Avec Amaël CATTARUZZA, géographe, professeur, Marina DUFEAL, enseignante-chercheure en géographie, Hovig TER MINASSIAN, enseignant-chercheur en géographie.

Smartphone et montre connectée, lunette de réalité augmentée et même armure avec équipement électronique… L’intelligence artificielle nous accompagne de plus en plus, au quotidien comme dans des situations exceptionnelles, par exemple sur un champ de bataille. Comment ces équipements modifient-ils la perception et la pratique de l’espace ? Nous aident-ils à être plus autonomes, ou nous mettent-ils sous dépendance ? 

Les intervenants proposent une présentation dynamique qui alterne entre visionnage d’extraits de films cinématographiques et discussion avec le public. L’ensemble étant sous-tendu par une présentation tout à fait bien structurée et problématisée.  

 Des corps face aux écrans 

Le premier extrait concerne le film wall-E produit par Disney Pixar en 2008. Nous voyons, de la 49e à la 51e minute, une situation de corps mis en apesanteur, questionnant l’opposition entre le diminution et l’augmentation du corps avec la technologie. Ainsi, les corps aidés par la technologie semblent diminués comme en témoigne leur impotence.

Ensuite, nous poursuivons avec les quatre premières minutes du film Summer Wars sorti en 2009. L’organisation du monde numérique en archipel est une belle métaphore de l’espace, où chaque île a sa fonctionnalité. 

 Les robots les autres 

Marina Duféal revient sur l’étymologie du terme Avatar en sanskrit : une incarnation venue sur terre. Ce terme a pris un sens totalement opposé aujourd’hui où il signifie une création dans un monde numérique.

Hovig Ter Minassian, à partir d’une de ses études, décrit comment un joueur peut être un avatar d’une autre personne qui participe au jeu à travers lui. Il prend l’exemple d’un couple dans un canapé où l’un a la manette et l’autre lui commande les actions à faire.

Visionnage des deux premières minutes de Chappie, de Neil Blomberg, sorti en 2015. La scène se passe en Afrique du Sud, questionnant les questions de marginalité et de ségrégation. Une police robotique est partagée entre 2 équipes de recherche. L’une cherche à développer un exosquelette quand l’autre cherche à perfectionner l’intelligence artificielle d’un robot humanoïde. 

 Le soldat augmenté 

En France, le projet de soldat augmenté fait partie du programme FELIN (Fantassin à Equipements et Liaisons INtégrées). Il est intégré au sein du programme SCORPION, considérant le soldat comme pièce connectée du système de défense. Cela est l’aboutissement de ce que l’on nomme la “révolution des affaires militaires”, c’est à dire l’idée que la technologie donne l’avantage sur le champ de bataille.

Néanmoins, Amaël Cattaruzza souligne quatre croyances dans la conduite de la guerre ;

  • Considérer la guerre davantage comme une science qu’un art.
  • Supposer que prendre l’avantage de l’information est cruciale pendant la bataille.
  • L’idée que le champ de bataille est distinct du reste du monde.
  • La numérisation comme processus descendant bien maitrisé. 

Il montre comment la technologie a pu se retourner contre les armées. En 2007, des Danois ont été contactés par leurs assaillants via l’identité numérique qu’ils avaient laissée sur les théâtres de combat en Afghanistan. En 2018, l’application STRAVA a permis de localiser des sites militaires américains en Irak