Quelles représentations de la frontière peuvent se faire des étudiants d’une vingtaine d’année ? C’est la question à laquelle ont cherché à répondre Sylvie Considère (maître de conférences à l’ESPE LNF), Fabienne Leloup (professeur à l’Université Catholique de Louvain-Mons) et Maud Verherve (professeur des écoles, doctorante en géographie).
Les 46 étudiants interrogés entre février et septembre 2014 se répartissent en trois groupes : des étudiants belges de sciences politiques, des sociologues de Lille 1 et des géographes d’Arras, ces derniers résidant logiquement un peu plus loin de la frontière franco-belge. De par leur lieu de résidence et leur cursus spécifique, ces étudiants constituent une population censée être plus sensible aux questions frontalières.
Les représentations de la frontière sont très « dures » avec de fortes images des barbelés, ponts et autres frontières « naturelles ». Si l’idée de barrière naturelle est assez partagée entre belges et français, les belges semblent plus enclins à parler de pont que les français pour qui l’image des barbelés arrive en premier.
Des éléments d’explications se trouvent sans nul doute dans la façon dont la géographie est enseignée dans les cursus primaire et secondaire mais aussi dans le fait que le territoire français est borné par des littoraux, des fleuves et des montagnes. Le fait est également que la frontière ne se « marque » pas vraiment, les indices visuels n’étant pas toujours présents.
Des clichés subsistent au sujet d’une Belgique perçue au travers de sa politique et de sa gastronomie et d’une France vue au travers de ses sites touristiques mais aussi de ses spécialités culinaires. Autant de poncifs qui montrent que les étudiants sont très éloignés du vécu transfrontalier, pourtant très local par définition.
Malgré la libre circulation et les efforts d’ouverture et de coopération, la frontière demeure rigide dans l’imaginaire de ces jeunes étudiants, pourtant théoriquement plus au fait de ces questions que la moyenne.