Quel tourisme dans la France de demain ? Du voyage rêvé au tourisme de masse

Thomas DAUM & Eudes GIRARD

Festival international de la géographie

Saint-Dié-des-Vosges, 6 octobre 2018

 

Je tiens à remercier Thomas Daum et Eudes Girard, personnellement et au nom des Clionautes, pour leur accueil très positif, leur dédicace, nos échanges et pour nous avoir confié leur diaporama.

Thomas DAUM & Eudes GIRARD, Professeurs agrégés de géographie, auteurs de l’ouvrage Du voyage rêvé au tourisme de masse, CNRS éditions, 2018, 288 pages, 22€

Introduction

    Il s’agit d’une réflexion qui s’inscrit dans de la géographie prospective qui se fonde sur les tendances actuelles et ce qui dessine la France de demain. On peut entendre cette géographie prospective de manière quantitative mais aussi de manière qualitative (quel type de tourisme ? Sur quels espaces ?).

    Cette géographie peut aussi s’entendre à court terme (François Hollande et son objectif des 100 millions de touristes à l’horizon 2020 repris par Emmanuel Macron) mais aussi à moyen terme (les enjeux d’aménagement du territoire français) et également à plus long terme (horizon 2040-2050), ce qui recoupe d’autres enjeux comme celui du réchauffement climatique (les stations balnéaires comme Lacanau se sont posées la question de reculer leur site). Cette question ouvre une réflexion importante sur l’avenir du tourisme.

 

 

 

Les entretiens internationaux du Tourisme du Futur. Entretiens sur les avenirs du tourisme au Château de Vixouze dans le Cantal.

Plan de l’intervention

I/ Des certitudes : une mise en tourisme de l’espace français poursuivie et encouragée par les pouvoirs publics

II/ Des probabilités : un discours touristique de plus en plus construit pour une offre élargie

III/ Un risque : que la contrainte économique à court terme l’emporte sur l’objectif idéal d’un tourisme durable

I. Des certitudes : une mise en tourisme de l’espace français poursuivie et encouragée par les pouvoirs publics

A. Des tendances structurelles maintenues

La carte des 30 chantiers retenus par le gouvernement dans son plan autoroutes (Photo : le JDD)

Parmi ces tendances ancrées, celle de la canalisation par les transports ne peut que se renforcer. L’évolution est forte depuis les années 1980 ; on est passé de 5 000 à 10 000 km d’autoroutes. Les LGV dessinent un nouvel espace-temps ; le développement aéroportuaire a concerné Paris comme la province. Cela a un impact, avec le mouvement des city-breakers ; ils partent 48 h à Bordeaux, Strasbourg et dans les grandes villes du territoire français.

2e tendance – Tendance à la labélisation → tout doit être labelisé. Les plus connus →les plus beaux villages français (1982 label fondé à Salers), ville d’arts et d’histoire (1985), les petites cités de caractère. Labélisation qui prend de plus en plus une certification environnementale : écocertification. Cette labélisation aboutit à une canalisation des flux, de manière immatérielle, dans l’imaginaire. Cela pose des problèmes de saturation, de déséquilibres (car sorte de mimétisme qui se met en place). Cahier des charges difficiles parfois dans les critères. Ces deux tendances qui existent structurent le tourisme de demain. La multiplication des labels et de sites affaiblira dans le temps la valeur de ce label (perte de confiance dans cette labellisation). Certains sites provoquent de la déception chez les touristes.

3e tendance : le marketing touristique (publicité, accueil de films, documentaires) → tendance à s’appuyer sur des stéréotypes = multiplication des références (Martigues présentée comme la Venise Provençale, Troyes comme la Venise verte de l’Aube). Pour attirer des touristes ont tenté de créer des assimilations, des stéréotypes pour essayer d’attirer les touristes. Marketing de plus en plus mondialisé. Ex la ville de Loches pour essayer de vendre un site inscrit dans un site français avec un slogan anglais (« I loches you »). Et demain, utilisation de la langue chinoise ?

4e tendance : recul du tourisme social pour les enfants en particulier, et longtemps incarné par la colonie de vacances (souvent dans les banlieues populaires, promue par les grandes entreprises et les collectivités locales). Quand elles subsistent, ces colonies concentrent une certaine homogénéisation sociale, vers le bas. Les plus classes moyennes et aisées fuient, inscrivant leurs enfants dans des formes de tourisme collectif plus prisées, plus chères.

L’intégralité du compte-rendu est à retrouver ici :

 

 

 

© Rémi BURLOT & Thomas MERLE (relecture, ajouts) pour les Clionautes