Quelques mots d’introduction

Notions clés : Aménager et Ménager ; Gouvernance, Bottom Up. Les « Petits discours font les grandes rivières »

1,7 Millions de personnes sont concernées par la Trame Verte et Bleue du sillon lorrain

La Trame Verte et Bleue est mise en valeur sur la période 2005-2010, depuis le Grenelle 2 de l’environnement.

Il y a un enjeu essentiel de coordination de l’aménagement à l’échelle d’une métropole. Cela permet de partager les points communs et d’avoir des solidarités. La Trame Verte et Bleue est un enjeu de gestion des espaces urbains et métropolisés.

La Trame verte, c’est de la nature, mais c’est aussi un  outil pour conserver, voire recréer de la biodiversité, de la biodiversité en réseau et de l’aménité. On constate le retour d’une certaine biodiversité dans la ville (des Hérons reviennent à Nancy, sur la Meurthe, à 3 km de la Place Stanislas).

On assiste à une retrouvaille de la cité avec son hydrosystème (fleuve, rivières, ruisseaux, noues, etc). Le temps fort de la synergie ville–rivière a été l’époque des Lumières.

Dans cette synergie, on a souvent compressé la rivière. Aujourd’hui (avec le Grenelle 2), on sait qu’il faut conserver les zones humides. Cela s’inscrit dans une  ville « douce et viable ». (Jean Pierre HUSSON préfère l’expression viable et vivable à celle de durable. Il évoque le fait que Saint-Dié est une ville juste, car le quartier Kellermann été réhabilité.)

La Trame Verte et Bleue est facile à décliner en terme de quartier, de ville ou d’agglomération. C’est plus compliqué sur des superficies plus grandes.

Cette renaturation est souvent sectionnée par des infrastructures, l’étalement urbain n’est pas suffisamment contrôlé par le SCOT (les villes ont grossi  4 ou 5 fois depuis 40 ans, l’équivalent d’un département tous les 10 ans disparait en terme de surface agricole.)

Toute une série de lois fonctionnent derrière la SRU qui a créé le SCOT, dont la loi Labbé de 2009 qui interdit l’utilisation des pesticides dans nos jardins. Il y a une derrière cette loi une question de technicité. Il faut que les personnels des espaces verts modifient leurs approches. Par exemple, les gens trouvent que les trottoirs ne sont pas propres à cause de cette loi, car on n’utilise plus de désherbant et on pratique la fauche tardive. Cela demande une nouvelle éducation. On doit changer nos approches.

Caricature : discours simple mais percutant.

2 publications universitaires : des arbres de mots qui montrent un idéal des espaces verts.

Les Alérions, petits aiglons et symboles représentés sur le drapeau lorrain, ont disparu à la Renaissance.

Plan en 3 parties :

  • Les Trames Verte et Bleue, leur mise en réseau, l’inscription sur des temps longs, legs et héritages
  • La Trame Verte et Bleue, dans les enjeux et projets actuels
  • Éclairages et spécificités locales : étude de cas laxovien

Les Trames Verte et Bleue : leur mise en réseau, l’inscription sur des temps longs, legs et héritages

Il est nécessaire de s’inscrire dans le temps long, le géographe a besoin de l’historien et de l’archéologue.

Carte de la lorraine : le sillon lorrain date de 2012. Il consiste en un rapprochement entre Nancy et Metz.

Le Sillon lorrain essaye de faire métropole.

  • Autour de Nancy-Metz et en s’étirant d’Epinal au Luxembourg, avec l’A 31, l’A 32, le TER, la Moselle canalisée, l’axe de ferroutage à conforter, des plates formes bi et tri modales. Les infrastructures sont insuffisantes : le ferroutage est insuffisant (seulement 7 trajets / jour) ; L’A 31 est une autoroute gratuite, c’est une autoroute de passage et de distribution dans le sillon lorrain ; La Moselle canalisée sert peu ; L’A 32 commence à apparaitre. Mais les villes du sillon lorrain n’ont pas la puissance suffisante pour s’imposer.
  • Projet récent, dessiné dans une logique ascendante différente des métropoles d’équilibre. Les Lorrains participent à ce projet. C’est un partage entre le top down et le bottom up.
  • Une conurbation linéaire qui regarde aussi vers le Luxembourg (100 000 lorrains travaillent au Luxembourg), une question métropolitaine qui s’impose à tous, un chantier de gouvernance. C’est compliqué parce que c’est une conurbation linéaire sur 100km. C’est une configuration inédite, intéressante. Ce sillon tend à oublier les autres espaces.

Le Sillon lorrain a des outils, tels que LORnTECH ; la bibliothèque numérique et ingénierie. Ils reçoit également des ressources européennes.

Il existe différents éléments partagés (risques) : les crues. Mais aussi les étiages (basses eaux). Il faut prendre en compte qu’en aval se trouve la centrale nucléaire de Cattenom

Le Sillon, quelques dates

  • L’OREAM, le cadrage régional vu d’en haut à l’époque gaullienne.
  • La Loi SRU (2000) et le SCoT pour tenter une ville plus juste, viable sinon durable. Pour le Scot, tout le monde est d’accord, mais tout le monde dit « pas dans mon jardin » …
  • Les lois Grenelle (n°1 en 2005 : créer un nouveau modèle de croissance économe ; n°2 en 2010 : mise en lois et décrets).
  • La loi NOTRe restructurant les territoires au 1er janvier 2017. Elle impose 2 conseillers départementaux, un homme et une femme.

 

La côte du Bajocien sert de cadre, elle surplombe les villes du sillon (ville haute à Nancy, Haut du Lièvre), s’ouvre sur des forets autrefois précédées de vignes et qui contient le minerai de fer. C’est une couche calcaire, de 100m de haut, avec une dépression au pied. Elle est couverte de forêts sur ses revers : par exemple la forêt de Haye, forêt Saint Clément à Metz. C’est une côte qui a longtemps comporté des vignes. Cela représentait une quantité de tout petit parcellaire : ces parcelles sont aujourd’hui des objets de nature. Ils sont classés en « NA » : il y a de la respiration dans ces villes, grâce au passé de ces villes.

Les côtes du Bajocien comportaient un système de défense avec des buttes (Mousson) et des avant-buttes. C’est un paysage intéressant pour le projet de Sillon lorrain.

Il y a un mariage étroit entre les rivières et le Sillon. A Toul, il y a la bifurcation de l’ancienne capture quand la Moselle se jetait directement dans la Meuse.

Les ruisseaux du Grand Nancy ont presque tous disparu, ils sont aujourd’hui tubés. La trame bleue dans la ville peut donc être modifiée, elle peut être réouverte.

Le Maire de Vandoeuvre les Nancy, dans les années 1960-70, a créé un parc dans sa ville et il y a fait rouvrir un ruisseau. Le ruisseau est aérien dans cette partie, avec la présence de canards.

Il y a une association entre la trame verte et la trame bleue : le linéaire vert accompagne la rivière, le canal. Le reste est très anthropisé.

Les crues, les étiages, mais aussi les sites SEVESO et nucléaires sont à prendre en compte. A toutes les échelles, avec en plus une logique d’amont – aval.

Le problème est que l’on a multiplié les gravières, on a enlevé les forêts alluviales. Elles sont cependant essentielles pour la biodiversité et la limitation des risques d’inondation.

Dans les années 1980, La ville de Nancy a eu la crue de 1983 à gérer : en aval, il y a le polder industriel (situé à Frouard), puis on a encadré la rivière dans la ville. C’est une éponge naturelle alluviale. On y trouve des cigognes noires qui sont une espèce très rare. Cela représente une externalité importante.

La logique d’approche est systémique, elle existe à toutes les échelles.

Par exemple, l’enseigne Grand Frais installée dans le Sillon met en place des parkings ajourés, perméables et le filtrage de l’eau.

Le marketing territorial est aussi utilisé, avec des affiches sur les mobilités le long du sillon lorrain, principalement avec des couleurs bleue et verte.

La Trame verte, en termes de corridor, relève de l’écologie urbaine. Les grandes villes disposent de spécialistes de ces questions.

On assiste au retour, à la renaissance de l’agriculture dans la ville, à tous les niveaux : en interstitiel, en jardins partagés, …

La ville de Metz est 4 fois plus grande que Nancy. Elle est composée d’une grande surface d’espaces verts : c’est une ville verte. Les anciennes fortifications de Cormontaigne sont en partie vertes aujourd’hui, alors que dans les années 1960, elles avaient été colonisées par de grandes barres d’habitation.

Des exemples pour les échelles modestes : le jardin Verlaine à Nancy, créé dans une toute petite parcelle dans Nancy, à la place d’un ancien garage des bus de Nancy. C’est un parc public corridor, qui va d’une rue à l’autre. Il contient une aire avec des jeux pour enfants. La nature en ville peut être encore plus ponctuelle : un arbre, comme le Tilleul de la cathédrale de Saint-Dié qui est âgé de 7 siècles.

Toutes les échelles s’imbriquent, fonctionnent entre elles. Elles sont portées par de la gouvernance. On a le droit et le devoir de participer à notre niveau.

Les Trames vertes et bleues ne datent pas d’aujourd’hui : au Moyen Age, la nature est nourricière. La nature est plébiscitée et les cours d’eau sont mis en scène, à l’époque des Lumières. A Epinal par exemple avec le champ de Mars.

L’hydrosystème de défense autour de Nancy avant le XVIIe était composé de zones humides importantes, jusqu’à 3 km de large. Nous avons donc des héritages, des traces. Les trames ont construit la ville en négatif. Les traces, les zones humides sont à conserver.

Avec le SIG (Système d’Information Géographique), on peut faire une géographie en remontant le temps.

L’architecte Cormontaigne construit la ville de Thionville au XVIIIe siècle. Il coupe en deux  la Moselle et fait un canal en parallèle pour diviser les eaux.

L’histoire nous donne des pistes pour travailler sur les trames vertes et bleues.

A l’époque des Lumières, on met en place des miroirs d’eau et des linéaires d’arbres. De Saint Max jusqu’à Laxou, il y a 5 km arborés. Avec de gros arbres (aujourd’hui, il faudrait des arbres plus variés, plus petits, plus résistants aux changements climatiques et qui aident les oiseaux, et avec des coloris et des floraisons variées).

Au XVIIIème siècle, Stanislas a réservé 18 hectares dans Nancy pour créer la Pépinière. Ensuite, des maires conservent des hectares de nature (le parc Sainte Marie par exemple). C’est une décision importante et difficile en raison de la pression foncière, particulièrement en cœur de ville.

La ville haussmannienne se développe autour du canal et des parcs hygiénistes. La ville du XXe siècle essaye de faire des retrouvailles avec la rivière, comme à Metz.

  • La Trame Verte et Bleue, dans les enjeux et projets actuels
  • Des externalités positives : conforter l’aménité, renaturer, « grenelliser », conserver des habitats et de la biodiversité. Il faut « grenelliser » nos territoires. L’externalité positive doit être prise en compte, comme le fait que la Trame verte et bleue permet de limiter les inondations. Il faut sortir d’une seule dimension affective.

Il y a 3 pôles : il faut se replacer dans la trilogie de la nature en ville : le pôle horticole, le pôle sauvage et le pôle champêtre.

Les externalités peuvent être la respiration.

Par exemple, dans le haut de la Pépinière à Nancy, des arbres ont dû être coupés il y a 15 ans (la  communication a eu lieu après). La réponse a été de mettre à leur place de gros arbres, pour une facture élevée, ainsi que de la jachère fleurie.

A Metz, autour du musée Beaubourg, une série de noues a été mise en place (pour capter l’eau).

Il y a donc de la science, de l’écologie urbaine et de la communication à mettre en place

  • Entretenir la culture du risque (dont GEMAPI, Gestion des milieux aquatiques et prévention des inondations)

Nous conservons la mémoire des risques, avec par exemple le GEMAPI ou le colloque sur l’eau de 2016 « Histoire et patrimoine au fil de l’eau ».

Les géographes Chiffre et Mathis ont mis à disposition des documents sur les crues à Nancy.

Création de bassins de rétention.

  • Inventer des formes de remédiation autour du SRCE (Schéma Régional de Cohérence Écologique) et des compensations écologiques (par exemple, les crapeauducs faits par SNCF).

Il s’agit d’entretenir des zones tampon et renaturer, conserver des corridors ; rédiger un Schéma Régional de Cohérence Écologique (SRCE. Pour la lorraine, en février 2018). C’est un Document opposable à l’État et aux collectivités ; freiner la fragmentation ; bien mesurer les externalités ; savoir s’adapter aux variations climatiques ; créer des  jardins.

Il reste à continuer, à inventer sur cette Trame Verte et Bleue.

  • Éclairages et spécificités locales : étude de cas laxovien

Un cas concret : Laxou.

C’était une commune, un village rue avec beaucoup de maisons. Aujourd’hui, c’est une ville (de plus de 15 000 habitants). Sur les pentes, il y a des parcelles, petites, non construites car sous le calcaire il y a des couches d’argile qui se rétractent et qui ne conviennent pas pour les fondations de maisons.

Les maires de Laxou (mairesse actuellement) ont constaté le problème : il y avait plein d’espaces verts en friches, des lieux de désérance, infréquentables : que faire ?

Tout d’abord, redonner des noms, faire revivre le cadastre : ils ont mis en place des noms avec fléchage. Ils ont utilisé l’affichage et ont publié des cartes. Ils ont mis en place des fêtes, avec un conteur sur les chemins, suivi par les habitants. Aussi, la mairie a mis en œuvre le défrichement des lieux.

Le Land art a été utilisé, avec des panneaux et des œuvres d’art.

Tout cela a permis la réinsertion d’une trame verte dans le tissu urbain. Aujourd’hui, c’est devenu un espace familier. Des villes du Sillon comme Metz ou Malzéville ont fait de même.

Conclusion : « nous n’avons qu’une seule planète et il est urgent d’atterrir » 2017 ? Bruno LATOUR.

Trame Verte et Bleue = espace qui peut permettre d’atterrir