Article du 31 décembre 2008, actualisé le 31 décembre 2010 !

Une exposition en plein centre ville de Chamonix se tient depuis le mois de juillet 2008 pour commémorer le bicentenaire de l’exploit d’une femme Marie PARADIS, qui le 14 juillet 1788 est parvenue au sommet du Mont Blanc. Cette exposition se compose de 35 panneaux dont le titre général est « Histoires au Mont Blanc ».

Les premiers panneaux retracent l’histoire de la connaissance de ces montagnes et de la vallée de Chamonix :

On part du XVIIIè siècle où le Mont Blanc n’était pas encore baptisé : une carte des cartographes militaires de Louis XIV en 1709 dessinent les vallées, les glaciers mais les sommets ne sont pas nommés. Ils sont mentionnés comme « montagnes impraticables par des glaciers perpétuels »

En 1741, les « découvreurs de Chamouny » que sont les Anglais Windham et Pococke se rendent compte que la vallée compte 1700 habitants , éleveurs, chasseurs, cristalliers et colporteurs.
Ces Anglais sont les premiers étrangers à remonter le glacier des bois qu’ils baptisent « Mer de Glace ».

En 1742 un voyage d’étude dans la vallée est organisé par l’opticien Pierre Martel avec des scientifiques dans le but de tenter d’évaluer l’altitude des montagnes. Une carte est dressée où apparait le Mont Blanc mais comme un pic rocheux car il est confondu avec l’Aiguille du Midi !

Grâce au récit de voyage fait par Windham, les touristes commencent à se rendre sur place. et dans les années 1760, 1780 les Suisses comme François Jalabert peignent les paysages.

Les ascensions du Mont Blanc occupent de nombreux panneaux de cette exposition avec la 1ère d’entre elles réalisée par Jacques Balmat et Gabriel Paccard le 8 août 1786. Ils étaient entre autres raisons motivés par une récompense promise depuis 1760 par le naturaliste genevois Horace-Bénédict Saussure. Celui-ci participe à la 3è ascension en 1787 et la fait représenter en dessins par l’artiste bavarois Marquart Wocher. On y trouve un intérêt documentaire avec les costumes, l’équipement des alpinistes, le bois de chauffage, les tentes et le ravitaillement de la vingtaine de personnes qui composent l’expédition.

Statue de Jacques Balmat dans le centre de Chamonix.

Saussure écrit un ouvrage « Voyage dans les Alpes » illustré par le genevois Marc-Théodore Bourrit, un panneau présente le personnage.

Statue de Saussure dans le centre de Chamonix

Au XIXè siècle le voyage vers Chamonix par la vallée de l’Arve est recommandé par tous les écrivains mais il faudra attendre la visite impériale de 1860 pour le rattachement de la Savoie à la France pour que la construction d’une route soit programmée car jusque là c’était une aventure pour parvenir à Chamonix !

Une série de 9 panneaux permet ensuite de voir comment les artistes du XIXè siècle à aujourd’hui ont représenté le Mont Blanc et ses alentours.

On peut ainsi suivre l’évolution des paysages de la vallée, avec la reculée des glaciers par exemple.

Puis l’exposition met en valeur les femmes avec le titre « Les prouesses féminines au Mont Blanc ». En 6 panneaux on découvre Marie Paradis, modeste paysanne originaire des Houches . Elle a été la 1ère femme parvenue au sommet du Mont Blanc le 14 juillet 1808, hissée par des guides costaux dit l’exposition. Elle raconte 30 ans plus tard : « Bah ! C’était tout blanc où j’étais et tout noir où je regardais… J’étais fatiguée, ils m’ont traînée, tirée, portée »

Henriette d’Angeville le 3 septembre 1838 est la seconde femme à parvenir en haut du Mont Blanc à l’âge de 43 ans. Elle est issue d’une famillle noble française réfugiée en Suisse pendant la Révolution. Elle se fait confectionner un costume adapté qui ressemble à un pantalon déguisé en robe ! Elle est passionnée d’alpinisme et continuera à pratiquer l’alpinisme jusqu’à 70 ans.

Une autre femme, Isabella Charlet-Straton alpiniste anglaise, réussit le 31 janvier 1876 la première ascension hivernale. Elle est encordée à Sylvain Couttet et Jean Charlet, un des grands guides de l’époque avec lequel elle se mariera quelques mois plus tard !

Il faudra attendre le XXè siècle pour que les femmes
alpinistes osent porter ouvertement le pantalon. c’est la cas de Marguette Bouvier qui, le 5 février 1929 est la 1ère femme à descendre le Mont Blanc à skis ! Elle était journaliste, critique d’art, reporter de guerre, championne de skis et de patinage ! Elle pratiquait aussi l’escalade, le vol à voile et possédait son propre avion, un Farman 402.

un des panneaux consacrés aux femmes

Enfin les derniers panneaux sont un peu « fourre-tout ».

Les n°30 et 31 traitent du 1er drame au Mont Blanc avec l’accident qui a coûté la vie à Pierre Balmat le 16 août 1820. Cet accident est à l’origine de la création de la compagnie des guides de Chamonix en 1821, suivie en 1863 d’une caisse de secours. Un panneau présente les guides du Mont Blanc.

Le panneau 32 présente le Mont Elbrouz « rival » du Mont Blanc

Les panneaux 33 et 34 montrent le Mont Blanc à la mode et cible de la pub.

Enfin le 35è et dernier panneau « Le Mont Blanc un patrimoine en devenir » exprime l’espoir du classement du massif au patrimoine mondial de l’UNESCO.

Une exposition intéressante, parfois anecdotique mais à voir les pieds dans la neige puisqu’elle est en extérieur sur la place du triangle de l’amitié, face à l’Office de tourisme .
Elle a rencontré un tel succès que l’ensemble a été édité sous forme d’un livre qui porte le même nom chez ESOPE éditions