Participantes :

  • Jocelyn Gomez : prof de maths
  • Catherine Orione : prof de SVT, membre de l’IREM et de l’IRES
  • Céline Lefebvre-Alemany : prof HG

Premier jour du festival et déjà une affluence forte en la salle capitulaire du Conseil Départemental pour l’atelier pédagogique qu’animent Jocelyn Gomez, Catherine Orione et Céline Lefebvre-Alemany. Toutes trois professeurs en activité, la communication qu’elles proposent vise à la fois à assurer une mise au point scientifique et historique sur le rôle et l’évolution des cabinets scientifiques et de fournir aux enseignants, qui composent une partie importante de l’assistance, des pistes de travail et des liens afin d’enrichir leurs pratiques pédagogiques.

Les toutes premières à prendre la parole, Jocelyn Gomez et Catherine Orione, reviennent sur l’histoire et le rôle clé des cabinets scientifiques dans la vulgarisation scientifique au XVIIIème siècle.

Le temps du spectacle

Le 23 juin 1784, plusieurs milliers de personnes se rendaient sur Versailles afin d’assister à l’envol de la Marie Antoinette, première montgolfière. Ce spectacle, qui mobilise l’armée, la cour, les artistes et la population illustre le traitement des sciences à l’époque, abordées sous le prisme du spectacle et du divertissement. Cette véritable « folie des sciences » au XVIIIème siècle se traduit par le développement des cabinets scientifiques, issus des cabinets de curiosités. Si à l’origine les cabinets de curiosité désignaient des lieux de collections d’objets rares, représentant les trois règnes (animal, végétal et minéral), et n’avaient d’autres utilités que la curiosité et l’exposition de celle-ci, ces fameux cabinets évolueront, au XVIIIème siècle, sur une base expérimentale en proposant aux spectateurs de découvrir, au travers de l’expérience, organisées en public ou privé. Diderot parlait des cabinets scientifiques comme un « abrégé de la Nature entière », utilisant les objets présents à des fins pédagogiques.

Cabinets de curiosités

Très rapidement le nombre de cabinets scientifiques explose, témoignage de l’intérêt grandissant de la population pour la veille scientifique. Cette multiplication de cabinets est portée par de grands vulgarisateurs. L’un des plus célèbres, qui disposait d’un cabinet de physique, est l’abbé Nollet. Né sans fortune, il conçoit et construit ses instruments seuls. Très reconnu, considéré comme le spécialiste de l’électricité, il donna des cours aux enfants de la famille royale française et aux autres cours d’Europe. *

Autre grand personnage de l’époque : Sigaud de La Fond. Né à Bourges, il monte à Paris et suit apparemment les cours de l’abbé Nollet dont on considère qu’il est le successeur. Rapidement sa renommée gagne toute l’Europe. Très prolixe, il publia de nombreux ouvrages à destination des femmes.

Dernier personnage local : François Bienvenu. Considéré comme le « bateleur de la science », François Bienvenu s’est promené dans toute l’Europe, transportant son cabinet scientifique avec lui et entretenant une correspondance avec Lavoisier. S’installant à Paris, François Bienvenu ouvre un atelier où sont organisées démonstrations et productions d’objets et d’ustensiles que Bienvenu tentent de revendre aux spectateurs de ces présentations.

L’implication des femmes dans les activités des cabinets scientifiques étaient réelles et ce à divers niveaux :

1, Certaines participèrent grandement aux avancées de la vulgarisation scientifique de l’époque : ex de Madame Coudray sur la question de l’accouchement, fabriquant vagins et fœtus afin d’enseigner les pratiques aux futures sages-femmes qu’elle formait au cours de ses voyages.
2, D’autres participaient activement aux productions des instruments expérimentaux utiles aux expérimentations.
3, De manière générale une forte partie du public était féminin.
Pour ces raisons nombre d’ouvrages à destination de l’éducation scientifique des femmes furent rédigés (Astronomie des Dames de Lalande).

Instruments expérimentaux

Base de toutes ces démarches, les instruments expérimentaux permettaient l’éducation du public et briser les fausses idées (gouttière cycloïdale, la balance de cristal sur la poussée d’Archimède, double cône, vis d’Archimède, hémisphère de Magdebourg)

Charlatanisme

Le public, qui assiste à des expériences spectaculaires mais rationnelles désire également entrer en contact avec l’harmonie universelle à travers des baquets mystérieux employés par des charlatans. Ces incubateurs, pouvant prétendument guérir les maladies, faisaient fureur à une époque où les théories des fluides avaient pignon sur rue. Ceux-ci ne contenaient que de l’eau, de la limaille de fer et du verre pilé. De même le mesmérisme ou magnétisme animal (du nom de Franz Anton Mesmer, charlatan très connu) eut un grand succès au XVIIIème siècle.

Des espaces critiques

A une époque où science vraie et science fausse se confondent, les académies scientifiques, en charge notamment de trancher entre le vrai et le faux des théories, se développent dans la plupart des villes et notamment dans les grandes capitales.

Applications en classe

La seconde et dernière partie de l’atelier, présentée par Céline Lefebvre Alemany, revient sur un projet interdisciplinaire mené par l’intéressé autour de la thématique des cabinets scientifiques. S’inscrivant dans le cadre du programme de seconde (Les Grandes Découvertes), le projet visait à créer un cabinet de curiosité virtuel de la Chine des Ming au XVIème siècle dans le cadre d’un projet interdisciplinaire (option chinois). Ce projet, qui dure 4 heures, et qui demande un grand investissement des élèves, se divise en 5 étapes :

  1. Étape 1 : Découvrir et comprendre ce qu’est un cabinet de curiosité. Ce travail fut mené sur la base de deux sites internet sur lesquels les élèves sélectionnent les documents à présenter.
  2. Étape 2 : Rechercher des informations sur des « curiosités sélectionnées » : Les élèves ont rédigé des notices sur chacun des objets retenus (base de travail sur le site du CLEMI pour la production de sons).
  3. Étape 3 : Rédiger des notices sur chaque objet sélectionné
  4. Étape 4 : Enregistrer les notices et insérer sur chaque image le discours grâce à soundcloud et thinglink : Les élèves enregistrent les notices, les déposent sur soundcloud afin que le prof récupère les liens et les dépose sur les images.
  5. Étape 5 : Présentation final du cabinet.

Largement handicapées par des problèmes techniques, les obligeant à revoir en direct le déroulé de leur exposé, les conférencières ont peiné à structurer un discours qui, faute de supports clairs, est demeuré flou et déséquilibré, la présentation historique des cabinets scientifiques prenant trop le pas sur la partie pédagogique.