Le décès de Brigitte Bardot ce 28 décembre rappelle avec force la place que BB a occupée dans la culture globale, et chacun retiendra ce qu’il souhaitera de cette personnalité controversée : l’actrice emblématique de la Nouvelle Vague, traquée comme personne par les paparazzi bien avant Lady Diana et Britney Spears, la femme publique qui a assumé son rejet de la maternité, le sex-symbol, la muse de Gainsbourg, la lutte en faveur de la cause animale, des prises de position très très réactionnaires (donc racistes) qui lui valurent plusieurs condamnations au pénal … mais qu’en est-t-il de l’héritage de Bardot dans la pop culture ?
Autant le dire d’emblée, il reste en lui-même limité, sans doute à cause de son côté sulfureux et de certaines de ses déclarations rendant délicate une inspiration directe et clairement revendiquée. Mais peut-on ne pas parler de BB dans la culture populaire ? Non.
BB une source d’inspiration pour les artistes ?
Bardot fut par-dessus tout une référence se suffisant à elle-même comme en témoignent la chanson et le cinéma. À ce titre, le film Le Pistonné (1970) avec Jean-Pierre Marielle, Guy Bedos et Coluche (entre autres) offre une scène explicite de l’émoi que pouvait susciter le nom seul de BB sans qu’elle ait besoin de se montrer !
Côté musical, l’un des titres les plus connus est certainement celui de Dario Moreno, sorti en 1961. Chanson brésilienne à l’origine composée par Miguel Gustavo et écrite et enregistrée en 1960 par Jorge Veiga, en hommage à Brigitte Bardot. C’est avant tout sa version française par Dario Moreno qui connait un succès populaire.
Concernant la BD franco-belge, le genre a connu clairement un avant et un après BB, avec la création du personnage de Barbarella par Jean-Claude Forest en 1962. A cette époque, les dessinateurs sont sous la surveillance de la Commission de contrôle et de surveillance des publications destinées à la jeunesse, qui assimile toute figure féminine à une source potentielle d’émoi érotique, d’où la relative absence de figure féminine forte et sexy. L’autocensure règne donc au sein des illustrés. C’est donc naturellement que le personnage de Barbarella ne fait pas ses débuts dans Spirou ou Pif magazine mais dans V Magazine, un magazine dit « de charme », destiné avant tout à un public d’adultes.
L’influence de Bardot s’étend indirectement au personnage de Jane Royal dans Cobra, de Buichi Terasawa, mais Jane Royal reste davantage inspirée par la Barbarella incarnée par Jane Fonda à l’écran (et non par Bardot), le film étant sorti au Japon en 1974.
Finalement, peu de personnages féminins de fiction sont, par la suite, directement inspirés par BB, sans doute à cause de son caractère beaucoup trop sexualisé et unique. On pourrait reconnaitre sa silhouette comme dans cette mise en image de Natacha, héroïne de BD blonde et libre, créée par François Walthéry mais cette héroïne fut plutôt inspirée par Mireille Darc et Dany Carrel.

L’une des exceptions notable reste la présence de Bardot dans Les 12 travaux d’Astérix, filmm d’animation sorti en 1976, où elle prête ses traits à la déesse de l’amour et de la beauté, Vénus, démontrant par là même le caractère définitivement sexualisé de son image.

La Marianne Bardot
En fait, c’est finalement Bardot directement qui est recherchée par les artistes, comme en témoigne le choix du sculpteur Aslan de donner à Marianne les traits de Brigitte Bardot. Plébiscitée par les Français, cette dernière devient la première personnalité médiatique à incarner Marianne à la fin des années 60 et à s’imposer dans les mairies, Catherine Deneuve suivra quelques années plus tard.

Une source d’inspiration visuelle pour les artistes des années 90-2000
Plus généralement ce sont des silhouettes et des profils qu’elle a inspiré à toutes les icônes de la culture pop et elles sont légion à lui avoir emprunté un certain nombre de ses codes visuels, souvent aidées par un physique proche de celui de BB : Vanessa Paradis en est un parfait exemple, comme en attestent les très nombreuses comparaisons possibles.
Nous retrouvons également Pamela Anderson actrice emblématique d’Alerte à Malibu, dont Bardot dira plus tard qu’elle est sa fille spirituelle.
Madonna véritable caméléon artistique, s’en inspire à plusieurs reprises que ce soit lors d’un shooting photo, ou, plus évident, pour le clip de Turn up the radio sorti en 2012. L’histoire veut, d’ailleurs, que Madonna ait cherché à adapter les mémoires de BB au cinéma, en vain, BB ayant posé son véto (la raison ? Madonna a le tort de porter de la fourrure !).

L’artiste ayant certainement le plus assumé une inspiration de Bardot est la chanteuse pop australienne Kylie Minogue avec son album Body Language sorti en 2003, pour lequel elle apparaît totalement bardot-isée lors des séances photos accompagnant l’album. Bouche redessinée, brushing stylisé, eye-liner prononcé silhouette dessinée, plage et moto : tous les codes visuels sont là grâce à la direction artistique voulue et signée par le duo de photographes Mert Alas et Marcus Piggott, qui vouent un véritable culte esthétique à BB, quitte à la confondre avec le style pornochic.
La publicité et Bardot
Il n’est donc pas étonnant de retrouver le « style Bardot » dans un certain nombre de campagnes publicitaires qui ont fait date, le monde de la mode étant certainement celui qui s’est le plus approprié le « style Bardot » : ballerines, imprimés vichy, bandeau dans les cheveux, marinière portée avec un pantacourt … autant d’accessoires et de vêtements qu’elle a contribué à démocratiser et qui sont devenus des intemporels de la garde-robe féminine.
La campagne la plus mémorable reste certainement celle de la marque Guess, en 1989 où Claudia Schiffer est photographiée et mise en scène par la photographe allemande Ellen von Unwerth, cette dernière jouant de la ressemblance entre le mannequin et BB ouvertement.

Bien sûr, de son vivant, Bardot a été largement célébrée et parodiée. L’une des dernières à s’être fait remarquer est celles des marmottes de France 3. Le phénomène des marmottes a commencé en juin 2015, lorsque, sous l’impulsion de Laurent Sauvage, France 3 décide d’habiller ses jingles et autres génériques publicitaires avec des animaux. Créées par le studio Dream On, très vite les marmottes s’imposent et ne tardent pas à trouver un succès international grâce aux relais effectués (notamment par une autre vedette de la pop culture Alyssa Milano). Pour l’occasion, les créateurs se sont livrés à une parodie de la scène mythique du « Mépris », film emblématique de BB, comme un clin d’œil à sa passion pour les animaux, mais aussi à son image hypersexualisée.









