La frontière est un thème central de la trajectoire des états nés de la décolonisation.

Mais la frontière est une réalité complexe, la prolifération des irrédentismes est très liée à la faiblesse des états, leur incapacité à contrôler leur territoire. D’autre part on constate que la déstabilisation d’un état entraîne l’instabilité du voisin.

Le Constat
Après un bref rappel historique de la naissance des frontières depuis la conférence de Berlin, l’exposé met en lumière la double vision de la frontière: une vieille vision pré-coloniale zonale face à la conception coloniale linéaire. Erick SOURNA LOUMTOUANG développe l’idée de l’artificialité de la frontière et pas seulement en Afrique, la ligne correspond aux intérêts de celui qui la trace.

Depuis 1964 les frontières ont été déclarées intangibles, elles sont devenues des tracés appropriés par les populations mais leur existence sur la carte est rarement marquée sur le terrain ce qui favorise les mobilités.

Les conflits naissent de leur délimitation approximative qui favorise les transgressions par les populations suivies par les administrations comme le montre l’exemple de la péninsule de Bakassi (Cameroun/Nigéria). voir http://www.jeuneafrique.com/Article/ARTJAWEB20130814145154/ et pour aller plus loin [http://www.cairn.info/revue-ecologie-et-politique-2007-1-page-93.htm->http://www.cairn.info/revue-ecologie-et-politique-2007-1-page-93.htm]

D’autres causes de conflits existent, de dimension idéologique, la zone frontalière d’auto-régule dans une sorte d' »îlot » coupé du pouvoir central d’autant que la présence étatique y est faible, peu ou pas de services de base, sentiment de marginalisation (Nord Nigeria, Nord Mali).


Auteur : Oasis Kodila Tedika [http://tchadonline.com/index.php/afrique-pourquoi-tant-de-commerce-informel-transfrontalier/->http://tchadonline.com/index.php/afrique-pourquoi-tant-de-commerce-informel-transfrontalier/]

L’exposé aborde ensuite la dimension économique de la gestion des frontières à travers l’exemple du Cameroun, la frontière perçue comme une ressource pour une économie parallèle et peu présente dans les politiques d’aménagement de l’état.

Les conséquences :
Des conséquences politico-institutionnelles: la contestation du monopole de l’État sur son territoire par des groupes irrédentistes qui entraîne une fragilisation de l’état (Boko Haram).

Des conséquences économiques : des espaces souvent riches en ressources naturelles, ce qui favorise la rébellion. (Nord Kivu, delta du Niger)
L’insécurité fait alors reculer les investisseurs étrangers.

Des conséquences sociales (pertes en vies humaines) et patrimoniales (destruction de Tombouctou).

Des solutions?
Il y a une nécessité à matérialiser les frontières qui ne le sont pas soit sans doute encore le tiers des tracés.
Concevoir la sécurité d’une nouvelle manière, qui ne soit pas seulement militaire mais intègre une approche globale et en particulier la lutte contre la pauvreté.
Rendre plus performant les mécanismes de sécurité politique au niveau transnational, une sécurité collective régionale (par exemple ce qui se passe aujourd’hui Nigéria/Cameroun/Niger/Tchad) et continentale.

La conclusion porte sur l’importance du développement des périphéries sans peur réelle d’un redécoupage des états.

Questions de la salle :
Est-ce que la carte de l’Afrique pourrait évoluer?
Une demande sur l’effet domino de déstabilisation et la gestion des « îlots ».
Quelle coopération étatique possible dans la lutte contre la faim?
Est-ce envisageable d’imaginer une Union Africaine comme l’Union Européenne, des États-Unis d’Afrique?
Et si on revenait aux grands empires pré-coloniaux?