionnage d’une vidéo disponible sur la chaîne de Youtube de la ville de Chartres. L’élève découvre l’aménagement. Il lui est demandé de l’analyser et d’identifier les acteurs. Le retour vers l’enseignant est fait via Moodle mais pourrait tout aussi bien se faire version papier. Dans un deuxième temps, l’élève met en évidence les enjeux liés à cet aménagement en s’appuyant sur ses cours notamment. Dans un troisième temps, l’élève est mis en situation. Avec le logiciel EduGéo, il propose un parcours de la gare au lycée. Il est conseillé de ne pas suivre un chemin existant sans modifications mais plutôt d’innover de proposer en un mot se montrer créatif. L’aller-retour élève/enseignant se fait via le support Moodle mais pourrait se faire tout simplement par le transfert de fichiers. Dans un quatrième temps, il y a une mise en commun de tous les travaux et une réflexion collective est menée pour définir un parcours « idéal ». Puis Nicolas LE LUHERNE amène ses élèves à réfléchir à l’évolution urbaine de Chartres. Là, l’enseignant utilise l’application « Aurasma ». La description faite par l’auteur est certes plaisante et convaincante pour qui sait maitriser suffisamment le produit. Mais il faut admettre que pour un grand nombre de collègue ce serait un véritable chemin de croix ce que reconnait volontiers Nicolas LE LUHERNE.

Ce qu’il faut retenir de ce projet au-delà de certaines performances techniques indiscutables, c’est l’originalité de son approche et son compartimentage possible. En effet, il n’est nul besoin d’utiliser ni Moodle ni Aurasma pour le réussir. En revanche après un premier essai sans ces outils, l’enseignant sera assurément tenté de recommencer en utilisant l’un d’abord puis l’autre. Le monde ne s’est pas construit en un jour !

Atelier TICE : La Normandie à l’heure de la réunification [terminale baccalauréat professionnel, adaptable en 3e collège, 1ère L/ES/S/STMG] – Stéphane MONNIER et Antoine VAILLANT, lycée professionnel, académie de Rouen

Il fallait oser !
Sur la base d’un sujet d’actualité qui par certains aspects pouvait très vite tourner à la polémique nos deux collègues ont fait le pari de l’intelligence. Et ils ont réussi. Bravo !

Alors là, incontestablement, le projet est transposable spatialement car toutes les régions sont plus ou moins concernées mais surtout le thème est obligatoire tant au collège qu’au lycée général.

Les outils numériques utilisés ? Un seul EduGéo et accessoirement le logiciel Italc. Qu’est-ce qu’Italc ? C’est un logiciel qui permet de surveiller et d’interagir à partir de l’ordinateur du professeur sur celui des élèves de la salle. C’est bien… mais bon ce n’est pas indispensable pour mener à bien ce projet ou un autre identique après avoir été transposé.

Les enseignants posent tout d’abord les bases dans le cadre de cours traditionnels. Qu’est-ce que l’aménagement du territoire ? Quels en sont les acteurs ? Quels en sont les enjeux ? Ainsi « armés » il est proposé aux élèves de découvrir un article de la presse intitulé « Caen ou Rouen, le match de la future capitale normande est lancé ». Chacun pourra mesurer à quel point cette entrée est pertinente.

Dans un premier temps, prenant appui sur les cours de géographie appliqués au cas concret, les élèves construisent un croquis avec EduGéo relatif à la hiérarchie urbaine. Avec des outils simples comme les cercles proportionnels, les lignes représentant les axes et les figurés ponctuels (hôpitaux, musées…) il essaie de définir graphiquement cette hiérarchie. Le travail mené sous la conduite des enseignants n’est toutefois pas arrivé à trancher la question. Qui de Caen ou Rouen peut prétendre être Capitale. Le sujet est d’autant plus épineux qu’au cours de ces travaux, une autre ville, Le Havre s’est invitée comme prétendante. La seule certitude à ce stade c’est que dans ce match dorénavant à trois, il y aura deux perdants et un seul gagnant. Sauf…

Dans un deuxième temps, les enseignants soumettent aux élèves un texte de recherche géographique qui met en avant qu’un regroupement des pôles pourrait être une solution pour générer une dynamique. Construire ensemble l’avenir plutôt que se détruire au présent, voilà une orientation nouvelle pour les élèves.

Dans un troisième temps, tout est remis à plat et on réfléchit à une métropole tricéphale. Le travail s’achève avec la réalisation du croquis final et une production scripturale argumentée. Le débat n’est pas pour autant clos. Au contraire il est relancé mais sur une base argumentaire sérieuse.

En conclusion, voici un sujet d’actualité et un outil numérique (EduGéo) qui ont permis de mettre en place une argumentation sérieuse. De plus, le projet a été conduit sans technicité déroutante. Nous sommes donc là, devant un projet que l’on souhaiterait voir essaimé en France et en Navarre (pour faire un clin d’œil aux historiens nos partenaires binômes).

Atelier TICE : Territoires d’eau au Sahel et représentations d’élèves : habiter un mirage [seconde générale, adaptable en 5e collège et 2de baccalauréat professionnel] – Vincent DOUMERC, lycée général, Cnes, académie de Toulouse

Avec ce projet on entre résolument dans le monde de la haute technicité. Une technicité qui n’a d’ailleurs pas été cachée par son auteur Vincent DOUMERC. Il a d’emblée averti le public. Il n’enseigne actuellement pas, mais est détaché au Cnes pour promouvoir ce type d’exploitation numérique. Il précise également que ledit Cnes en partenariat avec le MEN propose des stages aux enseignants pour se former à la manipulation de l’outil informatique nécessaire. Il n’y a donc aucun maquillage d’une réalité plus complexe. En résumé, l’enseignant intéressé pourra demander une formation et se lancer par la suite dans la production de ses propres projets.

Tout le projet est basé sur deux outils numériques gratuits : Quantum GIS (dit QGIS) un SIG très performant et TERREImage un logiciel de traitement d’images gratuit financé par le Cnes.

L’intérêt de ce projet ne se trouve pas dans l’implication des élèves sur le plan numérique. L’enseignant maitrise tout du début à la fin. L’élève participe, questionne, émet des hypothèses, découvre et à la fin de la séance doit produire un croquis dont le support sera la version papier sauf à utiliser un logiciel de dessin ici inutile. Alors où se niche l’intérêt ? Dans la haute technicité surtout si le projet est conduit dans transdisciplinarité. Montrer à l’élève que la géographie n’est pas uniquement descriptive à partir de documents qu’il connait dans les manuels. Non la géographie peut aussi se saisir d’outils numériques très puissants pour cerner un problème et le résoudre scientifiquement.

La démarche proposée par Vincent DOUMERC est déconcertante par sa simplicité. On se sent comme transporté dans ce voyage qu’il nous propose à la découverte de paysages avec leurs contradictions apparentes. Il nous invite ainsi à analyser, puis à comprendre l’organisation d’un tout petit territoire du Sahel confronté, on le sait, au problème de la gestion de l’eau rare. Sa présentation est presque magique et saura sans nul doute emporter la curiosité de nos élèves pour un résultat garanti. La description bien organisée que l’auteur en fait dans la brochure de présentation du FIG 2015 (téléchargeable gratuitement voir ci-dessus) se dispense de toute redite. Je vous y renvoie. Mais la condition reste la maîtrise de l’outil numérique. Cela peut être un frein.

En revanche, j’émets un sérieux doute sur la transposabilité à d’autres niveaux inférieurs à la classe de seconde du cycle général. Vincent DOUMERC ne l’a d’ailleurs pas abordé lors de sa présentation. Et là pour le moins, on comprendra aisément que l’auteur a satisfait une exigence du cahier des charges. On ne saurait lui en tenir grief tant son projet est excellent. Mais on est cependant en droit de se poser la question : y-a-il un pilote dans l’avion ? Ce cahier des charges que l’on devine a bien été rédigé. Par qui ? Dans quel but ? Prouver que tout dans le numérique est adaptable, transposable et interchangeable ? Si c’est le cas, « c’est comme diraient les élèves raté ». Souhaite-t-on des productions « hamburger » que l’on peut manger à toutes les sauces sans saveur aucune ? Sans caractère aucun ? Ce serait en tout cas dommage. Et ce projet, comme d’autres d’ailleurs, est un excellent exemple de ce que l’on peut produire en géographie sans pour autant obliger tous les enseignants à s’y « frotter ».

Atelier TICE : La ville idéale [seconde générale, adaptable en 6e et 5e collège] – Jean-Pierre MEYNIAC, lycée général, académie de Grenoble

Ce projet invite au rêve tant par son intitulé que par les outils numériques utilisés. En effet, Jean-Pierre MEYNIAC propose une exploitation d’extraits de films et le recours au jeu Ecoville. Mais ne vous y trompez pas. Tout, dans ce projet est sérieux et quoiqu’en dise son auteur, appelle sinon une haute technicité, du moins une très grande dose de passion. Il faut cependant lui reconnaitre le mérite d’avoir avoué au cours de la séance questions/réponses qu’il se faisait autant plaisir que ses élèves (peut-être plus non ?).

Le recours à des extraits vidéo et le jeu ne doit pas occulter le recours systématique au travail sur support papier. Mais il est vrai, Jean-Pierre MEYNIAC, vieux routier du numérique utilise aussi l’ENT pour dématérialiser les échanges et s’inscrire ainsi pleinement dans l’ère du numérique. Ce n’est pourtant pas une obligation pour mener à bien ce projet.

Original autant que plaisant, ce projet cache à première sa vue sa complexité. Mais c’est peut-être aussi là son intérêt. L’élève sans nul doute se laisse volontiers embarquer. Ce n’est pourtant pas lui qui fournit le plus d’investissement. L’enseignant quant à lui, surpris par une facilité apparente, franchira assez facilement le pas. Et, comme dans un labyrinthe, une fois dedans il arrivera assurément à trouver le bon chemin sans toujours voir le chemin parcouru. Il faut tout de suite souligner que le retour sur investissement est ici au rendez-vous.

Première étape, Jean-Pierre MEYNIAC entre dans le sujet avec une analyse du générique de Weeds. Simple non ? Oui, sauf que l’enseignant aura préparé en amont la séquence vidéo et la fiche de travail papier remise à l’élève (mise à disposition gratuite par l’auteur – adresse sur la brochure FIG 2015). Et ce n’est que le début. L’élève analyse, transmet ses résultats à l’enseignant pour une évaluation possible. Puis suivent plusieurs extraits de films au choix proposés à l’élève dont la mise en œuvre est identique à la phase précédente. La charge d’investissement de l’enseignant augmente. (Signalons que Jean-Pierre MEYNIAC met toujours à disposition gratuite ses productions !) A ce stade, les élèves ont acquis les notions attendues notamment par le biais des travaux personnels aller/retour élève/enseignant.

Deuxième étape, il est proposé aux élèves d’exploiter le jeu Ecoville. La pertinence de ce jeu n’est plus à démonter. Il a fait l’obligation de publications. Jean-Pierre MEYNIAC insiste cependant à juste raison sur l’appropriation par l’élève des règles du jeu. Ceci ne peut se faire qu’à la maison pour tenir compte des capacités de chacun. Le jeu se déroule enfin en classe par groupe de deux élèves pour un poste d’ordinateur. Et comme précédemment il y a une feuille de route essentielle pour un apprentissage. A la fin de la partie jeu, l’enseignant demande une copie écran qui reflète le résultat obtenu par le binôme élève. Il peut y avoir évaluation ou non. Et pour finir, il est proposé une séance de débriefing qui reprend l’activité en elle-même, côté jeu et côté apprentissage. Jean-Pierre MEYNIAC conclue, en insistant, qu’une bonne connaissance du jeu par l’enseignant lui-même est la clef de la réussite. Rendons hommage à cette honnêteté intellectuelle.

En conclusion, pour qui aime le jeu vidéo et le cinéma en général, ce projet doit l’interpeller. D’ailleurs il s’agit ici moins de technicité que de « passion » me semble-t-il. Ce projet est à la portée de tout enseignant et pour tester, on pourra toujours puiser dans les ressources mises en ligne par Jean-Pierre MEYNIAC.

Atelier TICE : Sydney, voyage prospectif dans une ville aux enjeux du développement durable [seconde générale, adaptable en 5e collège] – Cédric RIDEL, lycée Marguerite Duras d’Hô-Chi-Minh-Ville, AEFE

Hô-Chi-Minh-Ville, Sydney, deux voisines ? Assurément ! A l’échelle de l’AEFE mais pas pour les élèves ! Cédric RIDEL s’en est d’ailleurs expliqué. Il lui importait d’une part de coller au thème du FIG 2015, mais aussi de démontrer que l’on pouvait travailler sur un espace qui n’était pas proche tout en essayant de le comprendre.

Le pari est audacieux et invite indubitablement au voyage. Mais n’est-ce pas là aussi un atout de la géographie ?

Les outils numériques utilisés pour ce projet sont variés. Des ordinateurs, des tablettes, des smartphones et une grande palette de logiciels et applications comme Audacity, Aurasma, lecteur de QR Code… Mais cette longue liste ne doit pas effrayer pour autant. Il faut d’ores et déjà signaler que tous les outils proposés ne sont pas absolument indispensables à la réussite de ce projet. On pourra, si besoin en était, aisément remplacer certains outils numériques par du papier et un crayon sans pour autant perdre « l’essence » même du projet.

Dans un premier temps, tout commence par la constitution de groupes d’élèves qui devront choisir dans une liste établie par l’enseignant, un sujet d’étude relatif au développement durable. Cédric RIDEL propose de le faire avec l’outil numérique. C’est intéressant et même plaisant pour qui sait le maitriser. Mais on pourrait tout aussi bien le concevoir de manière très traditionnelle, au tableau pourquoi pas noir avec une bonne vieille craie ? Les parfums d’antan ont aussi leur saveur !

Dans un deuxième temps, les élèves débutent leurs recherches sous « l’œil de l’enseignant ». Une mise en activité très classique mais revisitée ici parce que Cédric RIDEL propose une restitution via un blog WordPress. Possible et ici obligatoire car la suite du projet en dépend.

Dans un troisième temps, les élèves produisent. Tout leur est permis. Du texte à la vidéo en passant par la bande son ou le dessin. Signalons toutefois que tout ceci doit être reporté sur le blog WordPress. La technicité s’invite de fait pour l’utilisation des logiciels appropriés. Cédric RIDEL l’a d’ailleurs relevé. Et pour éviter les redites inutiles, je vous renvoie vers la brochure du FIG 2015 où l’auteur a détaillé tous les outils numériques nécessaires. Certes la grande variété d’applications et de logiciels peut effrayer a priori mais comme déjà signaler, on peut aborder ce projet beaucoup plus modestement. Un élément cependant incontournable est la réalisation d’une carte avec l’outil UMap. L’investissement de l’enseignant et la maitrise du numérique apparaissent dès lors comme essentiels. Le projet avec la production de cette carte pourrait être abouti mais Cédric RIDEL a souhaité poursuivre.

Dans une quatrième étape, il propose l’utilisation de la technique des QR Code pour saisir chaque production. Cette étape, si elle offre une évolution du projet avec de plus en plus de numérique apparait toutefois comme le mur du son. Une fois franchit on va plus vite à destination. Mais c’est tout !

Dans une cinquième et dernière étape on est émerveillé. Oui, on a franchit le mur du son mais pas seulement pour aller plus vite du point A au point B, on découvre un espace virtuel de la ville étudiée ! Avec cette dernière étape, Cédric RIDEL a su surprendre, couper le souffle. Avoir su, avec ses élèves, créé un espace virtuel en prenant appui sur leurs « petites » productions est tout simplement magique autant qu’époustouflant.

En conclusion, dans ce projet la technicité est évidente et omniprésente. Le simplifier est toujours possible. Mais on y perdrait de sa magie. Et c’est là que l’on découvre une autre facette de la géographie. Merci Cédric RIDEL !

A propos de l'auteur

Jacques MUNIGA

- Doctorat en géographie 1983 + D.E.S.S. droit aménagement et urbanisme 1983 - Doctorat en géographie 1995 - TZR en histoire-géographie au départ puis un accident de trajet (27 mois arrêt de travail)une reprise très diffcile en octobre 1999 ; enfin, un poste fixe au lycée H. Daumier à Marseille. Arrêt total des recherches à cause des séquelles de mon accident. Une reconversion vers le "croquis de géographie" à travers …

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