Cynthia Ghorra-Gobin propose de développer les hypothèses sur lesquelles elle travaille aujourd’hui. : Se forger une nouvelle représentation des villes américaines.

L’exposé commence par l’évocation de l’actualité :

Lors de la conférence de Munich en 2018, la ministre allemande des Affaires étrangères Ursula Von der Leyen a parlé de « l’Europe post-américaine » invitant à changer nos représentations aussi bien de l’Europe que des États-Unis.
Cynthia Ghorra-Gobin invite à se reporter à son intervention au festival de géopolitique de l’an passé : Des villes dans un monde globalisé : imaginer la condition « locale-globale »

Nouveau principe de classement mondial PNB-PIB

Le think tanks Chicago Council on Global Affairs a proposé en 2016 un classement des villes par leur PIB. Sur les 100 premiers PIB au monde, on trouve 12 métropoles américaines.

C’était la première fois que des villes et des États étaient mélangés dans un tel classement.

Cynthia Ghorra-Gobin fait un rapide rappel historique. Aux États-Unis à la fin du XIXe siècle,c’est l’émergence des grands villes avec l’industrialisation et les flux migratoires. En 1920 la population urbaine devient majoritaire (>50%) et en 1990 c’est la population suburbaine (extension des aires urbaines) qui dépasse les 50%.
Il y a 381 métropoles dont 53 dépassent 1M d’habitants. Quant au classement des villes (pas des aires métropolitaines) :
en 1900 New-York – Chicago – Philadelphie
en 2000 New-York – Los Angeles -Chicago

Les métropoles : sites privilégiés du développement

Dans le contexte de la mondialisation, de la globalisation et des phénomènes de polarisation on parle aujourd’hui de « métro-nation »  voir son Dictionnaire critique de la mondialisation,paru en 2012 chez Colin.

Cynthia Ghorra-Gobin présente le point de vue de quelques économistes qui ont travaillé sur la ville.

Saskia Sassen (The Global City: New York, London, Tokyo (Princeton Paperbacks, 1991) qui traite des flux économiques.

Myron Orfiefld (Metropolitics – 2002) évoque les politiques à l’échelle de la métropole [ voir cet article: De la métropole : une figure urbaine en quête d’une réflexion géopolitique-> https://www.diploweb.com/De-la-metropole-une-figure-urbaine.html].

Richard Florida ( The Rise of the Creative Class 2005 et en 2017 The New Urban Crisis) développe le concept de creative class : l’attractivité des villes et l’intérêt de la proximité spatiale pour participer à l’économie de la connaissance voir La classe créative au secours des villes ? par Denis Eckert & Michel Grossetti & Hélène Martin-Brelot.

Edward Glaeser (Triumph of the City 2011) développe le rôle de la ville pour la production économique et la proximité spatiale comme facteur de développement.

Bruce Katz et Jennifer Bradley (The Métropolitain révolution : How Cities and Metros Are Fixing Our Broken Politics and Fragile Economy, 2014) décrivent un nouveau monde plus qu’une révolution, non anticipé par les élus ou les pouvoirs publics. Le relatif repli des villes au profit des métropoles en matière de population et de dynamique territoriale répartie sur un plus vaste espace.voir La révolution métropolitaine américaine par Julien Damon en 2017.

Bruce Kats et Jeremy Nowak ( The New Localism: How Cities Can Thrive in the Age of Populism 2017) développe l’idée selon laquelle dans un contexte américain où le pouvoir fédéral ne fait pas l’unanimité l ‘innovation, le progrès, le développement se joue au niveau local.

Toutefois, la réflexion sur la ville est plus ancienne : Neil Smith dans The New Urban Frontier: Gentrification and the Revanchist City mettait l’accent sur la question sociale qui se joue au niveau des villes en fonction de la gentrification de l’espace urbain voir l’article dans [Hypergéo->http://www.hypergeo.eu/spip.php?article681].

D’autre part, le Think tank Bookings institution à Washington qui travaille sur les programmes de politique des métropoles voit la ville comme un centre de capital humain.
Le concept de « metronation » sur la puissance économique de la ville repose sur une nouvelle typologie métropolitaine, contenant sept catégories. Ces nouvelles classifications sont basées sur la croissance démographique, la diversité et le niveau éducatif en comparaison des moyennes nationales.

À ce propos, Cynthia Ghorra-Gobin présente l’exemple d’Amazon qui intrigue les chercheurs quand l’entreprise voulant implanter un second siège social demande aux villes de lui faire des propositions. Les chercheurs ont développé l[‘«indice de talent»->https://gtcistudy.com/infographic/#] : niveau de population, nombre d’emplois high tech, % de ces emplois dans le marché du travail local… ). On constate alors que si les grandes métropoles (New-York, Tokyo…) sont bien présentes, des villes secondaires sont aussi bien placées ( Atlanta, Colombus, Nasville..) donc ne pas oublier ces villes quand on travaille sur les États-Unis, ne pas oublier que Trump a gagné dans les petites et moyennes villes ( 328 des 381 métropoles).
Autre chiffre parlant qui introduit le troisième point de la conférence, les comtés démocrates représentent 64% du PIB contre 36% pour les Républicains

Mobilisation des villes et des États fédérés sous Trump

Des villes et des États fédérés se mobilisent sur la scène internationale face à la position nationale de Donald Trump, on parle parfois de « guerre culturelle », par exemple la Californie contre les climato-sceptiques.
375 villes ont décidé de suivre les principes de la COP21 et de le faire savoir, elles se sont engagées dans la transition énergétique et la lutte contre le changement climatique les 22 et 23 octobre dernier Paris accueillait une quarantaine de maires venus des quatre coins de la planète pour trouver des solutions afin de lutter contre le réchauffement climatique. C’est le [« C40 Cities »->http://www.novethic.fr/lexique/detail/c40.html].

La nouveauté est cette présence des villes au niveau international (America’s Pledge on climate, stand au parlement européen, Global Covenant of Mayors.

Face à la volonté de Donald Trump de renégocier l’ALENA on constate des accords entre villes américaines et mexicaines (Hermosillo/Mexico/Phoenix) , des « metro to metro deals », l’émergence de réseaux transnationaux de villes.

En conclusion une question : les villes « figures émergentes » de la puissance des USA au XXIe siècle ?

Un site ressource de celui de Cynthia Ghorra-Gobin.