Le lycée professionnel souvent déconsidéré à tort, accueille des élèves du secondaire. Créé en 1985, le bac pro avait alors pour objectif de répondre à la demande des entreprises en techniciens d’atelier, employés ou ouvriers hautement qualifiés. Depuis, le nombre de spécialités est passé de 5 à 80, illustrant ainsi l’hétérogénéité de ce bac essentiel.

La réforme démontre malheureusement le peu de considération dont il est l’objet. Démarré après celle du lycée général, devant être bouclé dans un laps de temps extrêmement réduit, le calendrier est finalement tellement restreint que l’on ne peut que s’interroger sur le résultat final.

Le 10 décembre dernier, les trois associations (par ordre alphabétique) Aggiornamento, l’APHG, et les Clionautes ont été unanimes pour déplorer devant le Conseil supérieur des programmes ce calendrier à marche forcée qui s’effectue actuellement au mépris de l’intérêt des élèves, des professeurs et de la société.

La même unanimité s’est exprimée face au Conseil supérieur des programmes pour déplorer le sort réservé aux disciplines jugées fondamentales comme les lettres-histoire. Nous laissons bien volontiers nos collègues du lycée professionnel membres de l’APHG présents lors de la réunion, détailler point par point lors du prochain édito les aspects techniques. Leur intervention à la fois précise et méthodique, venant à la fois du cœur et du terrain, leur revient. Nous avons approuvé et complété la pertinence de leur propos.

La baisse de la dotation horaire et la mise en place de la co-intervention ne proposent pas moins que de transformer les collègues en de simples animateurs dont l’enseignement se réduira à une dizaine d’heures dans l’année. S’il s’agit à travers cette réforme d’obtenir de bons praticiens avec peu de culture générale, notamment de culture historique, assurément, la réforme est partie pour répondre à cette attente. Or, l’excellence, citoyenne et professionnelle, demande du temps et de la réflexion, les compagnons du Devoir, professionnels du « chef d’œuvre » le savent mieux que personne. Les programmes de Lettres-Histoire, en cours de rédaction, pourront s’avérer de qualité sur le papier mais si les professeurs ne disposent pas du temps nécessaire pour enseigner à des élèves aux profils très hétérogènes, souvent issus de milieux peu favorisés, le miracle social et culturel n’aura pas lieu et le désastre, prévisible, devra être assumé et en premier lieu par les responsables de la réforme.

Il aurait été plus sage et pertinent de décaler d’un an la réforme du lycée professionnel afin de réfléchir plus en profondeur à la modernisation des enseignements dispensés aux élèves plutôt que de la programmer à tout prix après celle des lycées généraux et technologiques dans le but de l’appliquer dès la rentrée 2019.

La précipitation, la volonté de tout faire « en même temps » a visiblement ordonné l’inverse, quitte à créer encore un peu plus de désespoir …

PS : je dédicace cet édito à mes élèves de lycée général, malheureux dans la filière, et réorientés en lycée professionnel et qui … ne le regrettent pas !