Une approche inédite de l’antisémitisme : quelle place dans la vie politique française aujourd’hui ? Alors que la question de l’antisémitisme reste prégnante au sein de notre société et suscite débats, interrogations et inquiétudes, alors que le discours de certains partis et personnalités politiques reste encore parfois ambigu à l’égard des Juifs et même si la bibliographie sur l’histoire de ce discours est riche, il n’existe à ce jour aucun ouvrage proposant une synthèse sur la place de l’antisémitisme dans la vie politique française.

Les auteurs offrent ici une réflexion transversale proposant un éclairage sur l’antisémitisme contemporain au sein des partis et courants politiques. Il y est considéré sous toutes ses formes : le  » complot juif « , la négation de la Shoah, les tentatives de réécriture de l’histoire, l' » antisionisme « , etc. Cet ouvrage permettra de répondre à plusieurs questions essentielles : quelle est la place de l’antisémitisme dans la vie politique française depuis la fin des années 1960 ? L’antisémitisme touche-t-il tous les partis ou est-il circonscrit à quelques-uns ? La vie politique française est-elle davantage sensible aux sirènes de l’antisémitisme lorsque des évènements spécifiques concernent les Juifs et plus particulièrement l’Etat d’Israël ? L’antisémitisme est-il utilisé de manière opportuniste ou est-il structurel ?

Les auteurs

Alexandre Bande est agrégé d’histoire et docteur. Il enseigne en CPGE littéraires et à Sciences-Po Saint-Germain-en-Laye. Il travaille sur les questions d’articulation entre histoire et mémoire des génocides et des conflits contemporains.

Pierre-Jérôme Biscarat est historien. Ancien responsable pédagogique de la Maison d’Izieu et membre de la commission enseignement de la Fondation pour la mémoire de la Shoah ainsi que des conseils scientifiques du Mémorial de Caen et du musée de la Résistance et de la Déportation de l’Ain.

Rudy Reichstadt est politologue, écrivain et journaliste. Il est membre de l’Observatoire des radicalités politiques pour la fondation Jean Jaurès et fondateur du ConspiracyWatch.info, observatoire du conspirationnisme et des théories du complot. Il est l’auteur de L’Opium des imbéciles et Au coeur du complot.

Le compte-rendu des Clionautes sur la Cliothèque. 

Une échappée politique bienvenue après la Nouvelle histoire de la Shoah

Alexandre Bande et Pierre-Jérôme Biscarat avait déjà dirigé (avec Olivier Lalieu) la très remarquée Nouvelle histoire de la Shoah (Passé composés, 2021) et c’est heureux qu’ils investissent aujourd’hui le terrain plus politique de l’antisémitisme, qui plus est après le rebond de la question israélo-palestinienne consécutif aux attaques terroristes du 07 octobre 2023. Le livre comble un manque plus d’une fois ressenti par l’enseignant au moment des cours dédiés à la mémoire de la Shoah, passage hier incontournable des programmes de Terminale, aujourd’hui surtout abordé en spécialité.

Une équipe d’auteurs renouvelée pour une approche par famille politique

La tonalité particulière de l’ouvrage a bien évidemment obligé à renouveler l’équipe d’auteurs de la Nouvelle Histoire. Hormis le maintien de Valérie Igounet, spécialiste de l’extrême-droite et qui a beaucoup écrit sur le négationnisme, Pierre-Jérôme Biscarat et Alexandre Bande se sont adjoints l’expertise d’historiens politiques, notamment Jean Garrigues pour un chapitre sur le centre-droit, du politiste Jean-Yves Camus (Fondation Jean Jaurès) et l’appui de journalistes comme Guy Konopnicki pour le PCF ou Laurent-David Samana pour l’extrême-gauche.

Après un premier chapitre général sur les différents âges et visages de l’antisémitisme (Alexandre Bande), le livre propose un tour d’horizon politique de l’extrême-droite à l’extrême-gauche et termine par un  chapitre sur les Gilets jaunes (Rudy Reichstadt)

Il convenait de prendre acte du fait que, si l’hostilité aux Juifs est l’un des démons de la droite nationaliste française depuis près d’un siècle et demi – une tentation à laquelle elle cède plus souvent qu’à son tour-, la passion antijuive est loin d’être introuvable dans les rangs d’une gauche qui, depuis l’affaire Dreyfus, s’est pourtant en partie construite sur le rejet sans équivoque – sinon toujours en actes, du moins en discours – de l’antisémitisme.

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