Il n’aura échappé à aucun enseignant que, dès lundi prochain, pour faire suite à l’annonce du 12 mars du président de la République, les cours seront suspendus. Cette situation, inédite en temps de paix, répond à une crise sanitaire qui, depuis plusieurs jours, a tourné à la panique générale. Si, avec les éléments d’information qui circulent, nous restons circonspects quant à la qualification de cette épidémie de « plus grave crise sanitaire depuis un siècle », nous comprenons parfaitement les intentions des mesures annoncées. En tant que fonctionnaires de la République et professionnels de l’enseignement, nous ne pouvons que nous associer à l’effort commun dans l’endiguement de la maladie.

Déjà, des réunions dans les établissements ont eu lieu dans tout le territoire et d’autres se tiendront la semaine prochaine. À moins de situations locales particulières, le ton de ces réunions est globalement constructif. Personne n’attend que nous nous transformions en YouTubeurs en un week-end ou que nous pointions devant un écran pour animer une classe virtuelle dès 8h00 lundi. Dans l’immense majorité des cas, les établissements ne sont de toute façon pas prêts et, même si nous sommes plusieurs à avoir mené ça et là des expérimentations d’enseignement à distance, assurer l’intégralité de notre service sous cette forme réclamera forcément un temps de formation, et d’adaptation. Plusieurs réunions soulignaient vendredi la nécessité d’utiliser les ENT et autres logiciels de saisie des notes. C’est indispensable effectivement mais encore faut-il que les serveurs suivent, tout comme les multiples applications pédagogiques parallèles ainsi que les services des rectorats.

Ajoutons également qu’une bonne partie du succès du suivi des élèves reposera sur les ressources matérielles des enseignants, ressources financées par eux-mêmes et avec des traitements plus que déclinants. Or, s’il est à peu près acquis que nous avons tous un ordinateur, nous n’avons pas forcément de webcam et nous ne sommes pas tous forcément bien lotis au rayon des connexions.

Par ailleurs, nos propres élèves ne sont eux-mêmes ni nécessairement équipés, ni particulièrement soucieux de jouer le jeu sur la durée. Dans l’affaire, en tant qu’enseignants, nous ne serons donc qu’un rouage parmi d’autres de la « continuité pédagogique » et espérons bien, qu’au moment du bilan, le climat d’unité que nous observons aujourd’hui ne se retournera pas contre nous. Il sera alors plus que temps de réfléchir au moyen de compenser les efforts financiers consentis pour l’exercice du service public.

En tant qu’association née de la révolution Internet, nous sommes particulièrement conscients des enjeux matériels et pédagogiques du tout-numérique. Cette crise sanitaire sera d’ailleurs très certainement l’occasion d’un état des lieux des services académiques et des dispositifs proposés par les collectivités territoriales. (Tablettes ou ordinateurs). Nous ne sommes clairement pas tous logés à la même enseigne.

La couverture nationale de notre association trouve aussi sa vertu dans ce genre de situations : nous pouvons comparer et communiquer ce qui nous semble relever de bonnes pratiques à toute autorité institutionnelle qui le réclame.

Plus concrètement, notre association accompagne les collègues dans les temps ordinaires, elle est aussi présente dans les temps extraordinaires.

Nous ferons de notre mieux pour produire des séquences adaptées à l’enseignement à distance. Dans cette tâche, nous comptons sur le soutien de chaque adhérent. Nous comptons sur vous pour apporter votre pierre à l’édifice. Toutes les propositions sont les bienvenues, sur les supports de votre choix, du plus classique au plus original.

Enfin, nous souhaitons un prompt rétablissement à nos collègues qui sont touchés par la maladie ou qui ont un de leurs proches malade.

Bon courage à toutes et tous pour les semaines à venir.

Le Comité éditorial des Clionautes