Pascal Arnaud, membre du GIS, explique par des exemples choisis, ce qu’innovation navale signifie dans l’Antiquité gréco-romaine

« L’innovation est un processus qui sous-entend un pensée positiviste. Le progrès quant à lui recèle une notion subjective d’évaluation . Nous devons manier ces concepts avec précaution » Ainsi débute la conférence très technique de Pascal Arnaud, professeur en Histoire maritime antique à l’université de Lyon et membre du Groupement d’intérêt scientifique d’Histoire et Sciences de la Mer (GIS)

A ce titre, le spécialiste de la construction navale gréco romaine développe un exposé basé sur des exemples précis d’évolution de charpenterie navale « Le progrès, cela peut être un retour en arrière lorsque l’on se rend compte que la solution antérieure était meilleure que la dernière en date » affirme t’il.

Ex. Peut-on parler de progrès pour l’assemblage “tenon-mortaise” généralisé dans l’Antiquité grecque ? Cette technique s’oppose aux bateaux “cousus”, assemblage antérieur qui perdure après le Ve s av JC. Or les bateaux cousus sont remisés et remis à neuf plus facilement alors que les assemblages planche à planche sont lourds à réparer.
Idem pour les contenants :
L’amphore – ce que l’on peut porter à 2 mains : 25 à 30l – Quid d’une forme qui semble absurde ? En fait, son’allongement permet de la porter sur le dos : les archéologues ont pu établir qu’un docker pouvait ainsi décharger une amphore tous les 26 secondes. Pourtant, la perte de place dans les bateaux est avérée, sans compter la fragilité des matériaux par gros temps. On sait que le tonneau la remplace après l’éruption du Vésuve dans le monde romain. Or celuis-ci est fabriqué depuis des siècles dans le monde antique, notamment en Gaule Le mot tonneau fait partie du leg linguistique gaulois.

Ainsi suit on avec plaisir l’évolution sur plusieurs siècles des formes de carènes et de coques des navires de transports ou de combat.
Pascal Arnaud au passage démontre l’inanité de certaines croyances En effet, les travaux archéologiques expérimentaux ont démontré que la construction navale par pose des nervures sur la coque ( et non l’inverse )permet de lancer de meilleurs navires, davantage adaptés à la houle et aux coups de vents

Un exposé clair, basé sur des exemples choisis avec soin. L’auditeur ressort avec l’envie d’en savoir davantage, voire avec l’envie de visiter un arsenal ou une forme de radoub. Pari réussi, Monsieur Arnaud.