La dernière journée de notre périple clionautique sur les terres de l’Herault fut décidément l’une des plus fécondes pour l’imaginaire et la découverte des cités illustres de la région. Au cours de celle-ci la délégation des Clionautes put partir à la découverte ou la redécouverte de la cité de Béziers, à la fois haut lieu de l’histoire de notre association et plus vieille cité de France hexagonale.

Cet article se propose de revenir sur cette déambulation au gré des rues pavées et des artères que nous avons pu arpenter pendant quelques heures.

 

I, Béziers : plus vieille cité de France 

Vue sur l’Orb et le moulin Cordier depuis l’esplanade de la cathédrale Saint Nazaire

Cette information pourrait prêter à l’étonnement, tant la croyance en l’ancienneté de Marseille est répandue. Pourtant Béziers abrite les plus anciennes traces d’implantation en France métropolitaine. Les fouilles archéologiques menées depuis les années 1980 ont ainsi mis au jour les traces d’une implantation grecque au niveau de l’acropole de la ville  située sur la colline Saint Jacques où s’élève aujourd’hui l’église du même nom au cours du VIIeme siècle avant notre ère, soit quelques dizaines d’années avant l’arrivée des phocéens à Massalia. Cette implantation est stratégique pour les grecs d’alors. En effet la ville est bâtie sur une position facilement défendable et offrant une vue dégagée sur les terres environnantes. Au pied de l’acropole et donc de la ville actuelle coule l’Orb. Ce fleuve côtier est ainsi nommé en raison de la forte présence d’or en son lit, ce qui fit l’objet d’une exploitation ancienne et intense de l’homme. 

L’Orb offrit alors aux biterrois une voie d’eau navigable et une source pour la consommation courante. Les difficultés d’accès aux bords du fleuve, et notamment le dénivelé important entre l’acropole et les bords de l’Orb furent réglés au XIXeme siècle par l’installation du moulin Cordier sur lequel un article fut consacré.

 

L’histoire de la cité se poursuivit tout au long  de l’âge du fer d’abord, puis de la période antique. Lieu central du commerce d’alors, Baeterrae perd sa centralisé au profit de Narbonne au cours du premier siècle avant notre ère. La ville n’en demeure pas moins un carrefour majeur du commerce en Narbonnaise et dans le sud des Gaules. Cette position stratégique expliquera les âpres conflits pour en prendre le contrôle au cours du lent déclin de l’empire romain et tout au long du Moyen Age.

Vestiges des arènes romaines de Béziers

 

 

Les principaux vestiges de la cité biterroise antiques ont été découverts au cours de fouilles menées dans le coeur de la ville au XIXème siècle. Celles-ci permirent de mettre au jour les vestiges des arènes de la ville. d’une capacité maximale de 13000 places, les arènes de Béziers étaient alors gigantesques pour l’époque et la région.

 

 

 

Vestiges de la porte du Tourventouse

 

 

 

De cette période mouvementée la ville a conservé les traces des anciens remparts, notamment dans les tracés de ses rues et artères. Depuis les jardins de la plantade nous parcourons l’avenue Valentin Duc puis l’avenue de la Tourventouse tracée sur les anciens murs de la cité biterroise. De ceux-ci, il ne reste que très peu de traces en dehors des piliers qui barrent l’extrémité de la rue Tourventouse et qui s’appuient sur les bâtiments du Lycée Henri IV. Le nom du lieu ne doit rien au hasard : nous nous situons alors sur le point le plus venteux de la ville, ce que nous constatons aisément en partant à la poursuite des casquettes et chapeaux qui nous abandonnèrent à la première forte bourrasque. 

 

 

 

 

 

Façade de la cathédrale Saint Nazaire de Béziers

 

Poursuivant notre parcours dans les rues de  la ville nous découvrons l’esplanade de la cathédrale Saint Nazaire de laquelle un point de vue superbe s’offre à nous, en direction de la montagne noire dont l’enfant du pays Pierre-Paul Riquet détournera les eaux pour le percement du canal du midi dont nous apercevons également les travaux non loin de la ville, notamment le point des neuf écluses emblématiques de la cité. Cette esplanade témoigne du rôle clé tenu par la cité au cours du Moyen-Age, devenue chef lieu du comté en plus d’y abriter l’évêché depuis le Vème siècle (titre que la ville perdra au profit de Montpellier en 1877).

La cathédrale Saint Nazaire absorbe notre attention quelques minutes où nous prenons le temps de découvrir le bâtiment. La cathédrale fut bâtie sur une ancienne église romane sur une période de deux siècles (XIIIème-XVème) et offre une parfaite illustration du style gothique méridional caractérisé par son architecture défensif. 

 

 

 

La ville de Béziers fut évangélisée selon les légendes par Saint Aphrodise dont la ville garde trace à divers endroits à travers des mascarons et des dalles scellées dans le sol. Saint Aphrodise serait venu d’Égypte à dos de chameau pour évangéliser la cité et en devenir, au premier siècle, le premier évêque. Son activité missionnaire aurait attiré les foudres des autorités romaines qui le condamnèrent à mort par décapitation et jetèrent sa tête dans un puit. Celle-ci serait alors miraculeusement ressortie pour être ramassée par le corps du saint qui traversa la ville jusqu’au lieu de sa sépulture. 

Le souvenir du saint et de sa légende perdure dans la ville via une procession tous les 28 avril au cours de laquelle « Lou camel », le chameau de Saint Aphrodise, est promené en ville. 

Médaille scellé dans les pavées de la ville et représentant « Lou Camel », le chameau de Saint Aphrodise.
Statue de Saint Aphrodise

 

 

 

 

 

 

II, Splendeur et renouveau d’une vieille ville ?

La cité de Béziers a connu son âge d’or au coeur du XIXème siècle. Celle-ci profite alors du commerce florissant du vin en direction des autres régions de France et même à l’international. De cette richesse immense témoignent encore quelques belles propriétés bâties par les grands viticulteurs du biterrois, que cela soit dans Béziers même comme dans l’arrière-pays (notamment Cazouls-les-Béziers).  

Architecture haussmannienne largement visible dans les quartiers centraux de la ville.

 

 

 

Cette richesse et opulence transparaissent dans les rues centrales de la ville. Les vieilles rues médiévales ont laissé place à de larges avenues percées, de type haussmanien, sous le mandat d’Alphonse Mass, ancien maire de Béziers à cheval sur le XIXème et le XXème siècle. 

 

 

Mascaron des grandes avenues biterroises

 

 

Autre particularité architecturale héritée de la période faste de la ville : la présence de nombreux mascarons aux façades des édifices. Parmi ceux-ci, de nombreux symboles maçonniques reviennent, notamment la ruche. La ville devient alors une des grandes villes maçonniques de France, avec encore à l’heure actuelle 4 loges en activité.   

Notre pérégrination nous mène aux allées Paul Riquet et à la place du théâtre municipal de Béziers, chef d’oeuvre du XIXème bâti sur le modèle des théâtres italiens et témoin de la richesse de la ville d’alors. Au coeur de ce quartier s’implante la bourgeoisie biterroise au XIXème siècle, constituée autour du commerce du vin, de la banque ou de l’industrie naissante dans la région. Nous ne nous arrêterons que peu à cet endroit et vous renvoyons à l’article de notre camarade Aude pour en apprendre davantage sur cet espace. 

 

 

 

 

La richesse de la ville, bâtie sur le négoce du vin et de l’industrie locale, décline à la suite de la seconde guerre mondiale, au profit de Montpellier la surdouée, devenue le pôle économique majeur de l’Hérault à partir des années 1970/1980. Le phénomène de paupérisation s’accélère avec l’accueil massive des pieds noirs au cours de la décennie 1960. Ceci se ressent dans l’habitat du centre-ville dégradé, et par les locaux commerciaux vides de plus en plus nombreux. La municipalité actuelle tente de lutter contre ce phénomène et de réaménager le centre-ville par sa politique fiscale (rachat des galeries Lafayette par la municipalité qui loue les bâtiments), par le ravalement des façades d’immeubles délabrés, l’utilisation de trompe l’oeil sur les locaux vides ou encore en investissant dans la sécurité municipale. En témoignent les nombreux chantiers de rénovation qui jalonnent les rues du centre-ville.  

 

Le parcours au coeur de la ville prend fin aux portes du cimetière vieux, objet d’autres articles.

Trompe l’oeil apposé sur les façades dans un objectif d’embellissement de l’espace du centre-ville.
Immeuble faisant l’objet d’un projet de réhabilitation et s’inscrivant dans la dynamique municipale de redynamisation du centre-ville.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Vous pouvez poursuivre la découverte de la région de Montpellier en consultant les autres articles de l’équipe de Montpellier 2021.