FDGG2014 Conférence 7 – Débat : « Quelles relations l’Union européenne doit-elle entretenir avec la Russie ?
Intervenant(s) : Henri de Grossouvre – Fondateur et délégué général du think tank européen Forum Carolus.
Questions par Pierre Rousselin, journaliste spécialiste des questions géopolitiques au Figaro.

Introduction : Comprendre l’UE et son histoire récente :

Le projet politique initial a été dévoyé par des intérêts commerciaux qui étaient à la base des associations dites de libre échange, concurrentes de la CEE (AELE, neutres, Sud et Est). Quand les pays qui les constituaient rejoignent la CEE, puis l’UE, elles restent attachées à une union commerciale de type grand marché.
Sont donc exclues les « technologies de souveraineté » et les questions stratégiques.
Les traditions de politiques étrangères nationales perdurent donc (à l’exception de la France, l’Allemagne et l’Italie) pour le reste, pas d’homogénéité et donc impuissance politique.
Du point de vue de Poutine, la discussion avec l’UE était possible en 2001 mais l’élargissement de 2004 a bloqué le partenariat Paris – Berlin – Moscou.
Cette politique aurait été le revers d’une UE carolingienne. Cette actualité existe-t-elle encore ? L’Ukraine montre en tout cas la fin du projet d’élargissement de l’UE et l’échec de la stratégie d’encerclement de la Russie.

Journaliste du Figaro : je suis pessimiste, l’UE a joué avec le feu et soutient l’encerclement de la Russie par l’Otan.

HdG : le bloc occidental est incohérent : l’UE contrairement à ses principes, soutien une secession indépendantiste, et un mouvement dans lequel il existe des composantes clairement fascistes.
Pendant ce temps les Etats-Unis donnent des leçons de savoir faire (J. Mc Cain, B. Obama). Après tout, à une autre époque, les EU avaient bien refusé les fusées à Cuba !

JF : Que peut-on faire pour améliorer nos relations avec la Russie ?

HdG : Les Russes tout comme les Chinois sont attachés scrupuleusement au droit international. Bien que les Etats-Unis demeurent la 1ère puissance, le déclin est commencé. Il y a des accélérateurs (guerres régionales perdues, faillite financière).
Les Réémergents (Russie, Chine) peuvent donc redéfinir des règles internationales qui sont héritées de la fin de la 2GM et de la Guerre froide.
l’Occident en tant qu’entité liant l’Amérique à l’Europe de l’Ouest est mort. Obama ne s’intéressait plus à l’Europe jusqu’ici.

JFig : Vous appelez de vos voeux une UE « puissance » resserrée sur son noyau « carolingien », qui a été étouffée par « les intérêts mercantiles » des autres pays adhérents. Que proposez vous comme solutions ?

HdG : Rien n’empêche un groupe restreint de pays de pousser en ce sens… Il est envisageable également qu’un groupe volontaire de politiques de l’UE prenne une initiative d’apaisement avec la Russie en attendant la reconstruction d’une UE « Mittle Europa »…

Une conférence qui laisse sur sa faim. Pourquoi ?
– Peut-on soutenir que la situation actuelle est comparable à celle de la GF ?
– Une critique de l’impuissance de l’UE mais qui ne propose guère d’alternatives : la troïka Paris – Berlin – Moscou est elle toujours envisageable ? Il est clair que l’Allemagne a des intérêts communs commerciaux avec Moscou, et qu’elle ne peut concevoir une rupture politique vu l’histoire tragique récente et le retour des liens historiques forts entre les 2 pays.
– La CEE comme nouveau lieu de la volonté de puissance française, telle que De Gaulle la comprenait avec la fin de l’empire colonial est-elle encore réaliste aujourd’hui ? Si l’élargissement a dilué l’Europe carolingienne, l’équilibre franco-allemand est rompu, car l’Allemagne se conçoit comme une puissance mondiale et exerce de fait le leadership européen.

JM Crosnier, Copyright Les Clionautes.