Dans le cadre des ateliers numériques, Arnaud Détot, professeur au collège du Val de Nièvre à Domart-en-Ponthieu (académie d’Amiens), témoigne de sa pratique professionnelle mobilisant le numérique pour le mettre au service des apprentissages. La proposition pédagogique présente une séquence sur le thème des migrations, thème 2 du programme de géographie en 4ème (cycle 4). L’objectif est de prendre la mesure des phénomènes migratoires dans toute leur diversité.
Afin d’appréhender au mieux la variété des flux et des itinéraires, l’enseignant propose à la classe un travail en groupe pour étudier 10 parcours de migrants (l’espace parcouru, la durée de la migration, les différentes phases de circulation, de franchissements, d’arrêts…), qui permettra de réaliser des productions en webradio et une cartographie numérique collaborative.
Les situations d’apprentissage, mobilisant des ressources et des outils numériques, visent à travailler particulièrement des compétences de l’oral. L’autonomie, la prise d’initiative, le travail en équipe, la mutualisation (avec la réalisation d’une carte de synthèse commune à l’ensemble des élèves de la classe) sont aussi développés.
Par ailleurs, le professeur a bénéficié d’un partenariat dans le cadre d’un PACTE niveau 2. Un journaliste, un technicien et un musicien (pour le montage de jingle) sont intervenus en classe.

La première séance (2 h) a pour objectif d’analyser le témoignage de différents parcours migratoires transnationaux, en vue de réaliser un enregistrement audio décrivant et expliquant chacun des cas étudiés.
Dans un premier temps, le professeur distribue les consignes de travail sur une fiche recto-verso. Après la recherche de quelques définitions en rapport avec les migrations, les élèves sont amenés à sélectionner et exploiter des informations à partir d’un dossier documentaire sur une tablette, qui décrit le parcours d’un migrant. Il leur est demandé de compléter une carte mentale à partir d’un modèle proposé, où il convient de présenter le migrant (nom, âge, nationalité, profession, raisons pour lesquelles il quitte son pays), de décrire son parcours migratoire (pays où il désire se rendre, durée du voyage, distance parcourue, pays traversé, moyens de transport utilisés, difficultés rencontrées), et enfin de faire le bilan de son parcours (le pays d’accueil répond-il a ses attentes ? Pourquoi ? Quelle est sa situation actuelle ? Autrement dit son métier, S’est-il intégré dans la société ? Est-il parvenu à destination ?).
Sur la fiche de travail donné par le professeur, les élèves tracent sur un fond de carte le parcours du migrant : le pays de départ, les pays traversés et le pays d’arrivée. Durant cette activité, des aspects cartographiques méthodologiques sont abordés (types et choix des figurés).

La deuxième séance (1 h), au CDI, consiste à enregistrer le reportage audio et à réaliser une carte numérique. Le professeur d’Histoire-Géographie et le professeur documentaliste vérifient les travaux préparatoires réalisés dans la première séance. Les traces écrites des reportages audio ainsi que les versions « papier » du travail cartographique sont ajustées, complétées, corrigées et enfin validées avant leur transposition numérique. Les enregistrements sont effectués avec différents supports disponibles de l’établissement. A l’aide du logiciel Audacity, les élèves sont sensibilisés au travail de montage audio. Il s’agit ici d’améliorer le rendu de la production audio en rendant homogène le niveau de la voix et en retirant les hésitations, les cafouillages. Ainsi le droit à l’erreur a sa place dans les apprentissages. Les élèves comprennent qu’un oral construit ne peut pas être spontané. Pour pouvoir enregistrer un récit structuré, ils doivent le préparer en amont et donc passer par l’écrit pour construire leur pensée.
La tâche de cartographie numérique s’effectue avec Google MyMaps. Sur un ordinateur unique, où le professeur a crée un fond de carte composé de 10 calques correspondants aux 10 parcours analysés, les groupes d’élèves se relaient pour placer les repères attendus de leur étude de cas : pays de départ, d’arrivée et de transit (figurés ponctuels) et le trajet du migrant (figuré linéaire).

La dernière séance (1 h 30) correspond à la mise en perspective des parcours migratoires étudiés. Elle débute par l’écoute des reportages réalisés et la projection des différents trajets construits à l’aide de Google MyMaps. Puis les élèves sont conviés à effectuer une carte papier, bilan des migrations mondiales, mettant ainsi en évidence les principales régions de départ et d’arrivée, les principaux flux migratoires, ainsi que les zones de surveillance renforcée des frontières faisant obstacles à ces déplacements.

Eric Joly et Christine Valdois pour les Clionautes