Cette conférence comporte 3 parties : l’Histoire du Parti Républicain, Trump à la conquête des Républicains en 2016; et la première année au pouvoir de janvier 2017 à 2018 entre espoirs et désamour.

I/ Histoire du GOP (Grand Old Party) : le Parti Républicain de 1854 à 2012.
Fondé en 1854, le Parti Républicain est à ses origines un parti libéral au sens américain, c’est à dire de gauche. Il est favorable au protectionnisme et opposé aux planteurs du Sud esclavagistes. En 1860, Abraham Lincoln est un président républicain marquant !

Le parti républicain est dominant jusque 1929/32 où il s’effondre avec Hoover impuissant face à la Grande Crise de 1929. Les démocrates vont dominer pendant 20 ans de Roosevelt à Truman (1933 à 1953).

C’est avec Reagan et Bush de 1981 à 1993, que ce Parti bascule vers un parti de la dérégulation et de l’ultralibéralisme. C’est la « Southern Strategy » où il veut remplacer les démocrates dans le Sud. Il devient un parti conservateur et connait de nombreux succès électoraux.

En novembre 2008, l’élection incongrue pour la base républicaine d’un noir à la Maison Blanche va durcir les positions politiques des républicains. En 2011, c’est l’essor du Tea Party qui se révolte contre la fiscalité et réclame « Smaller government, Less spending and Lower Taxes ».
En novembre 2012, Obama gagne encore 303 grands électeurs et 26 états alors que le républicain Mitt Romney n’a que 206 grands électeurs et 24 états. Le parti républicain est en état de choc !

II/ Trump à la conquête des Républicains.
En 1987, Trump ancien démocrate devient un électeur républicain. En 1988, il est pressenti par Bush Senior pour être vice-président mais sa candidature n’est pas retenue.
1) Qui est Trump ?
Héritier d’un empire du bâtiment, il a une licence d’économie de l’Université de Pennsylvanie, et s’il n’a jamais exercé un mandat électoral, il n’est pas surgi de nulle part. Il a aussi animé une émission de téléréalité, the apprentice, dont le slogan fameux est « You are fired ! » (vous êtes viré !)
En 2004, il écrit un best seller sur l’art de négocier (Art of the deal).
Conservateur sur le plan économique, il se distancie du Tea Party sur les questions de société comme l’avortement ou le mariage homosexuel.

2) La campagne électorale de 2016.
Au printemps 2016, il écrase ses 9 rivaux dans les Primaires Républicaines, dont Jeb Bush, John Kasich, Ted Cruz, Marco Rubio et Ben Carson (seul candidat noir).
Côté démocrate, ils se divisent gravement entre Hillary Clinton et Bernie Sanders. Trump va s’adresser aux travailleurs blancs qui ont de faibles salaires ou sont au chômage (les angry white men : hommes blancs furieux) Son slogan est alors « Make America great again « , il a d’ailleurs annoncé qu’en 2020 ce sera « Keep America great again ! ». Hillary Clinton semble être la candidate de l’establishment qui ne dit rien sur les salaires, l’emploi et l’immigration; et Trump parait alors le candidat du peuple !
Trump aura 306 grands électeurs et Clinton seulement 232. Trump est élu à la surprise générale !

III/ Trump au pouvoir de janvier 2017 à mars 2018.
1) La constitution de son Cabinet

Sur 23 ministres, il y a 18 hommes et 5 femmes; 21 Anglo Saxons, 1 femme latino et 1 homme noir.
Mais il y a aussi 13 sudistes, 7 du Middle West et seulement 3 des Côtes Est et Ouest !
Enfin si il y a 6 chefs d’entreprise, on compte aussi 10 gouverneurs ou sénateurs et 5 hauts fonctionnaires.
Rex Tillerson est emblématique, un patron d’Exxon au ministère des Affaires Etrangères (Secrétaire d’Etat) !

2) Son budget.
Les évolutions sont révélatrices : en HAUSSE : la Défense, +10%; la Sécurité, +7%; les Vétérans, +6% ; mais en grave BAISSE : l’Environnement -31%; les Affaires Etrangères -29%; le Travail -21% et la Justice-20%.
Ses évolutions sont proches des positions de Ronald Reagan et satisfont la plupart des républicains sauf Paul Ryan et Mac Cain.

3) Sa politique étrangère
Il y a surtout une grande continuité avec les idées républicaines : soutenir les Alliés traditionnels, Israël et l’Arabie Saoudite; renforcer la lutte contre le terrorisme; dénoncer les Chinois et les Mexicains. C’est un copycat de Reagan ou Bush mais avec beaucoup plus de gesticulation et d’outrances verbales.
Dénoncer l’Iran est un classique, soutenir les Saoud, une constante depuis Roosevelt.

Conclusion:
Hillary Clinton a perdu les électeurs afro-américains, les jeunes et les ouvriers qui se sont massivement abstenus. Trump a profité des divisions terribles des démocrates et a su rassembler ses partisans dont 48 millions sur son compte Twitter. Sa politique est tout à fait compatible avec les idées républicaines et ressemble beaucoup plus à Reagan et Bush qu’elle n’est une vraie rupture, si ce n’est dans le style verbal. Il n’y a donc pas de désamour et Trump compte bien être réélu en novembre 2020…