Introduction : Lahsen Abdelmalki se propose de faire une analyse comparée de l’UE et des États-Unis dans un contexte de tentation protectionniste.

Robert Kagan en 2003 opposait une Europe « donneuse de leçons » mais impuissante, à des États-Unis puissants mais dangereux, va t’en guerre et voulant  imposer l’unilatéralisme.

Pourquoi de telles postures ?

Plan en 3 parties

I/ Faut-il ouvrir ou fermer les frontières ?

II/ La politique commerciale des États-Unis

III/ La politique commerciale de l’UE

Conclusion les leçons des « Trumponomics » (janvier 2017/mars 2019)

I/ Faut-il ouvrir ou fermer les frontières ?

Ici le conférencier remonte à MONTESQUIEU en 1748 qui disait : « la liberté du négoce est la condition de la paix entre les nations, partout où il y a du commerce, il y a des moeurs douces ». Montesquieu est pour le libre échange et invente la diplomatie commerciale.

Il passe ensuite à Maurice Allais ( Prix Nobel d’économie en 1988) en 2005 qui réclame un retour au protectionnisme, comme Arnaud Montebourg, Jean Arthuis ou Jacques Sapir car pour eux la mondialisation contribue à la destruction de la croissance et de l’emploi; Ils promeuvent des normes sociales et environnementales et des PROTECTIONS négociées. Nous avons ici les deux camps opposés !

Troisième référence le professeur d’Harvard Dani Rodrik.

Il détruit la thèse de David Ricardo de 1817 sur le libre échange positif en démontrant que, sauf de 1945 à 1975, tout le monde veut EXPORTER mais personne ne veut IMPORTER ce qui déséquilibre totalement le libre échange, devenu négatif !

Même au sein de feu le Parti Socialiste, Arnaud Montebourg voulait relocaliser les activités et défendre le patriotisme français, alors que son camarade Pascal Lamy dénonce ce « protectionnisme à la papa ». Qui a donc raison ?

II/La Politique commerciale des États-Unis

Avant 1980, les échanges extérieurs ne représentaient que 1.7% du PNB, c’était un problème mineur.

A partir de 1980, c’est le creusement des DÉFICITS !

Ronald Reagan (1981/1989); Bill Clinton (1993/2001) et George Bush Junior (2001/2009) vont assister à la DESTRUCTION des EMPLOIS NATIONAUX par les IMPORTATIONS, cela devient un problème majeur !

En janvier 2017, Donald Trump déclare la guerre commerciale à la fois à l’Asie Orientale, à l’Union Européenne et au Canada/Mexique.

Les atouts commerciaux américains sont les SERVICES et l’AGRICULTURE.

Ses faiblesses sont l’INDUSTRIE et surtout le secteur MINES/ÉNERGIE.

Ses armes sont la section 201, qui est une clause de sauvegarde contre les importations massives; la section dumping qui lutte contre les subventions aux importations et qui les condamne; la section 301, procédure unilatérale contradictoire avec l’esprit des règles du commerce international; et la section super 301 qui vise depuis 1988 les pays qui représentent plus de 15% du déficit commercial, d’abord le JAPON puis la CHINE.

Deux lois sous Bill Clinton en 1996, la Loi Helms/Burton en mars contre CUBA et la loi D’Amato/Kennedy en août contre les rogue states (Etats-voyous), dirigée surtout contre la LIBYE de Kadhafi (suite à un attentat à Lockerbie en décembre 1988).

Enfin en mai 2018, Trump impose un nouvel embargo commercial sur l’IRAN et la réponse de l’UE en septembre est très faible.

En conclusion, toutes ses armes et lois montrent aussi le déclin commercial américain depuis 2001; et surtout depuis 2008, avec l’essor foudroyant de la CHINE.

III/ La Puissance Commerciale de l’UE.

Ce sont le Conseil des Ministres, qui se réunit une fois par mois, et la Commissaire au Commerce, Cécilia Malmström, suédoise, qui pilotent la politique commerciale de l’UE.

Cette politique de l’UE est transparente et non secrète, ce qui est à la fois un atout car 28 pays peuvent faire des propositions, et un handicap face aux grandes puissances commerciales qui mènent une politique commerciale secrète : les Etats-Unis, la Chine, l’Inde et le Japon.

En conclusion, l’UE est effectivement faible face aux Etats-Unis de Donald Trump.

Conclusion : les leçons des « Trumponomics ».

Les Trumponomics sont la contraction de Trump et d’economics (la science économique). Ce néologisme résume l’ensemble de la doctrine et de la politique économique que le président élu le 8 novembre 2016 entend développer.

Le terme calqué sur celui de Reaganomics n’en est pas moins promis à un avenir certain compte tenu des positions très radicales de Donald Trump. Elles rappellent en partie celles de Ronald Reagan: baisses d’impôts, relance sélective des dépenses publiques (militaires pour Reagan, infrastructures pour Trump). Les deux hommes partagent la même analyse «pro-business», en faveur des entreprises.

Mais ils se distinguent radicalement en ce qui concerne le libre-échange, essentiel pour les Reaganomics alors que les Trumponomics veulent promouvoir des protections douanières. En dernier ressort les Trumponomics constituent, une sorte de «libéro-isolationnisme», la politique économique étant libérale à l’intérieur et protectionniste à l’extérieur. Mais Trump pourra t’il imposer cette politique ?