Pour ce troisième volet consacré aux personnages de l’histoire représentés dans la bande dessinée japonaise, les mangas, je vous propose de revenir cette fois sur quelqu’un qui ne laisse jamais indifférent le lecteur et pour lequel les maisons d’éditions et les auteurs prennent un certain nombre de précautions : Hitler.

En effet, comment représenter l’incarnation du Mal absolu sans le banaliser ? Si cette problématique est présente en Europe, il n’en est pas de même en Asie et au Japon.

 

Hitler, vedette pop en Asie

Pour celui ou celle qui ne voyage pas en Asie, disons-le clairement : Hitler est peu ou plutôt mal connu, et même si son nom est rattaché à la Seconde Guerre mondiale, cela ne l’a pas empêché de devenir un phénomène pop récurrent susceptible de choquer le visiteur occidental. Or, il faut rappeler une règle : plus un phénomène traumatisant est géographiquement lointain, moins il est important, plus il est relativisé, voire ignoré des individus.

Des « incidents » médiatisés

L’exposition pop des symboles du nazisme et d’Hitler est un phénomène récurrent en Asie. Je me bornerai à mentionner quelques-uns des incidents récents qui ont fait l’objet d’une médiatisation internationale.  La dernière en date est le cas de Namsai, pop star thaïlandaise alors âgée de 19 ans, membre du «girls band» BNK48 qui, en janvier 2019, s’était distinguée en portant sur scène un tshirt néo nazi en totale méconnaissance de cause. Son cas n’était déjà pas exceptionnel. Un précédent avait eu lieu en Corée du Sud en 2014 avec le groupe de K-Pop Pritz ainsi qu’au Japon en octobre 2016, où le groupe Keyakizaka46 était arrivé sur scène avec des costumes rappelant celui des officiers de la Gestapo. Ce choix leur avait valu de se faire incendier sur les réseaux sociaux par une partie de leurs fans et d’être interpellé par le centre Simon Wiesenthal[1] qui avait par ailleurs fait retirer de la vente au Japon un déguisement d’Hitler.

 

Cosplayers et esthétique nazie

En dehors de la musique pop, Hitler est dans la rue et l’esthétique nazie est recherchée à l’occasion par les cosplayers. En effet, ces derniers n’hésitent pas à adopter la tenue pour trois raisons :

– la première raison tient à des motifs purement esthétiques, quitte à choquer les spectateurs essentiellement occidentaux (mais pas uniquement), le cosplayer représente un personnage moins pour ses valeurs que pour son caractère esthétique, les deux étant même très largement dissociés[2],

– la seconde est symbolique : en Asie, la Svastika, symbole de bon augure par définition, n’est pas chargée de la même symbolique qu’en Occident, bien au contraire. La charge de la représentation, encore très présente dans les espaces publics et privés pour des raisons philosophiques et religieuses, dépasse celle que nous pouvons avoir, ce qui peut décomplexer l’utilisation de la croix gammée nazie avec ses trois couleurs caractéristiques.

– la troisième concerne la perception de la Seconde Guerre mondiale. Pour la majorité des Asiatiques, elle se résume avant tout au conflit contre le Japon, l’Europe étant périphérique et retenant moins l’attention des individus.

Voici un petit florilège de la présence du nazisme et du nom d’Hitler dans l’espace public à l’échelle du continent asiatique :

  • Un magasin de vêtement en Inde dans la ville d’Ahmedabad dans l’État du Gujarat (2012) et un fastfood thaïlandais, le Hitler Fried Chicken (2014), représentatifs de la tendance « Nazi chic »

 

  • Un café indonésien à la décoration nazie (non criminalisé par la loi indonésienne). Situé à Bandung, au sud-est de Jakarta, le « SoldatenKaffee » (« Le café des soldats ») était décoré de croix gammées, d’un portrait d’Adolf Hitler et d’images de propagande nazie. Son propriétaire, Henry Mulyana, avait fermé temporairement le café en 2013 après avoir reçu des menaces de mort.

 

  • Japon : un exemple d’uniforme de cosplay en vente au Japon (je vous fais grâce des journées déguisées dans les lycées indonésiens…)

 

  • Un classique : une photo de mariage en version cosplay d’un couple chinois

 

Pour résumer, Hitler est pop, l’utilisation de son nom, de son image ainsi que l’esthétique[3] du nazisme, font partie du paysage en Asie. Cependant, il ne faut pas croire que l’opinion publique asiatique voit forcément d’un bon œil cette banalisation du nazisme dans l’espace public.

 

Le cas particulier du Japon, ancien allié de l’Allemagne nazie

Mais recentrons-nous sur un pays : le Japon … Plus politique, l’image d’Hitler est parfois reprise dans un contexte politique, à l’occasion par les manifestants au Japon pour dénoncer les dérives nationalistes du gouvernement, n’hésitant pas à rajouter une moustache explicite au Premier Ministre. Ce fut le cas en septembre 2015 : lors des protestations contre la décision du gouvernement d’élargir les prérogatives de l’armée nippone, Shinzo Abe a été affublé pour l’occasion d’une moustache à la Hitler sur les panneaux brandis par la foule. Cette initiative ne pose en elle-même aucun problème dans le pays puisque toute poursuite judiciaire dans le cas présent est interdite au nom de la liberté d’expression, tandis que la notion de crime pour apologie du nazisme n’existe pas au Japon. L’archipel compte d’ailleurs un Parti national-socialiste des travailleurs japonais (le NSJAP), ultra minoritaire et dont le président, Kazunari Yamada, véritable néo-nazi décomplexé, fait la promotion dans la rue mais avec peu de succès. Négationniste assumé, il n’hésite pas à clamer son admiration pour Hitler et ses idées, n’hésitant pas à user des représentations des juifs dans la plus pure tradition antisémite pour diffuser ses idées.

 

La Seconde Guerre mondiale et Hitler dans les programmes scolaires

Quelle est la place de la Seconde Guerre mondiale en général et d’Hitler en particulier dans les programmes scolaires japonais ? Sans être nulle, elle reste minoritaire pour une bonne raison. Les manuels et les programmes d’histoire japonais étant chronologiques, la période la plus contemporaine demeure le parent pauvre des cours, l’urgence de la fin de l’année obligeant nos collègues à bâcler et à faire des choix [4]. Je ne m’étendrai pas plus sur les programmes scolaires, ceux-ci faisant actuellement l’objet d’une réforme importante sur laquelle il est difficile d’avoir du recul (eux aussi ?! …).

Dans tous les cas, la question est traitée mais de manière superficielle même si la liberté pédagogique du professeur permet à ce dernier d’approfondir la question s’il le désire, et certains le font volontiers. L’indifférence tient notamment à ce que les Japonais connaissent mal les événements européens de cette période. Mal connu, Hitler est même parfois perçu comme un conquérant. Mais mal connaitre ne signifie pas ignorer et cela ne veut pas dire que l’image du régime nazi leur semble positive, bien au contraire si l’on se penche sur la représentation faite dans les mangas.

 

Quel intérêt à représenter Hitler dans les mangas ?

De fait, Hitler fait l’objet d’un traitement globalement réaliste, il est très peu caricaturé et, sauf très grande exception, il incarne à chaque fois le méchant absolu, sans ambiguïté. Donc comment le rendre pop et intéressant ? Quel est l’intérêt de l’intégrer au scénario, si d’avance c’est « plié » ?

L’intérêt est multiple :

  • Chez certains auteurs, le but est explicitement politique et pédagogique (dénoncer le nationalisme à travers son exemple historique), ce que nous verrons avec par exemple Osamu Tezuka.

 

  • Pour d’autres, l’utilisation des références nazies directes ou indirectes sert à délivrer un message philosophique plus général où Hitler et le nazisme sont une référence du Mal ancrée dans l’histoire. Cette référence est pratique et adaptable à toute situation pour le mangaka à la recherche du « méchant absolu », d’autant qu’il permet de ne pas faire appel aux figures controversées de l’histoire japonaise et à ses criminels de guerre, façon d’éviter des polémiques aussi.
    • Dans le seinen de Kōta Hirano Drifters, (2009) Hitler est présent, mais seulement nommé comme le fondateur de l’Empire d’Orte, prolongement inconscient du Troisième Reich, création qui se déroule 60 ans avant les événements. Sa brève représentation reprend deux caractéristiques centrales du personnage historique réel : son talent oratoire et les conditions de sa mort. Si la fin d’Hitler est connue, le mangaka a choisi de jouer avec le mythe de son suicide et d’une mort en partie obscure. Ainsi, dans un certain nombre de mangas, Hitler ne fait pas directement partie intégrante de l’histoire mais sert d’inspiration pour les personnages.

 

 

      • Le grand classique qui ne semble pas trouver de fin, le shōnen d’Eiichirō Oda One Piece [5] en est un parfait exemple. En effet, Germa 66, l’organisation paramilitaire dirigée par Vinsmoke Judge, possède une esthétique rappelant et reprenant quelques symboles du Troisième Reich dont l’aigle en tête. Judge fait d’ailleurs penser à Adolf Hitler dans son comportement et son esprit de conquête : son rêve est de pouvoir à nouveau régner sur un espace perdu North Blue, son lebensraum. Vénérant la force physique et méprisant la faiblesse des individus, on retrouve aussi chez lui l’idée d’une race supérieure devant être servie par les autres.

 

      • Le cas du shōnen d’Hiromu Arakawa Full Metal Alchemist publié de 2001 à 2010, est aussi représentatif. En effet, La guerre qui oppose le peuple d’Amestris et d’Ishbal fait référence directement ou non à la Seconde Guerre mondiale, mais la référence est plus évidente dans l’anime puisqu’Hitler est présent dans le film d’animation Fullmetal Alchemist : Conqueror of Shamballa (2005).

 

 

  • Un autre cas indirect peut être invoqué : Hitler sert de prétexte à une intrigue plus large mais sa seule mention (ou celle du nazisme) est censée donner le ton et une étiquette à un personnage dans une histoire plus ou moins fantaisiste. Dans le shōnen de Masami Kuruma Saint Seiya, le Chevalier d’or du Cancer, Deathmask, grand collectionneur de têtes coupées en tout genre, l’invoque pour justifier et assumer ses valeurs et sa trahison envers Athéna :

Quand Deathmask ne prend pas de pincettes pour exprimer sa vision de l'histoire …
Masami Kurumada Saint Seiya, tome 6 deluxe édition

Ces quelques mentions montrent bien que le nazisme et Hitler sont connus au Japon et inspirent de manière plus ou moins subtile les mangakas qui effectuent des travaux de recherche sur la période nazie en général et la vie d’Hitler en particulier, pour en retirer des éléments, décousus souvent, pour opérer leur propre synthèse. Mais ici, nous ne traiterons moins de l’idéologie que du personnage, la première étant secondaire voire absente, comme si Hitler incarne à lui tout seul une abomination qu’il est inutile de détailler.

Par conséquent, en dehors de quelques mangas à vocation historique recherchée, nous ne trouverons rien de concret ni de fouillé concernant la Shoah dans bon nombre de productions, cet aspect central de la Seconde Guerre mondiale en Europe s’effaçant au profit du chef censé incarné l’horreur à lui tout seul mais qui, dans le même temps, et en contre-coup, invisibilise ses crimes et ses responsabilités.

 

La réception en France : prudence des éditeurs français, Tante Anastasie à l’oeuvre

Comment la France a-t-elle réagi face à l’arrivée de supports culturels n’ayant quasiment aucun tabou face aux représentations du nazisme et d’Hitler ? La censure s’est avant tout naturellement exercée sur les anime, premiers supports arrivés en France et non les mangas, arrivés 10 à 15 ans après la diffusion. Mais rappelons ici qu’un éditeur a aussi une marge de manœuvre qui lui permet de faire le tri et, à ce titre, certains mangas sont délibérément écartés. Les anime quant à eux permettent une approche plus souple : tout en les autorisant, on les expurge des passages jugés litigieux, tandis que les dialogues sont reformatés jusqu’à ne plus correspondre à la version japonaise d’origine[6]. Dans le cas d’Hitler, trois exemples peuvent être cités : Dragon Ball, Pokemon, et Cobra.

 

Ainsi, Hitler apparaît dans Dragon Ball Fusion Reborn, l’un des films tirés de l’univers du manga réalisé par Shigeyasu Yamauchi, et sorti en 1995. Pour résumer très simplement l’histoire : à la suite de l’explosion d’un purificateur d’âmes, toutes les âmes de l’enfer sont libérées et reviennent semer le trouble sur Terre, parmi lesquelles les ennemis de Son Goku (forcément !) mais aussi Hitler à la tête de son armée. Mais la censure s’est exercée sur une parodie reprenant davantage le personnage d’Hinkel de Chaplin que le personnage historique, d’autant que le film ne repose sur aucun traitement explicitement réaliste tandis que la croix gammée a été censurée lors de la réalisation.

Extrait : Shigeyasu Yamauchi Dragon Ball Fusion Reborn, 1995

Pour Akira Toriyama, la référence voulue reste purement esthétique et facile, une manière d’ancrer un mal authentique, historique mais risible dans l’univers de Dragon Ball. Mais pour une partie de son public occidental, cette forme de banalisation ne passe pas à l’époque chez une partie des responsables de la diffusion.

Quant à Pokemon, l’anime a fait régulièrement l’objet de coupes pour des bras trop tendus mais ce fut surtout l’épisode 4 de la saison 23 qui fit l’objet d’une censure, non pas en France mais aux États-Unis, à cause du personnage furtif suivant :

 

L’anime de Cobra (voir plus bas pour le manga) quant à lui montre bien la très grande prudence de mise lors du doublage dans les années 80 : dans le dernier épisode, Cobra parvient enfin à vaincre Salamandar. Dans les dernières minutes de l’ultime épisode, le spectateur peut enfin découvrir la véritable identité de ce dernier et aperçoit Hitler en deux temps : celui où il voit s’échapper un esprit, dans la tradition japonaise du Yōkai, puis le moment où Cobra pénètre dans le bunker et aperçoit dans l’ombre le corps d’Hitler mort.  Mais la version française de l’anime parle d’un « esprit du Mal sans consistance corporelle » (même si paradoxalement, un corps est visible), « un fantôme sur lequel se concentrait les mauvais instincts et les forces du Mal que l’on rencontre dans l’univers » mais à aucun moment le nom d’Hitler est prononcé[7].

Estampe japonaise représentant un Yōkai, comparé à l'esprit d'Hitler 
s'échappant de son bunker galactique, Cobra, épisode 31 (capture d'écran). 
L'estampe est extraite du « Rouleau de Peintures des Cents Contes » 
(Hyaku monogatari emaki) de l’ère Meiji (1868-1912).

 

Hitler ?! … C’est toi là-bas dans le noir ?  
Cobra épisode 31 (capture d'écran)

Les symboles du nazisme sont gommés ; seul le salut nazi effectué par ses fidèles reste explicite. À l’inverse, l’anime d’origine mentionne bien Hitler de manière plus ou moins subtile, qui pense obtenir sa revanche après sa défaite 3000 ans auparavant contre les Alliés.

 

Hitler, personnage de manga au service de la dénonciation de la guerre et du nationalisme

Il est connu qu’il existe du point de vue générationnel deux catégories majeures de mangakas : ceux nés avant 1945 et ceux nés en 1945. Marqués par la guerre et le nationalisme, leurs œuvres n’occultent pas la Seconde Guerre mondiale et démentent à eux seuls un certain mythe selon lequel Hitler ne serait pas connu des japonais. Il est bien évident qu’ici seule une partie des oeuvres publiées peut être disséquée mais la résonnance des auteurs est telle qu’elle est forcément représentative de la perception de l’histoire et de ses leçons chez les auteurs.

Ces mangas ont fait l’objet de publications et de traductions particulièrement soignées, signe de l’attention accordée par les éditeurs à ces références. Trois auteurs se détachent du lot : Osamu Tezuka, Shigeru Mizuki et Gō Nagai.

 

Osamu Tezuka [1928-1989] est, bien sûr la référence majeure et incontournable. On trouve une parodie d’Hitler dès 1957, Tezuka se livrant à une parodie d’Hitler dans l’histoire intitulée Ghost manufacturing machine. Dans ce récit, Astro Boy fait face à Hitlin, dictateur de la République de Golgonia, que Tezuka n’hésite pas à mettre dans des situations ridicules. De la même manière, il est difficile de ne pas penser à Hitler en regardant la couverture de Ningen domo atsumare (debout l’humanité), publié en 1967. Par la suite, nous retrouvons quelques personnages adeptes du nazisme dans ses œuvres, mais le « Disney japonais » est surtout connu pour L’histoire des trois Adolf, dont la parution s’est étalée de janvier 1983 à mai 1985 dans le magazine Shūkan Bunshun. La trame est la suivante : en 1936, Sōhei Tōge, un correspondant japonais, arrive à Berlin dans le but de réaliser un reportage sur les jeux olympiques. Son frère, étudiant en Allemagne, exprime la volonté pressante de le rencontrer le plus vite possible. Mais il est assassiné et toutes les traces de ses études et de son séjour ont été effacées. Enquêtant sur la disparition de son frère, Sōhei Tōge décide d’enquêter et ne tarde pas à découvrir qu’il détenait un mystérieux document concernant Adolf Hitler attestant de ses origines juives (aspect de l’histoire que Tezuka croyait authentique à la suite de quelque lecture trop rapide). En parallèle, Wolfgang Kaufman, un partisan du Troisième Reich qui réside au Japon, reçoit l’ordre de récupérer le document. Il souhaite également que son fils resté en Allemagne, et prénommé Adolf, entre dans les Jeunesses hitlériennes. Mais Adolf, qui s’est lié d’amitié avec un garçon juif, Adolf Kamil, n’est pas de cet avis. Les vies des trois Adolf finissent par s’entremêler…

 

Shigeru Mizuki Gegika Hitler : 
couverture du manga d'origine et couverture de l'édition française

Shigeru Mizuki [1922- 2015] a été, contrairement à Tezuka, physiquement marqué par la guerre. Enrôlé dans l’armée japonaise, il perd un bras dans la guerre du Pacifique en 1942. Devenu mangaka dans les années 50, il se spécialise dans l’horreur et les histoires de monstres. Mais, soucieux de comprendre comment il avait pu en arriver là et préoccupé par la montée du révisionnisme et de l’extrême-droite au Japon, il publie successivement Söin Gyokusai Seyo œuvre autobiographique inspirée de son expérience combattante dans le Pacifique, puis Gekiga Hitler en 1971. À travers cette double publication, audacieuse à l’époque au Japon, Mizuki cherche à délivrer un message à la fois pédagogique et contre la guerre et la folie nationaliste. Gekiga Hitler tente de répondre à une question : qui était Hitler ? Un homme ordinaire ou un fou destructeur ? La question est ainsi posée page 30 : « quel homme était réellement cet Adolf Hitler pour avoir su ainsi tourner la tête au peuple allemand et devenir le pire dictateur de l’Histoire ? » Il en résulte un portrait complexe d’un homme presque ordinaire, allant de l’étudiant miteux au prophète vénéré par le gendre de Richard Wagner, frustré, cruel, mais aussi recontextualisé dans une Allemagne à genoux, qui a voulu un homme providentiel capable d’incarner l’unité de la nation comme le rappelle un personnage qui explique : « C’est nous autres, Allemands, qui avons fait de Hitler ce qu’il est … »[8].

La police allemande défile devant Adolf Hitler 
en face de l’Hôtel Deutsches Haus, lors d'un rassemblement du congrès du Parti nazi. Nuremberg, Allemagne, 10 septembre 1937. 
Photo reprise page 173 en ouverture du chapitre 11.
Source de la photo : https://encyclopedia.ushmm.org

Ce manga superpose de manière habile les styles graphiques, alternant selon les situations le trait personnel de l’auteur aux représentations fantaisistes ou réalistes réalisées à partir de documents et de sources primaires. Certaines cases reprennent les photos connues du congrès de Nuremberg, tandis que le portrait d’Hitler réalisé par F. Sturmlechner en 1905 est intégré au récit. De même, l’auteur a puisé directement dans les photos réalisées par Heinrich Hoffmann en 1925. Les planches fantaisistes traduisent de leur côté soit la manière dont Hitler est représenté par la propagande soit la perception allégorique issue de l’imaginaire de Shigeru Mizuki.

Hitler par F. Sturmlechner, 1905

En troisième exemple, nous évoquerons une des œuvres du père de Goldorak. Né le 6 septembre 1945, Gō Nagai a créé tout au long de sa carrière de nombreux héros de nature ambivalente et qui, à la suite d’une violente déception, deviennent des destructeurs, voire des déclencheurs d’Apocalypse [9]. Mais cette fois, ce n’est pas un personnage imaginaire qui est le centre de l’attention de Nagai mais un personnage historique. Tout comme Jeanne D’Arc ou Marie-Antoinette, Hitler est inséré dans le tome 3 des aventures de Devilman, shōnen publié en 1972-1973. Dans le court récit intitulé « Derniers jours de printemps à Vienne », Nagai envoie ses deux héros Akira et Ryô dans la capitale autrichienne à Meldemannstrasse dans un foyer ouvrier. Ils ne tardent pas à faire la connaissance d’un jeune peintre Adolf exploité par Reinhold Hanisch. Son nom de famille n’est pas cité, et dans l’absolu, Hitler n’est en lui-même pas reconnaissable. Pour autant les quelques réflexions du jeune peintre montrent son adhésion passive à l’idée antisémite de base liant le juif et son amour de l’argent. Mais cette mise en situation de la part de Nagai rappelle que Vienne fut la capitale de l’antisémitisme avant la Première Guerre mondiale. À la suite d’un drame sentimental et la perte de son amour, et du combat de Devilman contre le démon Schultz, Adolf, traumatisé par la mort tragique de sa dulcinée, jure de détruire la race juive. Le récit se termine sur deux cases exposant le nom d’Hitler et son portrait réaliste.

À travers cette histoire en grande partie fictive, (et c’est la seule où l’on peut se surprendre à éprouver une forme d’empathie pour le futur dictateur), Nagai cherche à faire passer avant tout l’idée que les monstres créent à leur tour des monstres pas forcément perceptibles au premier abord. Hitler fait quelque part le pendant à Akira qui a perdu Miki dans des conditions également désastreuses, la condition qui lui fait perdre sa nature humaine. Mais, contrairement à Hitler, il devient un monstre au service du Bien.

Couverture de Mein Kampf, 2009, East Press

Enfin, le cas particulier du manga Mein Kampf doit être abordé. En septembre 2009, la presse française fait ses choux gras de l’édition d’un manga intitulé Mein Kampf, titre de la collection « Manga de Dokuha » (« Initiation par le manga ») éditée par la maison d’édition japonaise East Press. Cette dernière propose par cette collection une série d’adaptation de grands classiques littéraires au sens global du terme, en manga. L’objectif de cette série est de permettre au grand public lecteur de mangas d’accéder facilement et à moindre coût aux œuvres majeures réputées difficiles sans pour autant devoir passer par l’œuvre originale. La série n’hésite pas à intégrer des textes politiques comme Le capital de Marx et Engels aux côtés de Guerre et paix de Léon Tolstoï.

Très vite le scandale s’installe, les articles s’emballent et dénoncent l’adaptation du livre d’Hitler en manga …. Sans l’avoir lu ! En réalité, il s’agit avant tout d’une biographie raccourcie d’Hitler qu’une adaptation stricte de son ouvrage. Ce manga raconte sa vie, expose ses idées mais en les recontextualisant. Hitler n’est, sur le fond et la forme, jamais présenté comme un individu sympathique. Son antisémitisme, son caractère ombrageux et sa haine des communistes sont exposés sans ambiguïté et il impossible d’éprouver une forme d’empathie à son égard ou d’adhérer aux théories exposées. De même, bien que la Shoah ne soit pas montrée, l’antisémitisme n’est pas présenté sous un jour permettant une quelconque adhésion, bien au contraire. En effet, l’histoire s’ouvre sur une interrogation en guise de préambule : que s’est-il passé pour que les Juifs subissent de telles souffrances ?

L’histoire retrace les grandes étapes de la vie d’Hitler : son enfance et ses relations difficiles avec son père, le Congrès de Nuremberg en 1935, sa rencontre avec Anton Drexler et sa prise de pouvoir au sein du Parti, en passant par sa rencontre avec Rudolf Hess et Goering. Quelques clés sont également délivrées pour comprendre le personnage comme la culture antisémite de l’époque, servie ici par son instituteur en classe.

 

Dystopie, ucronie ou fantaisie spatiale : Adolf ne renonce jamais !

Nous ne reviendrons pas sur Drifters déjà évoqué plus haut. Nous attarderons cette fois sur un « classique » des années 80 le shōnen Cobra sorti de l’imagination de Buichi Terasawa.

 

Ce manga qui multiplie les références françaises indirectes[10], peut se résumer ainsi : « XXIVe siècle. L’univers est gangrené par les organisations mafieuses interplanétaires, dont la plus puissante est celle des pirates de l’espace. Un seul homme a osé leur tenir tête : le plus grand corsaire de l’espace, Cobra. Il dissimule dans son avant-bras artificiel, un canon laser, le rayon delta, arme unique et redoutable. Il est secondé par sa fidèle androïde, Armanoïde »[11]. Il parcourt l’espace à bord de son vaisseau spatial, forcément l’un des plus rapides de la galaxie, collectionnant les aventures et, surtout, les conquêtes féminines qui prouvent par leurs tenues que le réchauffement climatique concerne aussi l’espace interstellaire … Au fil de ses aventures, il est confronté à ses anciens ennemis les Pirates de l’espace, qui ont à leur tête le mystérieux Homme de verre, Lord Necron, puis, à partir du tome 4, un certain Salamandar. Ce dernier apparait dans un premier temps sous la forme d’un personnage fortement inspiré par le Seigneur Sith Darth Vader. Cobra parvient à s’introduire dans la base de Salamandar et, très vite, le lecteur comprend à qui il a à faire une croix gammée ornant la porte d’un bunker, tandis que Salamandar évoque « [son] combat » « après un silence de trois mille ans ». Sans qu’il ne soit directement nommé (car les narrations graphiques et littéraires rendent inutile la précision), Cobra et le lecteur comprennent qu’il s’agit en réalité d’Hitler dont le but est de recréer un Reich de Mille ans… En vain,  puisque Cobra en vient à bout.

Salamandar apparait à Dominique, 
extrait du tome 4, paru chez Black Box éditions, 2016, coll. personnelle.

L'as des as a vaincu ...
extrait du tome 5 paru chez Black Box éditions, 2016, coll. personnelle.

Plus sombre, le seinen NeuN de Tsutomu Takahashi (2017), part de l’intrigue suivante : les nazis ont créé 13 enfants à partir de l’ADN d’Hitler, mais un seul (le 13) sera le successeur d’Hitler et Himmler décide de faire exécuter les autres dont Neun (le neuvième enfant) protégé par Théo Becker. La traque débute …

                Tsutomu TAKAHASHI NeuN, extrait, tome 4, coll personnelle.

Ce manga, caractérisé par un dessin sombre, laisse la part belle aux réflexions philosophiques. La Shoah, sans être explicitement ciblée, est évoquée notamment dans le tome 4 : le groupe rejoint la Résistance en Pologne et très vite, sans que le nom ne soit mentionné, nous comprenons que les héros arrivent sur un site nommé Stenvitz inspiré de manière évidente par Auschwitz. Le processus génocidaire est évoqué, certes de manière décousue pour un spécialiste. Tout amateur éclairé d’histoire reconnaitra par exemple dans les inspirations graphiques l’utilisation de photos issues de l’album d’Auschwitz[12].

Une des photos de l'album d'Auschwitz, datée de 1944 ayant servi d'inspiration 
à Tsutomu Takahashi pour représenter les camps dans NeuN

Le processus génocidaire est évoqué avec une scène particulièrement forte qui reprend le conte d’Hansel et Gretel. Elle met aux prises NeuN et Rebekka avec un gardien d’un four crématoire à la recherche d’une paix intérieure impossible. Quant à Hitler, il reste peu présent mais son ombre et son nom planent lourdement sur les premiers volumes. L’histoire bascule dans une dimension fantastique puisque ses enfants sont dotés de pouvoirs, dont la syncronisation, don qu’il maîtriserait également[13].

 

Les Japonais osent tout, c’est à ça qu’on les reconnaît!

Une fois que l’on accepte que les Japonais « osent tout », il est donc temps de se pencher sur les mangas les plus décalés ou « barrés » qui osent des représentations totalement loufoques … Il faut cependant bien relever que les lecteurs occidentaux ne manquent jamais de s’interroger, voire d’exprimer leur réprobation sur les représentations fantaisistes d’Hitler. Les débats, interpellations et interrogations sur la finalité des représentations délirantes disponibles sur les diverses plateformes montrent la prise de distance opérée par les lecteurs face à la banalisation pop du dictateur.

Je pars du principe que, contrairement à une tendance actuelle qui souhaite que le réel soumette l’imaginaire à son ressenti, le lecteur historien de formation et de profession est capable de s’amuser des représentations du dictateur, sans perdre de vue un seul instant le caractère inhumain des personnages représentés, le rire constituant un échappatoire précieux permettant de tenir face aux horreurs.

 

Clonage et réincarnations diverses 

 

J’avais déjà eu l’occasion d’évoquer dans l’article consacré à Jeanne d’Arc le seinen de Kumiko Suekane Afterschool charisma et sa cohorte de clones de personnages historiques dont les aventures s’étalent sur 12 tomes. Le synopsis est le suivant : « À l’académie St Kleio, le droit d’entrée est très exclusif. La prestigieuse institution n’accueille que des clones de personnages historiques célèbres : Beethoven, Elizabeth Ire, Freud, Napoléon ou Hitler. Sommés d’exceller dans les disciplines où ont brillé leurs modèles, ils ignorent tout de la raison de leur existence ». Hitler est présent et illustre par ailleurs la couverture du tome 5. Conscient des crimes de son modèle d’origine, l’auteur lui fait prendre le contre-pied en faisant de lui un personnage solitaire, réaliste quant à la nature de son modèle d’origine au point de déclarer que : « l’existence d’Hitler est un péché qu’il faut expier ». Il exprime le souhait de se consacrer à la paix dans le monde. Le tome 5 met l’accent sur la vocation artistique d’Hitler puisqu’il peint un tableau en prenant pour modèle le clone de Jeanne d’Arc qui lui fait confiance au point de poser nue pour lui. Le tableau final présenté à ses camarades (Freud, Mozard …) représente une allégorie de la Révolution Française. Le tome 6  fait figure de tournant, dramatique, pour les clones. Réfugié dans une abbaye, Adolf s’est réfugié dans la prière en attendant la mort, seule rédemption possible pour les fautes commises par son modèle d’origine, au grand désespoir de ses amis qui s’interrogent sur le sens à lui faire porter le poids des fautes de son original. Une planche revient plus directement sur le personnage historique en faisant suivre trois cases : la première le clone, la seconde l’ombre des déportés derrière des barbelés, la troisième Hitler dominant une foule. Le clone d’Hitler est alors présenté comme le plus réussi de tous par le directeur de l’école qui explique que d’une part il en était la réplique exacte de corps et d’esprit et que d’autre part « ce qui intéresse les gens, ce sont les valeurs que véhicule chaque clone« . Mais … Tadaaam !!! … un clone en cachant toujours un autre, le tome 7 réserve une surprise en ramenant le clone d’Hitler découvrant ses talents de leader que des médias veulent rendre populaire en connaissance de cause … (mais je ne vous en dirai pas plus sur la suite et l’évolution du personnage … 😀 ). En ce sens, Afterschool charisma propose un traitement très fin, quasi-chronologique du personnage originel d’autant que le tome 6 par le tournant qu’il opère, propose au fond, un traitement allégorique de la Première Guerre mondiale et de sa fin : un individu seul, attendant une mort non naturelle qui doit venir tôt ou tard, mais administrée par d’autres.

Mais, dans cette catégorie, nous pouvons invoquer le shōnen de Konishi Mikihisa Reincarnation no Kaben en cours de publication depuis 2014 chez MAG Garden au Japon et publié en France sous le titre Pétales de réincarnation[14].

Le synopsis est le suivant : Touya Senji est un lycéen banal sans talent malgré ses efforts pour en avoir un. Il finit par rencontrer Haitou, une jeune fille mystérieuse qui possède un talent exceptionnel pour le kendo. Mais lors de circonstances imprévues, il est sauvé par cette dernière. Elle lui explique alors que s’il souhaite avoir un talent, il peut retrouver celui d’une de ses anciennes vies en utilisant une « branche de réincarnation » : cela s’appelle la transmigration. Mais le talent obtenu peut faire de lui soit un individu bon soit un individu mauvais voire criminel. Elle le mène à une mystérieuse organisation « la forêt des grands hommes » qui regroupe des personnes possédant des talents d’individus passés. C’est ainsi que les protagonistes se retrouvent à incarner des personnages historiques et s’affrontent. Dès lors, le manga brasse les références historiques plus ou moins connues du grand public tels que Charlotte Corday, le tueur en série cannibale Albert Hamilton Fish [1870-1936], le joueur d’échecs Bobby Fischer ou le samouraï Miyamoto Musashi. Hitler, qui fait partie des cinq généraux tigres, les plus puissants de l’armée de Kou, a le don d’omniscience. Mais sa représentation est chargée d’ambiguïté puisqu’il est réincarné dans le corps d’un jeune garçon à l’allure androgyne, cheveux longs et blonds, et accompagné de … Pol Pot avec qui il forme un duo qui affronte celui formé par Isaac Newton et Albert Einstein[15]. Au-delà de la fantaisie totale du récit, notons la volonté de l’auteur de l’associer à un autre responsable d’un génocide, cette fois en Asie et de l’opposer précisément à Einstein, le personnage historique, qui fut président d’honneur de la Ligue contre l’antisémitisme, et qui avait fait le choix de fuir l’Allemagne dès 1933.

Ce moment où tu hésites entre la réincarnation de Goering et d’Himmler… 
mais non, c’est bien Adolf en duo avec Pol Pot ...

Genré… le phénomène « Hitler-chan »

En premier lieu, le phénomène du Hitler-chan trouve une place de choix dans la catégorie « délire ». Késako ? Le suffixe japonais «-chan» désigne le sexe féminin mais avec cette nuance qu’on trouve la personne « mignonne ». Vous l’aurez compris, suivant un genre fantastique, certains auteurs n’hésitent pas à (ré)incarner Hitler en jeune fille blonde ou brune et de préférence en uniforme de la Gestapo et à forte poitrine, d’autant qu’un certain public japonais, amateur d’uniformes militaires sans distinction d’exactions est en attente du genre. Nous sommes là dans le registre du fan-service (un poil pervers, avouons-le), peu diffusé en France sur support papier par les grandes maisons d’éditions. Si certaines représentations donnent effectivement dans la « mignonnerie », en général, le naturel revient au galop, et même réincarné en femme, Hitler n’a pas grand-chose de sympathique. Dans un registre moins direct et plus global, l’expression « Hitler-chan » sert aussi à désigner des personnages féminins à l’autorité  quasi dictatoriale ou ayant des traits communs avec le führer, à l’image de personnage d’Hasuki du shōnen de Yōsuke Kaneda Kishuku Gakou no Juliet, désigné comme tel par les lecteurs assidus de la série.

Hitler contre Sarko, Poutine, le Pape …bref la Terre entière

 

La pièce maitresse est sans conteste représentée par un manga délirant appartenant au genre seinen, publié entre 2006 et 2015, une caricature politique en 16 volumes sans limites[16] et totalement assumée par l’auteur Hideki Ohwada : Mudazumo Naki Kaikaku : The Legend of Koizumi. Le synopsis envoie du rêve : « Dans un monde ou les négociations se font entre grands dirigeants à l’aide de matchs de Mahjong surhumains, un nom est respecté par tous : Junichirô Koizumi, le légendaire ex-premier ministre japonais ! Ne craignant ni les USA, ni la Russie, ni la mort, ce surhomme se verra contraint de s’allier avec les plus grands joueurs de Mahjong planétaire pour affronter sur la lune l’ultime menace menaçant l’amour, le courage et l’amitié : Le 4e Reich et son dirigeant, le terrifiant et ressuscité dictateur Adolf Hitler ! ». Si le point de départ est une parodie de la politique de l’ancien Premier Ministre japonais Koizumi et son slogan « Reform with No Sanctuary », en réalité, toute la classe politique mondiale finit par être caricaturée à volonté dans une histoire délirante où les politiciens du monde entier en mode badass, s’affrontent et règlent leurs conflits diplomatiques non pas à coup de réunion du G20 mais de parties de mahjong explosives, chaque leader ayant sa technique spéciale. Mais ce manga montre de toute évidence que son auteur maîtrise l’histoire du Troisième Reich et la géopolitique.

 

Benoit XVI et Papa Bush sont dans la place !

Très logiquement, nous retrouvons la famille Bush (à qui Koizumi met une raclée), Kim Il Sun, mais aussi Angela Merkel, Wladimir Poutine, Margaret Thatcher, Benoit XVI….  Tous y passent … Mention spéciale au traitement humiliant infligé à Nicolas Sarkozy, en représailles certainement pour ses propos négatifs tenus en 2004 au sujet des sumos et de la ville de Kyoto, propos qui ont été très mal perçus au Japon[17]. Mais revenons à Hitler car oui ….. Surpriiiise ! Les nazis n’ont jamais disparu, ils ont perdu une bataille mais pas la guerre : ils se sont (en toute logique) exilés sur la Lune en attendant de revenir prendre leur revanche. Maitrisant l’immortalité et disposant d’une technologie supérieure, Adolf revient et accompagné entre autres de Wagner, Mengele, Reinhard, Hans Speidel (et bien d’autres …) pour prendre sa revanche personnellement et installer définitivement son Quatrième Reich. Mais, grand seigneur, il décide de leur laisser une chance en leur permettant de jouer le destin de la Terre dans un ultime tournoi de mahjong à mort calculé sur le score des joueurs !

"We meet again Ratzinger ..." 

 

Sous la direction de Koizumi, les nouveaux Alliés réunissent donc Vladimir Poutine, George Bush, Benoit XVI, et Yulia Tymoshenko. Les parties euh … combats de mahjong en mode DBZ survoltés se succèdent au cours desquelles les protagonistes croisent d’anciens potes de guer… euh .. de parties de mahjong d’Hitler (genre … Staline ou Churchill) qui, pourtant aura tout fait pour l’emporter cette fois en devenant ………….. »Super Aryan » ! (attention je vous pose les meilleurs morceaux).

Tout en respectant effectivement et curieusement les règles du mahjong, bien entendu Hitler est vaincu ….

Définitivement ?

Ceci est une autre histoire …

 

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Mangas majoritairement cités et/ou consultés pour cet article (par commodité je vous indique ici les éditeurs français et la dernière édition disponible si vous souhaitez les consulter rapidement, sauf exception indiquée par un *) :

– Osamu Tezuka L’histoire des trois Adolf, édition des 90 ans, juin 2018, Delcourt, 624 pages

– Gō Nagai Devilman, Black Box, 2015

– Kumiko Suekane Afterschool Charisma, Ki-oon, 2011

– Shigeru Mizuki Hitler, Cornélius, 2011, 291 pages

– Masami Kuruma Saint Seiya, Kana, 22 volumes ( 2nde édition)

– Konishi Mikihisa Pétales de réincarnation, Kommikku Éditions (13 volumes)

– *Hideki Ohwada : Mudazumo Naki Kaikaku : The Legend of Koizumi. Takeshobo, 2010 (16 volumes)

– Kōta Hirano Drifters, Tonkam, (en cours de publication)

– Tsutomu TAKAHASHI NeuN, Pika édition (en cours de publication)

– Buichi Terasawa Cobra, the space pirate Édition Black Box, 2015 (9 volumes)

– *Yōsuke Kaneda Kishuku Gakou no Juliet, Kodansha, (16 volumes)

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Mangas non utilisés dans cet article à regrets et qui font apparaitre Hitler (**):

Horiya Oku Gantz Tonkam (37 tomes)**

-Hajime Isayama L’attaque des Titans Pika édition (34 tomes)

Takashi Nagasaki et Naoki Urasawa Billy Bat, Kodansha,2008-2016, 20 volumes**

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[1] A noter que ces affaires concernant très majoritairement des groupes féminins.

[2] Un mouvement « cosplay is not consent » a émergé dans les années 2010 comprenant à la fois le respect du corps du cosplayer et de la contradiction pouvant exister entre le costume choisi et l’individu le portant. Si le mouvement concerne en 1er lieu les filles, victimes de harcèlement, le mouvement s’est étendu à l’ensemble des problèmes rencontrés par les cosplayers.

[3] Ici, je parle bien d’esthétique et non d’idéologie !

[4] Christian Galan, « L’enseignement de l’histoire au Japon : jusqu’ici tout allait (presque) bien », Écrire l’histoire, 17 | 2017, 209-215. Lisible ici : https://journals.openedition.org/elh/1275

[5] Publié depuis 1997 il compte actuellement … 97 tomes (!),

[6] L’histoire de la censure exercée en France sur les anime japonais des années 70-90 est un phénomène bien connu des amateurs. Aucun DA n’y a échappé à tel point qu’elle est même devenue un sujet à part entière …

[7] Episode 30.

[8] Page 18.

[9] cf Jérôme Wicky Go Nagai, mangaka de légende, Fantask, p. 242.

[10] Ce personnage, et dont les traits de Cobra sont directement empruntés à Jean-Paul Belmondo, tandis que le héros se rend à l’occasion sur une base baptisée DeGaulle.

[11]Synopsis disponible sur la plupart des sites.

[12] En 1945, alors que le camp de concentration de Dora, en Allemagne, est libéré, Lili Jacob, une détenue, découvre dans un baraquement déserté un album de photographies prises pendant l’été 1944, représentant l’arrivée des convois de Juifs de Ruthénie subcarpathique au camp d’Auschwitz. L’album est conservé au mémorial des victimes juives de la Shoah Yad Vashem, situé à Jérusalem.

[13] Pas de spoil, nous n’en dirons pas plus, la série étant en cours de publication.

[14] En France, le manga est disponible sous le titre Pétales de réincarnation, publié depuis 2013 chez Komikku.

[15] Konishi Mikihisa Pétales de réincarnation, tome 4

[16] Le manga a été adapté en anime en 2010, il a été réalisé par Tsutomu Mizushima.

[17] L’affaire est relatée par Le Monde dans cet article : https://www.lemonde.fr/archives/article/2004/01/16/nicolas-sarkozy-denigre-le-sumo-la-passion-de-jacques-chirac_349353_1819218.html