A partir du XVe siècle, le noir et le blanc entrent dans une nouvelle phase de leur histoire. Désormais étroitement associés – ce qui n’était pas toujours le cas auparavant – ils acquièrent au sein de l’ordre chromatique un statut particulier qui peu à peu conduit à ne plus les considérer comme des couleurs à part entière. Les XVIe et XVIIe siècles voient ainsi se mettre progressivement en place une sorte de monde « en noir et blanc », d’abord situé sur les marges de l’univers des couleurs, puis hors de cet univers, et enfin à son exact opposé.
Ces mutations lentes et longues – plus de deux siècles – commencent dès avant l’apparition de l’imprimerie, avec la diffusion de la peinture en grisaille puis des premiers bois gravés, pour atteindre leur point de rupture en 1666. A cette date, le jeune Isaac Newton réalise différentes expériences autour de la lumière traversant un prisme de verre. Ce faisant, il découvre un nouvel ordre des couleurs : le spectre. Celui-ci met quelques décennies avant d’être accepté par l’ensemble du monde savant, puis d’exercer son influence sur la culture matérielle et la vie quotidienne ; il reste jusqu’à aujourd’hui l’ordre scientifique de base pour classer, mesurer, étudier et contrôler les couleurs. Or dans cette nouvelle échelle chromatique – violet, indigo, bleu, vert, jaune, orangé, rouge – il n’y a plus de place ni pour le noir ni pour le blanc : ce ne sont plus des couleurs.

Intervenant

Michel Pastoureau est directeur d’études émérite à l’École pratique des hautes études, où il a occupé pendant 35 ans la chaire d’histoire de la symbolique occidentale. Il a publié de nombreux ouvrages, dont plusieurs ont été traduits dans une trentaine de langues. Outre sa série dédiée à l’histoire culturelle des couleurs, on citera parmi ses autres publications de livres illustrés au Seuil : L’Étoffe du Diable. Une histoire des rayures et des tissus rayés (1991) ; L’Art héraldique au Moyen Âge (2009) ; Bestiaires du Moyen Âge (2011). Dans une autre série, consacrée à l’histoire culturelle des animaux, il a publié Le Loup (2018), Le Taureau (2020) et Le Corbeau (2021).

Michel Pastoureau est un habitué des Rendez-Vous de l’Histoire de Blois. Il nous offre encore cette année une conférence  passionnante, hors des sentiers battus, sur un de ses thèmes de prédilection : les couleurs.

Un enregistrement sonore de la conférence est disponible. 

Introduction

Le thème de la conférence est la naissance du noir et blanc, en tant qu’il s’oppose aux couleurs, ce qui n’a pas toujours été le cas.

Michel Pastoureau appartient à une génération où il était banal, presque quotidien d’opposer le noir et blanc d’un côté, et les couleurs de l’autre, ne serait-ce qu’avec la photographie, le cinéma…

Alors qu’en Rome Antique ou au Moyen-Âge chrétien, Michel Pastoureau ne trouve jamais de documents qui oppose le noir et blanc d’un côté et les couleurs de l’autre, ni même des documents qui accordent un statut particulier au noir et blanc. Ce sont des couleurs comme les autres.

Et le noir et blanc sont redevenus des couleurs comme les autres aujourd’hui. Il n’y a plus de scientifiques aujourd’hui qui refusent le statut de couleur véritable au blanc et noir. Cependant, l’idée persiste dans le grand public, avec la question de savoir si ce sont vraiment des couleurs.

Michel Pastoureau s’intéressera à la période de la fin du Moyen-Âge et du début de l’époque moderne où le noir, le blanc se séparent progressivement de l’univers des couleurs et finissent par former à eux deux un univers particulier qui sort de l’ordre des couleurs et qui finalement s’y opposent. C’est un phénomène de longue durée.

Les couleurs dans l’Antiquité

Il est difficile dans l’Antiquité d’étudier les couleurs comme des abstractions, des concepts. Jamais un Romain ou un Grec n’envisage les couleurs de façon absolue, de manière abstraite séparées de son support, hors du contexte matériel : un Romain dira j’aime les fleurs rouges, j’aime les toges blanches, je n’aime pas les vêtements bleus des barbares. En effet, les couleurs sont des adjectifs et jamais des substantifs.

Puis progressivement, les couleurs commencent à être pensées comme des abstractions. Les termes de couleurs deviennent les deux, des substantifs en plus d’être des adjectifs. C’est à partir du moment où les couleurs sont des abstractions que l’on peut les penser comme des catégories et qu’une symbolique des couleurs peut se mettre en place progressivement.

La fabrique du noir et blanc

Pendant des siècles, fabriquer le noir et le blanc en teinture et en peinture a été un exercice difficile. Pour le blanc on utilise la céruse, le blanc de plomb qui est dangereux mais qui a un fort pouvoir couvrant. Cependant, c’est une couleur instable qui peut jaunir ou noircir. En teinture, le blanc n’est jamais vraiment blanc, ni le noir vraiment noir : le blanc est presque blanc, le noir presque noir jusqu’au XVIIIe siècle.

Plus on se rapproche du blanc absolu, plus c’est valorisant, plus c’est chic, plus cela renvoie à la noblesse ou à la royauté.

Pour le noir, jamais une étoffe ne l’est vraiment, ce qui explique le prestige des fourrures. Ainsi, la marte zibeline, totalement noire, est la fourrure la plus chère et la plus valorisée.

Le noir et blanc dans la nature

Dans l’Antiquité, dans la nature, presque rien n’est noir et blanc. Quelques pelages ou plumages seulement le sont, tels que la pie. Dans les bestiaires latins et médiévaux, la pie a mauvaise réputation : elle est rusée, bavarde, voleuse, trop intelligente (selon Pline). Elle contribue elle-même à dévaloriser l’association du noir et du blanc. Il y a quelques pelages de bovins, chiens, chevaux, mais il n’y a pas grand-chose.

C’est la même chose pour les minéraux : il y a des présences de presque noir et presque blanc associés, mais c’est peu fréquent.

Le noir et blanc dans la culture antique

Dans la culture, dans les créations de l’être humain, trouver du noir et blanc associés est peu fréquent. Dans la mythologie, il y a tout de même la légende de Thésée qui doit un tribut à Minos : 7 jeunes femmes et 7 jeunes gens pour servir de nourriture au Minotaure : Thésée affronte le Minotaure et ressort grâce au fil d’Ariane. Thésée avait promis à son père Égée que s’il revenait victorieux à Athènes, il arborerait des voiles blanches et non des voiles noires.

Mais tout à sa victoire (c’est selon Michel Pastoureau un « sale personnage », qui a abandonné Ariane sur une île alors qu’il lui avait promis de l’épouser), il oublie de changer la couleur des voiles, qui restent noires : Égée croyant son fils mort se précipite dans la mer. Cet épisode nous apprend que le noir peut-être pensé comme un contraire du blanc chez les Grecs. C’est le seul témoignage pertinent pour l’Antiquité.

Dans l’Antiquité et au Moyen-Âge, il y a beaucoup plus d’exemples où le vrai contraire du blanc, c’est le rouge. Par exemple dans les pions de jeux de société à Rome. Sur les damiers, on voit toujours un camp rouge et un camp blanc, ou un camp rouge et un camp noir qui s’affrontent.

Le noir et blanc dans la culture médiévale

L’histoire d’Égée laisse des traces dans la littérature médiévale : au XIIe siècle, dans la légende de Tristan et Iseult, c’est un peu la même histoire. Tristan mourant appelle Iseult la Blonde qui a des dons de guérisseuse. Il est convenu que si son beau-frère revient avec elle, il arborera des voiles blanches, sinon des voiles noires. La personne qui renseigne Tristan qui ne voit plus lui ment sur la couleur des voiles et il meurt.

Dans l’Antiquité, il y a trois couleurs importantes, le blanc, le rouge et le noir et 3 couleurs secondaires, le vert, le jaune et le bleu.

Vers l’an Mil, au cœur du Moyen-Âge, le noir et le blanc sont des couleurs parmi d’autres. Le  noir et blanc ne forment pas un couple de contraire. Le jeu d’échec, jeu asiatique né aux Indes du Nord vers le VIe siècle, oppose un camp rouge et un camp noir en Asie. (Cette opposition est restée dans les jeux de cartes et à la roulette). Quand le jeu arrive vers l’An Mil en Occident, on le repense pour l’adapter : on repense la nature des pièces, leur valeur leur marche et leur couleur. Pour le christianisme romain, le rouge contre le noir ne représente rien. On change pour adopter camp blanc contre camp rouge, cela jusqu’à la fin du Moyen-Âge. Ce n’est que début de l’époque moderne que le camp rouge disparait progressivement pour un camp noir.

Un changement progressif chez les monastiques

Au courant du XIIe siècle, il y a des frémissements de changement : dans le monde monastique. Ce sont premiers qui portent des vêtements de type emblématique. Ce que portent les moines et les moniales est très instructif pour l’historien des couleurs.

Les Bénédictins, depuis l’époque carolingienne, portent un froc de couleur noir.

Des ordres nouveaux se dressent contre l’ordre bénédictin, qui veulent des réformes ou d’autres règles. Pour montrer cela, ils adoptent un habit blanc : blanc noir est donc un couple d’opposition au début du XIIe siècle : l’opposition, la querelle entre Cluny et Cîteaux est édifiante pour cela.

Pierre le Vénérable écrit à l’abbé de Clairvaux Saint Bernard : ils s’interpellent, s’insultent : « oh toi moine blanc » / « oh toi moine noir ». Les Clunisiens reprochent aux Cisterciens de Clairvaux de porter un habit blanc, qui est un habit de gloire : ils leur reprochent leur orgueil. Les Cisterciens répondent que le blanc représente la pureté de la vie monastique à Cîteaux. A l’inverse, ils reprochent aux Clunisiens en noir d’avoir la couleur du diable, de l’enfer. Les Clunisiens répondent que c’est la couleur de l’humilité, de la dignité.

C’est une querelle violente dans l’histoire de l’Église, qui est importante pour l’historien des couleurs : c’est la première fois que le noir et le blanc s’affrontent avec force, et de nombreux documents le mentionnent.

Quelques décennies plus tard, les ordres mendiants, au début du XIIIe siècle, se divisent en plusieurs groupes : les Dominicains choisissent un habit en noir et blanc (une robe blanche avec une chape noire), comme s’ils voulaient concilier les conflits précédents. Il n’y a alors pas beaucoup de personnes habillées en noir et blanc.

Leurs rivaux Franciscains, font vœu de pauvreté : ils refusent de teindre leur robe. Ils ne veulent pas de couleur, car c’est trop luxueux. Le degré zéro de la couleur visé par les Franciscains est trop tard. Dans le monde monastique, chaque ordre est emblématisé par sa couleur. On impose donc une couleur aux Franciscains : le gris. Comme leur vœu de pauvreté les empêche de laver leur tenue, elle devient grise et on les appelle les « frères Gris » (l’expression « ventre saint-gris » est une obscénité qui signifie « par le bas ventre de Saint François »)

Le gris commence à être pensé comme le « sans couleur ». Cela s’accentue dans le courant du XIVe siècle, notamment dans la création artistique, avec par exemple la pratique artistique de la Grisaille. Pour des raisons morales d’abord, on pense qu’il y a des moments de l’année où il vaut mieux mettre en scène dans l’art religieux des images peintes en camaïeu de gris. C’est le cas des retables polychromes, avec plein de couleurs vives, qui s’ouvrent et se ferment : pendant les moments liés à la pénitence ou à l’affliction (Carême, Avent), on les referme : la peinture est en grisaille. La couleur est toujours un peu débauchée, alors que la grisaille est le contraire de la couleur.

On trouve cela aussi dans certaines églises, avec des vitraux en grisailles dans les lieux les plus saints des églises, au niveau du cœur par exemple alors qu’ils sont polychromes dans la nef.

Le gris, mélange de noir est blanc, commence à être pensé comme le contraire de la couleur vive.

L’apparition de l’imprimerie et de la gravure 

Dans la seconde moitié du XVe siècle, apparition de l’imprimerie et de la gravure, avec une image à l’encre noire sur un papier blanc. C’est un très grand moment. Cela contribue à créer dans le livre et hors du livre un univers en noir et blanc qui prend une place importante dans la vie matérielle, quotidienne …

Le livre est d’abord un monde en Noir et Blanc. Du côté des images gravées, entre le milieu du XVe siècle et le milieu du XVIe siècle, on passe d’images médiévales polychromes à des images modernes en noir et blanc : c’est une révolution inouïe dont on ne parle pas. La rapidité de ce changement est exceptionnelle.

Du milieu du XVIe siècle à la fin du XIXe siècle, les images sont en noir et blanc.

Le décrochage se fait donc avec l’imprimerie, favorisé par des progrès techniques ; Le papier, connu depuis longtemps en Chine, arrivée en Europe par le relais des Arabes, devient courant fin XIIIe siècle pour les actes notariés. Le papier est alors plus blanc que le parchemin. Il reste un produit très cher jusqu’au XVIIIe siècle. Mais c’est un matériau d’emploi souple, à base de chiffon qui provient des chemises (qui se répandent chez tout le monde : riches, pauvres, hommes, femme : quand la chemise est usagée, on en fait un chiffon puis du papier).

En même temps, on met au point une encre très différente du Moyen-Âge. C’est désormais une encre qui est bien noire, bien grasse, qui sèche vite, et qui associe toutes sortes de produits, un produit calciné, un liant liquide, de l’huile de lin et des sels minéraux pour sécher rapidement : c’est au point au milieu du XVe siècle. En même temps on invente les caractères mobiles métalliques (cela nécessite beaucoup de capitaux). Gutenberg sort des presses sa Bible et l’impression est impeccable.

Le livre imprimé, comme l’image gravée, est un monde en noir et blanc, c’est une immense révolution culturelle

À la même époque, la querelle des partisans du dessin et du coloris

La querelle des partisans du dessin et du coloris apparaît en Italie, fin XIVe et XVe siècle : qu’est ce qui est le plus important dans la peinture, le dessin ou le coloris ?

A Venise on pense que c’est le coloris, à Florence on pense que c’est le dessin (qui s’adresse à l’esprit, qu’il est masculin alors que la couleur est féminine, s’adresse aux sens …)

Cette querelle perdure avec des rebondissements (souvent le dessin l’emporte). Elle existe encore au XIXe siècle, quand on oppose Ingres et Delacroix. C’est un dossier qui met en scène le noir, le blanc et le gris. Cela se diffuse au moment où se développe le livre imprimé. Ce n’est pas un hasard. Tout est lié. L’idée que la couleur s’oppose au noir gris blanc est dans l’air du temps aux XVIe et XVIIe siècles.

Dans le monde de l’imprimerie, de la typographie, aux XVIe et XVIIe siècles, on a cherché à faire de la couleur en noir et blanc : pendant quelques temps, on a colorié les exemplaires, mais c’était long et pénible.

Dans les années 1540, on cherche des procédés pour évoquer de la couleur avec le noir et blanc car des sciences, des disciplines ont besoin de la couleur, par exemple la botanique, la cartographie, l’héraldique … Ce sont des sciences pour lesquelles la couleur est indispensable. On tâtonne. On utilise d’abord de petites lettre, des initiales de termes de couleurs (mais ce ne sont pas les mêmes dans les différentes langues, et certaines couleurs ont la même initiale, comme en Allemand : G pour vert, jaune, or … cela provoque des cafouillages) ; des petits signes ; … les graveurs d’Anvers au début du XVIIe siècle mettent au point un système général à l’échelle de l’Europe pour évoquer la couleur en noir et blanc : des hachures et points tillés conventionnels. C’est assez disgracieux, mais ce système s’impose. Ce système a sans doute été mis au point dans l’atelier de Rubens où 300 personnes travaillent.

Des documents intéressants ont été conservés : par exemple, Rubens, immense coloriste, voit ses tableaux reproduits pas la gravure en noir et blanc : on a conservé des lettres entre Rubens et son graveur qui s’emporte et lui reproche d’avoir mal traduit ses couleurs …

La Réforme protestante

Dans le domaine de la religion, de la morale et des symboles. Les grands réformateurs protestants moralisent beaucoup les couleurs. Au XVIe siècle, ils distinguent des couleurs honnêtes pour un bon chrétien, et d’autres qui ne le sont pas. Les couleurs honnêtes sont le noir, le gris, le blanc, et le bleu chez Calvin. Les couleurs déshonnêtes à fuir sont le rouge, le  vert et le jaune.

Le noir, le gris et le blanc se séparent des couleurs vives. Une certaine opposition va en se renforçant. Géographiquement, il y a une Europe protestante et une Europe catholique qui se lit dans les pratiques vestimentaires et picturales. La palette protestante a des couleurs plus retenues.

Par exemple le peintre Philippe de Champaigne sous Louis XIII, catholique, a à ses débuts une palette vive. Puis il se rapproche des jansénistes et le gris devient envahissant dans sa palette.

Aux XVIe et XVIIe siècles, il y a une atmosphère, des pratiques qui font que noir, gris et blanc sont un axe qui  commence à s’opposer aux couleurs proprement dites.

Dans les sciences

En même temps, les savants et les peintres au XVIIe siècle se posent beaucoup de questions sur la couleur : c’est un grand siècle scientifique, un grand siècle pour l’optique et pour les théories de la couleur. Une question revient souvent : à partir de combien de couleurs peut-on fabriquer toutes les autres ?

En chimie, les théories sont assez variées. On s’aperçoit que les couleurs s’engendrent entre elles. C’est un dossier passionnant pour l’historien des couleurs qu’est Michel Pastoureau.

Dans les années 1660, la plupart des théories soulignent que 5 couleurs suffisent pour fabriquer toutes les autres : le noir, le blanc, le rouge, le jaune et bleu. Le noir et blanc en font encore partie.

En 1667, Isaac Newton, se livre à des expériences qui bouleversent l’histoire des sciences : d’une part en regardant la pomme qui tombe dans le jardin de sa mère, ce qui lui fait découvrir l’attraction terrestre, et d’autre part, en se livrant à de expériences sur la lumière qu’il fait passer à travers des prismes de verre, il s’aperçoit que la lumière blanche du soleil se décompose en rayons lumineux, avec toujours les mêmes couleurs, toujours dans le même ordre : le spectre. Il reste aujourd’hui le système de base pour classer les couleurs. Dans ce nouvel ordre des couleurs, il n’y a pas de place pour le blanc et le noir. L’ordre spectral, violet, indigo, bleu, vert, jaune, orange, rouge a 7 couleurs. La légende dit qu’il en aurait d’abord distingué 6. Mais en Occident, tout doit marcher par 3, 7, ou 12.

Cette découverte a des conséquences considérables sur les autres sciences, sur des domaines techniques variés et sur la vie quotidienne. Elle est importante scientifiquement pour les couleurs : Isaac Newton a exclu le noir et le blanc des couleurs. Son traité d’optique est publié en anglais en 1704, il est traduit en latin en 1707.

La science se met à adopter ce classement spectral des couleurs, et on ne considère plus le noir et le blanc comme des couleurs à part entière.  Cela dure jusqu’au XIXe et XXe siècle : le noir et le blanc se sont détachés des couleurs. Ils forment un couple d’opposition, qui s’oppose lui-même aux couleurs.

Conclusion

La suite est l’apparition de la photographie, du cinéma, de la télévision.

Cela va au-delà du technique : dans la vie quotidienne, dans les pratiques vestimentaire, on oppose à la fin du XVIIIe et au début du XIXe siècle les couleurs morales et les couleurs frivoles, plus bariolées. Cela dure longtemps. Michel Pastoureau salue l’ouvrage de Samuel Paty, Le Noir, société et symbolique, 1815-1995 (mémoire de DEA), consacré en 1995 sur le blanc et le noir vestimentaire. Ce livre est publié par les Presses Universitaires de Lyon.