Débat avec J.P. LeGoff, Ph. Madeline, J.M. Moriceau, F. Zonabend, animation J. P. Rioux
A partir du constat des enquêtes multidisciplinaires des années 60/70 sur le monde rural les intervenants vont s’interroger sur le monde paysan, un monde à temporalités variées.

Qu’est-ce qu’aller à la rencontre des paysans ?
Qu’est-ce que l’on veut trouver, qu’est-ce qu’arpenter un terroir ?

F. Zonabend, ethnologue à l’EHESS a étudié une collectivité rurale le village de Minot, en Bourgogne du Nord , une étude sur 5 ans, une enquête orale. Son questionnement : Pourquoi et comment les gens vivent là ? Mais aussi une utilisation des archives locales et une interrogation sur ce qui est encore présent dans la mémoire des habitants : la rencontre avec un passé qui dure toujours. Elle a notamment publié : « La mémoire longue » La Mémoire longue, Paris, PUF, 1986 ; rééd.en 2000
Comment une société continue à exister fidèle à elle-même en dépit du temps et des migrations, comment la mémoire est fondatrice de l’identité du village.

J.P. Le Goff  : sociologue au CNRS pose la question du tournant raté de la modernité «(La fin du village. Une histoire française, Paris, Gallimard, 2012 Présenté in : http://www.telerama.fr/livres/la-fin-du-village,86914.php et dans le dernier n° de Marianne (20-26 oct : le crépuscule des paysans) ). à partir d’une étude à Cadenet dans le Lubéron. Comment évolue une collectivité rurale (mœurs, rapports à la vie, à la mort) confrontée à l’arrivée d’une nouvelle population de ce qu’on appelle les néo-ruraux. La méthodologie associe immersion longue et utilisation des sources : archives, les affichettes, office du tourisme…) Il montre l’existence de fractures sociales et culturelles même si finalement la communauté vit en relative bonne intelligence.

Ph. Madeline, géographe travaille en collaboration avec les historiens dans le cadre du pôle rural de la Maison de la Recherche de l’université de Caen. La géographie apporte la spécialisation des faits sociaux à partir des sources écrites mais aussi du travail de terrain, il insiste sur l’importance du travail long pour une mise en confiance des paysans qui a permis l’accès à des archives privées : les agendas d’un paysan Pierre Lebugle, cultivateur au « Village Caillou » en Pays d’Auge: Un paysan et son univers Moriceau, Jean-Marc & Philippe Madeline Un paysan et son univers, Paris, Belin, 2010
[http://clio-cr.clionautes.org/spip.php?article3101->http://clio-cr.clionautes.org/spip.php?article3101
] :sur plus de trente ans (1941-1971), les agendas montrent un monde rural qui ne cesse de changer.

J.M. Moriceau : historien moderniste de l’Université de Caen montre l’intérêt d’un travail sur l’espace, le terroir, sur une société donc sur la longue durée et insiste sur l’histoire des changements au delà des aspects structurels.
Il fait un plaidoyer pour une histoire ouverte en rupture avec le découpage des quatre vieilles et vers les autres disciplines.

Un point commun à ces interventions : comment on restitue ces recherches sous forme d’un récit.