Avec Catherine FOURNET-GUERIN, professeure de géographie. Se mouvoir dans l’espace, c’est aller vers des endroits connus et en éviter d’autres pour diverses raisons. Se mouvoir dans la ville peut aussi consister à rejoindre des espaces tenant lieu de cachettes pour des pratiques interdites ou réprouvées socialement, d’où une corporéité liée à la dissimulation, voire à l’invisibilisation. Se tenir dans l’espace et s’y déplacer engage la personne telle qu’elle se présente avec son corps dans l’espace, ou bien telle qu’autrui se la représente, que ce soit positif ou stigmatisant. 

La conférence prend place à la bibliothèque Jean de la fontaine de Saint Dié des Vosges dans le quartier Saint-Roch légèrement à l’écart du centre du FIG. En lien avec le réseau ESCALES (médiathèque de la CA de Saint Dié, la responsable du lieu, Gaëlle Grailler, souhaitait promouvoir un nouveau point de passage pour le festival. La salle était comble et il fallut même ajouter d’autres chaises pour placer tout le monde. 

Catherine Fournet Guèrin, Université Paris IV, commence par nuancer le titre en proposant le terme de “barrières” de pair avec celui de frontières. Si ce phénomène et parfois connu, il s’agira de voir comment ces barrières peuvent se constituer selon l’apparence corporelle. Elle prend l’exemple des femmes prostrées chez elle sous la période du Shah en Iran car elle ne pouvait pas se voiler dans la rue, elles ont alors considéré la révolution de 1979 comme une libération. Les femmes dévoilées ont, elles, vécu cela comme un recul alors liberté de circulation. Cet exemple montre alors que les barrières peuvent être mouvantes selon le groupe social auquel on appartient. 

Quelles restrictions invisibles liées au corps ?

3 causes principales vont expliquer la mise en place de restriction pour des individus.  

Le phénotype c’est à dire la couleur de peau la texture des cheveux ou le genre. De nombreux travaux ont déjà mise en avant ce type de barrière. 

L’apparence sociale, les vêtements les accessoires comme le piercing ou le tatouage, peuvent aussi avoir une influence sur l’accès à l’espace. C’est le thème de l’ouvrage voyage de classe de Nicolas Jounin en 2016 qui montre comment le port de baskets ou de survêtement peut induire un mépris social et restreindre l’accès à certains espaces. Cela se combinent aussi au phénotype évoqué précédemment.  

La peur peut aussi être un symptôme de non-déplacement. Il s’agit de la peur d’être agressé, de mourir, de ne pas être à sa place ou simplement d’être en coprésence dans ce cas les espaces nocturnes font davantage peur que les espaces diurnes.  

Cela s’explique par les processus normalisation et de domination. 

Quelles tactiques mettre en œuvre ?

 La réclusion dans un espace restreint comme le logement et une tactique. C’est celle du retranchement. Les individus peuvent aussi chercher de nouvelles formes d’habillement soit pour dissimuler son corps (les femmes sont aussi du voyage de Lucie Azema)  soit pour s’adapter à la norme soit pour s’en défaire.  

L’exemple de Rosa Parks en 1955 montre comment le corps peut devenir un objet politique qui sous-tend une lutte idéologique dont l’objectif est de faire tomber des barrières spatiales. 

C’est aussi possible de chercher des cachettes les endroits à l’écart où se retrouver comme par exemple des squats ou des lieux privés. On peut aussi revendiquer de s’affranchir des normes comme lors de la participation à des marches collectives pour revendiquer son identité. 

Une présentation rapide et concise qui a su stimuler l’intérêt de l’auditoire. Les nombreux échanges à la fin n’ont été interrompus, pour partie, qu’avec la nécessité de rejoindre les autres conférences.