Comment enseigner sur les questions de défense et de mémoire tout en innovant ? Telle était la question posée lors de cette table ronde, tenue salle Lavoisier, au conseil départemental de Blois. Sous le chapeautage d’Hélène Pradas-Billaud, romancière et chef du bureau des actions pédagogiques et de l’information du Ministère de la Défense, trois intervenants successifs.

Le premier, Laurent Thierry, est attaché au site de la Coupole, près de Saint-Omer dans le Pas-de-Calais, un lieu d’où furent lancées des V2 sur Londres et la Belgique en 1944.
A partir de cet endroit, plusieurs pistes sont possibles :

1. Étude des liens entre la technologie militaire développée par Wernher von Braun. Mort aux États-Unis en 1965, ce scientifique allemand, inventeur des sus-nommés V2, fut récupéré par les États-Unis après l’opération paperclip. Il fut un des piliers de la conquête spatiale et, notamment, de la mission Apollo. Les V2 étaient fabriquées au camp de Dora par des déportés. Braun était au courant de cette production, ayant même demandé d’adoucir le sort des prisonniers. Une réflexion peut donc être faite sur science, innovation et éthique. On peut ensuite faire un parallèle avec Robert Oppenheimer et la bombe atomique, avec, plus tard, la naissance de l’industrie nucléaire civile.
2. Liens avec d’autres lieux, d’autres camps de travail, avec un travail à faire sur la mémoire de la seconde guerre mondiale.
3. Passer par l’histoire-vécue, en suivant le parcours d’un instituteur français mort à Dora, de 1930 à 1944, sur une webradio.

Laure Bougon, chef de la section Tourisme de Mémoire au Ministère de la Défense, présente une cartographie des lieux de mémoire. Elle présente essentiellement les partenariats entre l’éducation Nationale et la Défense, ainsi que deux sites internet, « Mémoires des Hommes » et « Chemins de Mémoires ».

Enfin, Marie-France Montel représentait l’ECPAD, l’Établissement de Communication et de Production Audiovisuelle de la Défense. Elle apportait une réflexion intéressante sur les images du 14 juillet, comment les décrypter, et comment donner un sens au 14 juillet. Devenue fête nationale en 1880, le 14 juillet avait pour premier but de rapprocher l’armée, avec des éléments monarchistes et bonapartistes, de la République, d’en faire un des piliers de la stabilité du pays. Supprimé entre 1940 et 1944 (on voit des images issues de « Paris Brûle-t-il ? » et « L’Armée des Ombres » où l’on voit l’armée allemande défiler sur les Champs Élysées), il renaît dans une grande ferveur en juillet 1945 à la Bastille (et non pas au Champs Élysées). Travailler sur le 14 juillet permet de travailler sur trois enjeux :

1. Enjeu de mise en scène politique : l’avenue, la perspective, la récupération de l’arc de triomphe impérial dans l’idéal républicain grâce à la tombe du soldat inconnu.
2. Enjeu de politique interne : renforcer la cohésion nationale.
3. Enjeu de politique internationale : on invite des chefs d’état étrangers et des régiments étrangers le jour du 14 juillet. Ceux-ci sont alors associés à une victoire républicaine, à une forme de gouvernement démocratique, et on insiste, notamment avec l’Allemagne, à la notion de réconciliation.

On peut aussi étudier ce 14 juillet à travers des tableaux, des films. Bref, c’est un sujet assez inépuisable, comme la période 1940-1944 où il devenait un symbole de résistance.

Mathieu Souyris
Lycée Paul Sabatier, Carcassonne.