Ce texte est le résultat de remontées de terrain effectives, rédigées par des professeurs en activité. Contrairement à ce que nous voyons depuis des années sur la question des programmes où les tribunes et prises de position, trop souvent éloignées du terrain sont multiples et pas forcément désintéressées, ces prises de position qui n’engagent pas les Clionautes comme mouvement des professeurs d’histoire-géographie, méritent d’être portées à la connaissance de nos adhérents. Les commentaires sur ce texte sont ouverts et les auteurs pourront y répondre et les commenter. Le groupe Facebook les Clionautes, modéré et géré de façon rigoureuse est un lieu de débat en attendant la mise en place d’un dispositif qui nous sera spécifique et qui sera indépendant de l’entreprise de Mark Zuckerberg.
Le groupe Facebook les Clionautes
Équipe des professeurs d’histoire-géographie du lycée Palissy de Saintes (17)
Nous tenons à avoir une position collective, tant vantée institutionnellement (le fameux « travail en équipe »), alors que les modalités de consultation limitent notre expression (?) à un niveau individuel. Nous sommes rompus mais sceptiques face à ce genre de consultation sur un projet flou mais déjà ficelé sans avoir fait au préalable une réelle évaluation collective des programmes et des modalités d’examen antérieurs, et où les ajustements risquent malheureusement de n’être que marginaux.
Nous ne pouvons que déplorer l’absence des programmes de terminales et des modalités d’évaluation pour le contrôle continu et les épreuves finales du baccalauréat, qui empêche d’avoir une vue d’ensemble et d’évaluer la cohérence globale du projet. La précipitation et le flou artistique, devenus chroniques, sont extrêmement dommageables et révélateurs d’un mépris à l’égard des enseignants, mais plus grave des élèves et des parents. Comment préparer l’orientation en fin de seconde en juin 2019 dans de telles conditions ? Comment défendre l’intérêt de nos disciplines aux yeux des élèves? Comment mettre en œuvre concrètement un changement d’une telle ampleur sur deux niveaux simultanément ? L’offre des futurs manuels risque d’être cruellement stéréotypée, voire à côté de la plaque… Le temps du politique est éphémère, mais les impacts sur les jeunes pèsent toujours sur la durée…
Les « points de passages et d’ouverture », « études de cas », « sujets d’étude » et autres « jalons » – le choix de mots différents démontre une divergence profonde des approches et l’incapacité à indiquer clairement une vision pédagogique et didactique claire et pertinente – sont souvent trop restreints et limitent de facto la liberté pédagogique des enseignants et l’autonomie des élèves. Pédagogie active et de projet risquent de devenir de vains mots, les cours allant se limiter à une « écoute active » des élèves devant le « récit » roboratif du maître.
La perspective d’épreuves communes en première et terminales – pas explicitée clairement – nécessite des temps de concertation importants sans que des moyens horaires soient assurés.
En première technologique, les horaires se réduisent à une peau de chagrin ; comment créer du sens avec des élèves qui ont besoin d’être mis en activité sur des éléments concrets en 1h30 par semaine ? Le choix de calquer le programme sur celui des premières générales ne tient pas du tout compte des réalités dans les sections technologiques, ni de leurs différentes options.
HISTOIRE
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Le projet évoque « les limites de l’application des principes démocratiques » (esclaves, Indiens d’Amérique…) ».
C’est un anachronisme, même si les programmes américains, rarement précis, évoquent un principe démocratique comme une forme d’essence présente dès les débuts des EU.
Les EU des premiers temps relèvent d’un projet libéral, certainement pas d’un projet démocratique et le terme même est au départ péjoratif lorsqu’il désigne l’ancêtre de l’actuel Parti démocrate. D’une façon qui diffère de la nôtre, c’est plus tard que se met en place le compromis entre libéraux et démocrates.
Serge Berstein, Nicolas Rousselier, Sylvie Guillaume, Jacques Portes, Peter Morris, La démocratie libérale, coll. : « Histoire générale des systèmes politiques », 1998, 960 p.
Je partage vos remarques. Je noterais aussi que les points de passage sont beaucoup trop nombreux pour être traités dans le nombre d’heures impartis, notamment dans le premier thème censé traiter Athènes, Rome et le Moyen Âge en un temps record (mais on pourrait faire les mêmes remarques pour d’autres thèmes), sans pouvoir donner un minimum de contexte.
Je noterais aussi la grande redondance avec le collège, sans aucune cohérence dans une progression thématique